L'attitude des différentes personnes paraît varier lorsque que l'on intègre un groupe ou un autre. Les groupes que je fréquente habituellement sont composés d'individus de mon âge (environ vingt ans), avec lesquels j'ai des activités sportives, culturelles ou musicales pour la plupart du temps.
Or ai-je été « intégrée » dans un nouveau groupe aux activités totalement différentes des miennes, et pour le moins quelques peu surprenantes quand on y regarde de plus près. Ce groupe, composé essentiellement des collègues d'un ami, se retrouve dans le but de fumer du cannabis. La question n'est pas de savoir si cela est bien ou non, mais plutôt d'observer et peut-être de comprendre l'attitude de ces jeunes adultes, n'ayant d'autre activité ou buts dans un groupe que de partager leur drogue, sans émettre l'hypothèse de faire autre chose. La raison qui m'a poussé à faire une observation sur ces personnes est la même qui m'a poussée à tenter de comprendre pourquoi ils refusaient souvent de faire autre chose à la place, ou même à un autre moment.
Ainsi ai-je suivi pendant quelques semaines ce groupe à intervalle régulier, tout en tentant d'observer le comportement de chaque individu par rapport aux autres membres du groupe, ainsi que l'influence potentielle de certaines personnes sur d'autres. Les questions qui ont guidées mon observation se basent toutes sur les raisons de cette activité passive, l'existence de chacun à l'extérieur du groupe (par la discussion), et évidemment, le comportement des uns par rapport aux autres. J'ai aussi essayé de comprendre si ils en tiraient une quelconque satisfaction ou au contraire si ce n'était pas un moyen pour fuire les réalités.
Quoi qu'il en soit, cette observation m'a beaucoup appris sur la diversité des personnes d'une même génération, du point de vue des idéaux, des volontés, ambitions et refus. Il est aussi nécessaire de préciser que les personnes observées sont issues des classes moyennes tout comme je le suis. Ainsi, l'observation ne pourra s'orienter vers la théorie « habituelle » : le manque d'intérêt de la société pour ceux que nous appellerons communément les « fumeurs » étant pour beaucoup le phénomène déclanchant, les jeunes voulant attirer l'attention et se rebeller. Je n'ai pu observer ce genre de réaction au travers du groupe auquel j'ai été mêlée.
Les lieux où il m'a été permis rencontrer ce groupe étaient toujours en extérieur ou presque. Le groupe a « ses » lieux, variant de la forêt à un banc public, à l'abri des regards. Les quelques dix personnes qui le composent se retrouvent là aussi souvent que possible, surtout en fin d'après-midi ou le soir [...]
[...] Cette mise en difficulté est une mise en difficulté volontaire, dans la mesure où j'ai emmené délibérément quelques individus du groupe dont je fais partie à une soirée dans la ville du premier groupe. Il est important de préciser que deux personnes dans celui-ci fument du cannabis occasionnellement. Le groupe, comme pour moi, n'a tout d'abord pas réagi à la présence d'autres personnes. Ils n'ont pas posé de questions. La soirée, pour eux, s'est déroulée comme d'habitude, avec la substance. Ils ont invité les deux personnes de mon groupe qui fumaient à partager leurs joints et se sont désintéressés des autres. [...]
[...] Ainsi, ces deux personnes se sont bien intégrées. Les autres sont restés en marge, à regarder. J'ai pu observer, dès la rencontre des deux groupes, qu'une sorte de distance se créait. Le comportement du groupe étudié s'est légèrement modifié en un comportement plus agressif et défensif Certains individus du groupe se sont mis à faire semblant de se battre, puis ont parlé de choses plus violentes (la réaction agressive d'un des membres du groupe à un problème avec un individu extérieur, la façon de conduire d'un autre, la résistance au cannabis plus forte qu'untel Le groupe s'est manifesté en montrant qu'il pouvait être plus fort que mon groupe, alors que mon groupe n'avait rien commis de provocant ou de menaçant si ce n'est le fait d'avoir une attitude et des occupations différentes. [...]
[...] Il parait fier de ce qu'il fait La soirée se prolonge comme cela jusqu'à ce que l'un ou plusieurs des membres du groupe soit complètement sous l'emprise de la drogue. Alors, le groupe se moque de l'individu, et l'individu lui même est fier, encore une fois, de n'être plus capable de bouger ou de parler correctement, de suivre une conversation. A ce stade de la soirée, plus aucun membre du groupe n'est capable de tenir une conversation ou de faire quelque chose. Ils restent donc tous assis à ne rien faire, en prononçant parfois une phrase anecdotique ou en disant ses impressions. [...]
[...] J'ai donc assisté à une situation naturelle L'observation s'étant étalée sur plusieurs jours, j'ai pu constater différentes réactions à différents évènements entravant le bon déroulement des soirées du groupe, que je décriraient plus tard. Ces mises en difficulté par rapport aux habitudes et attentes du groupe m'ont permis de mieux inférer leurs buts et comportements. Dès le départ, une certaine distance s'est installée entre le groupe et moi. En effet, si je prenais part aux soirées, je ne partageais pas leur activité. [...]
[...] D'autres ont abandonné la faculté en cours d'année. Dans toutes les conversations que j'ai pu avoir ou entendre avec les personnes du groupe hormis Antoine et Philippe, trois réflexions ont été récurrentes : la lassitude vis à vis du système scolaire d'abord puis vis à vis des activités sociales, et enfin le profond attachement au groupe, qui, comme nous le verrons plus tard, pourrait être qualifiée de dépendance Le tout est de savoir si celle-ci est une dépendance au groupe lui-même, ou à ce qu'il apporte, autrement dit le cannabis. [...]
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