L'être humain traverse une période centrale au cours de son développement bio-psycho-social : l'adolescence. Les divers remaniements opérés lors de cette phase, tel que l'accès à une plus grande autonomie, peuvent apparaître difficiles et stressants. L'éloignement d'avec les parents au profit des pairs renforce l'idée de l'importance des amitiés à l'adolescence. La quantité de ces amitiés entretient-elle un lien avec l'estime de soi éprouvée par le jeune ?
Notre étude a pour objectif principal de déterminer s'il y a un lien entre le nombre d'amitiés et l'estime de soi globale à l'adolescence. Nous avons également mesuré l'éventuel lien entre les deux variables des amitiés, qualitative et quantitative. Au vu de recherches antérieures aux résultats parfois contrastés sur les différences liées à l'âge et au genre, nous avons souhaité mettre en relief ces différences potentielles, concernant l'estime de soi globale, le nombre d'amitiés ainsi que leur qualité relationnelle.
Pour ce faire, 246 adolescents répartis en quatre groupes selon le genre et l'âge ont participé à cette recherche. Les données ont été récoltées à l'aide de l'échelle mesurant l'estime de soi de Rosenberg (1969), celle mesurant le nombre d'amitiés de Claes (1983) et celle mesurant la qualité des amitiés de Vignoli et Mallet (2004) adaptée de l'échelle d'Armsden et Greenberg (1987).
Les résultats relèvent pour le groupe des garçons de 17-19 ans une corrélation significative positive entre le nombre d'amitiés, plus précisément d'amis, et l'estime de soi globale. Ils montrent pour le groupe des filles de 17-19 ans une corrélation significative positive entre le nombre d'amis intimes et la qualité relationnelle, elle-même corrélée négativement avec l'estime de soi globale de l'adolescente. Enfin, ils indiquent que globalement les filles ont un score significativement plus élevé de qualité relationnelle que les garçons. Cette différence intersexe étant aussi relevée pour le groupe des 15-17 ans, mais pas pour celui des 17-19 ans.
Des études ultérieures permettraient sans doute de cerner avec plus de précision ses résultats fragmentaires. Il est à noter la faible perception de l'estime de soi globale de l'ensemble des adolescents et contrastant, la perception élevée de la qualité relationnelle des amitiés, soutenant quelque part l'idée répandue de l'importance des pairs à cet âge de la vie (...)
[...] Elles seraient plus actives dans la recherche des contacts, dans le maintien et l'entretien des amitiés, parleraient plus et révèleraient plus leurs émotions et sentiments. Aussi nous retrouvons des fonctions différentes assumées par les relations d'amitié. Pour les femmes par exemple, les amitiés occuperaient des fonctions de proximité. Selon Wright (1982, cité par Claes, 2003) le modèle féminin consisterait à se retrouver face à face pour parler et échanger, alors que pour les hommes cela serait de se retrouver l'un à côté de l'autre pour faire des choses ensemble. Selon Claes et Poirier (1993), ces différences seraient très marquées pendant la période adolescente. [...]
[...] (2004), qui d'une part relève que les garçons rapportent sensiblement une estime de soi globale plus élevée que les filles, de même que des perceptions de compétence plus élevées dans les domaines scolaire, athlétique, et physique. L'insatisfaction relative de l'apparence chez les filles semblerait expliquer, en partie selon ces auteurs, une estime de soi globale moins élevée que chez les garçons. Reprenant les propos de Harter, elles suggèrent sans pouvoir le vérifier que la puberté, arrivant deux ans plus tôt en moyenne chez les filles, aurait pour effet d'éloigner le soi réel des filles de leur soi idéal, alors qu'elle permettrait aux garçons de rapprocher leur soi réel de leur soi idéal. [...]
[...] Ces limites assez sont floues et diffèrent selon qu'elles soient abordées d'un point de vue psychologique, biologique, ou encore socioculturel. Cloutier (2008) propose un bornage situé entre 12 et 18 ans. Il souligne toutefois les nombreuses variations tant sur le plan interindividuel, qu'intra individuel, qu'elles soient cognitives, émotionnelles, ou encore biologiques. Cette période de la vie se distingue par des transformations particulièrement importantes dans l'organisation psychobiologique et la position sociale de la personne. De nombreuses caractéristiques ayant trait à des changements, intenses et divers, chamboulent considérablement le jeune : transformation du corps, apparition sur un nouveau mode des pulsions sexuelles, évolution et affirmation d'une nouvelle identité sociale ne sont que des exemples d'un long processus amenant, dans le meilleur des cas, à une plus grande maturité permettant une accession harmonieuse au monde de l'adulte Selon Marcelli et Braconnier (1999), c'est dans une situation de déséquilibre pouvant se manifester par de multiples symptômes souvent réunis sous l'appellation de crise de l'adolescence que le jeune doit acquérir, en un même temps, le sens de son identité personnelle, la mesure d'imposer aux autres son originalité ainsi que la capacité à s'intégrer au sein de son environnement. [...]
[...] Ils montrent pour le groupe des filles de 17-19 ans une corrélation significative positive entre le nombre d'amis intimes et la qualité relationnelle, elle-même corrélée négativement avec l'estime de soi globale de l'adolescente. Enfin, ils indiquent que globalement les filles ont un score significativement plus élevé de qualité relationnelle que les garçons. Cette différence intersexe étant aussi relevée pour le groupe des 15-17 ans, mais pas pour celui des 17-19 ans. Des études ultérieures permettraient sans doute de cerner avec plus de précision ses résultats fragmentaires. [...]
[...] Il est à noter l'aspect développemental de la hiérarchisation : le soi évolue au cours de l'enfance, s'étend à l'adolescence. Historiquement, un grand nombre d'auteurs ont effectué des travaux ayant pour sujet le concept de soi : James en 1890, Baldwin en 1897, Cooley en 1902, Mead en 1934, Harter en 1983 ou encore Rosenberg avec différentes études de 1965 à 1987. Selon Strayer et al. (2007) la plupart des études modernes s'inscrivent soit dans une vision psychodynamique développementale inspirée des travaux de Jung, Adler et Erikson, soit dans la perspective psychosociale issue des écrits de James, Cooley et Mead. [...]
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