L'asthme traduit le plus souvent un vécu oppressant et le sujet qui en souffre semble avoir des difficultés à gérer l'assaut des émotions qui le submergent. La crise d'asthme se déclenche lorsque le sujet éprouve une angoisse extrême, angoisse qui semble être suscitée par un événement menaçant présent, mais qui peut rappeler une situation de danger ancienne, déjà vécue et particulièrement oppressante. L'asthme apparaît être un symptôme qui pourrait traduire l'échec du refoulement ou ce qui peut être provoqué par un retour du refoulé. « La source de frayeur... est le familier de jadis que le refoulement a rendu méconnaissable et qui, derechef, fait irruption : souvenir au-delà de tout souvenir. » La crise d'asthme semble donc être liée à un événement important vécu antérieurement par le sujet et la transformation de l'angoisse ressentie en ce symptôme somatique a, à priori, une forte valeur symbolique. L'asthme semble être là, en effet, pour faire ressurgir un événement vécu au préalable par le sujet et dont l'éprouvé semble avoir été particulièrement intense voire dramatique : deuils, problèmes relationnels, traumatismes physiques ou psychiques, chocs affectifs plus ou moins humiliants. L'émotion pourrait être seule en cause pour expliquer l'asthme mais il semble qu'elle soit néanmoins assez souvent combinée à des facteurs pré-disposants. L'émotion pourrait alors être considérée comme un élément déclenchant ou déclencheur de la crise d'asthme chez certains sujets présentant un terrain favorable à ce type de somatisation du fait d'une fragilité organique pré-existante ou en raison d'une certaine sensibilisation de type allergique. Par ailleurs, ces facteurs personnels qui sont à priori d'ordre génétique, interagissent avec des facteurs environnementaux, tels que le tabagisme, les différentes expositions professionnelles plus ou moins nocives à certains produits, la pollution atmosphérique... Néanmoins, tous ces facteurs, que l'on pourrait qualifier d'« extrinsèques » n'excluent pas la participation de facteurs plus intrinsèques au sujet (...)
[...] Lorsque l'enfant ne peut plus supporter l'emprise de sa mère mais qu'il ne parvient néanmoins pas à s'en extraire, du fait du caractère intolérable pour lui de son ressenti, une sensation d'étouffement peut se manifester en lui : face à un tel fantasme destructeur, le sujet peut n'avoir qu'une porte de sortie celle de s'exprimer au travers de son corps, par le biais du symptôme somatique que représente l'asthme. Alice Miller évoque à ce titre ce qu'elle nomme l'abus narcissique pouvant être commis par une mère sur son enfant et qui peut avoir des conséquences dramatiques. En effet, à force de trop aimer son enfant, une mère peut en arriver à le détruire, à l'étouffer. [...]
[...] Mais le poids qu'il doit supporter est bien lourd pour un enfant, et il peut suffoquer et manquer de souffle. La crise d'asthme peut également représenter pour le sujet ce qui va permettre d'attirer l'attention sur lui, lorsqu'il se sent par exemple peu pris en compte par son entourage ou lorsqu'il ressent encore des difficultés à se séparer de l'autre et que la distinction entre le sujet et l'objet n'est pas encore stable et peut susciter de l'angoisse. En effet, le patient asthmatique pourrait exprimer par le biais de ses symptômes un besoin de retour à la Mère, et de façon plus globale un désir que l'on s'occupe spécifiquement de lui. [...]
[...] Mazet, P.U.F D. Anzieu, Le moi peau, DUNOD, Paris Dr J. Caïn, Le symptôme psycho-somatique, Privat J. Mc Dougall, Théâtres du corps, Gallimard Folio essais P. Marty, la relation objectale allergique in Revue française de psychanalyse, Paris, P.U.F XXII . P.Marty, La relation objectale essentielle in Revue française de psychosomatique, P.U.F., 2006/1-n°29. S. Ali, Corps réel, corps imaginaire, DUNOD, Paris p Dr J. [...]
[...] Angel, P. Mazet, P.U.F p J. Mc Dougall, Théâtres du corps, Gallimard Folio essais p S. Ali, Corps réel, corps imaginaire, DUNOD, Paris p Dr J. Caïn, Le symptôme psycho-somatique, Privat p. 81. [...]
[...] L'aspect symbolique de la crise d'asthme serait alors, dans ce cas, la perte des objets liant le sujet à une mère absente ou rejetante pendant son enfance et l'attaque asthmatique comme un cri réprimé vers la mère, élément de répression émotionnelle».[11] Les dynamiques familiales ont donc à priori une influence non négligeable sur l'apparition de l'asthme et des modes relationnels redondants et particulièrement dysfonctionnels au sein de la cellule familiale semblent être mis en cause pour tenter d'expliciter le pourquoi de cette somatisation spécifique. Il semble donc qu'un sujet particulièrement fragile au niveau des bronches, et présentant par ailleurs une certaine sensibilité aux allergènes, aura d'autant plus de chances de présenter un asthme si les sentiments qu'il éprouve à l'égard de ses proches, de ses parents notamment, sont empreints d'ambivalence. Bibliographie . S. Ali, Corps réel, corps imaginaire, DUNOD, Paris C. Antoine, L. Onnis, Psychosomatique et thérapie familiale in Guérir les souffrances familiales, de P. Angel, P. [...]
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