La psychanalyse est une discipline dont le champ d'observation : la psyché humaine a permis un incroyable approfondissement de la connaissance de l'invisible. Son enseignement vient compléter celui de la science contemporaine, en particulier de la physique, pour expliquer le fonctionnement de notre monde. Dans ces deux systèmes, la question qui va se poser va être celle de déterminer la réalité dans l'invisible, encore très peu connu du monde humain en comparaison au monde palpable. Un autre questionnement va venir compléter ce premier : celui de savoir si la psychanalyse peut être axée sur le même modèle que la physique atomique dans son observation de la réalité, ou si son fonctionnement est complètement différent.
[...] Dans ces processus, les mécanismes de défense jouent beaucoup dans la perception de la réalité psychique, du côté de l'analysant comme de l'analysé : le déni, le refoulement ou le clivage, présents dans les différentes structures, vont mettre un voile sur certains évènements de la vie du patient. Le premier s'effectuera en refusant totalement une réalité, substituant celle-ci par une réalité propre au sujet : le délire. Le second mécanisme mentionné, le refoulement, empêche certains éléments de devenir conscients en réprimant une partie de la réalité devenue impossible à investir pulsionnellement. [...]
[...] Un moyen très simple d'expliquer comment les physiciens peuvent observer le réel est de prendre l'exemple d'un fruit que l'on laisserait à l'air libre. Ce fruit, au contact de l'air, change de couleur. Si l'on met sur ce fruit le jus d'un citron, le changement de couleur ne s'effectue pas. Il existe donc quelque chose qui fait changer de couleur le fruit, et une autre qui empêche ce changement de couleur. A partir de la réalité visible, nous parvenons à découvrir quelque chose de non palpable autrement : il y a quelque chose dans le fruit qui réagit avec l'air mais aussi avec le jus du citron. [...]
[...] Cette intuition oriente le sujet vers telle ou telle résolution de la question qui se pose pour décrire la réalité. Il est donc important de reconnaitre la part humaine dans le processus de connaissance de la réalité ; cependant, une fois la réalité entrevue, comment la rendre tangible, irréfutable aux yeux de tous, de manière à ce qu'elle ne soit pas une simple assertion plausible ? Il faut, pour répondre à ce questionnement, s'intéresser à la démarche du scientifique pour mettre à jour la réalité comme vérité. [...]
[...] Il serait fastidieux de dénombrer la totalité des mécanismes en jeu dans la déformation de la réalité mais l'on comprend leur importance dans notre capacité à percevoir, en tant qu'analyste, la réalité de la psyché comme miroir déformant. Ce que nous apporte l'observation de la réalité dans la science contemporaine et plus particulièrement en physique est qu'il n'y a pas qu'une réalité. Ainsi, dans notre travail, inconscient, conscience et préconscient peuvent coexister avec le moi, le ça et le surmoi sans les invalider. De même, les notions de self, de moi-peau, n'altèreront pas la valeur du moi freudien. Elles viennent le compléter, apporter un nouveau pan de la réalité. [...]
[...] En nous référant de nouveau à la définition du Grand Robert de la notion de Réalité nous trouvons la citation suivante, qui vient donner fort à propos un nouvel aspect de celle-ci: La connaissance que nous avons des faits est l'unique raison qui nous porte à croire à leur réalité (France, Histoire comique XIX in le Grand Robert). Nous pouvons en conclure que la réalité des choses est étroitement liée à la prise de conscience de leur existence. Elle passe alors par l'œil et par le langage, rendant à chaque individu le libre arbitre de ce qu'il considère comme réalité : elle est en cela subjective Le Grand Robert reprend ainsi une citation de Flaubert, dans l'Education sentimentale faisant parler le protagoniste : -Laissez-moi tranquille avec votre hideuse réalité ! [...]
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