Le placement familial est l'accueil permanent, de jour comme de nuit, d'un enfant dans une famille. Celle-ci, assure l'ensemble des soins et l'éducation de l'enfant pendant toute la durée de ce placement. Ce dernier est censé apporter une sécurité à l'enfant, un autre cadre et des habitudes différentes de celles qu'il connaissait dans sa famille d'origine. Mais le placement reste malgré tout difficile à gérer pour l'enfant, qui doit alors faire face à des nombreux remaniements psychiques, du fait de son partage entre deux familles: sa famille d'origine et sa famille d'accueil.
Il est bien entendu que chaque placement est singulier, du fait de la problématique propre de l'enfant, mais aussi de la famille d'accueil et de nombreux autres facteurs. Cependant, nous pouvons retrouver des points communs dans une grande majorité d'entre eux. Ainsi, nous essayerons de comprendre comment l'enfant placé en famille d'accueil se construit psychiquement par rapport à son partage entre deux familles.
Afin de répondre à notre problématique, nous commencerons par expliquer les motifs d'un placement, au niveau juridique et administratif, mais également par les défaillances dans la parentalité selon les trois pôles organisateurs des fonctions parentales développés par Philippe JULIEN (2000). Nous questionnerons ensuite la double appartenance familiale de l'enfant placé en famille d'accueil, mettant en jeu l'enfant, avec sa filiation et son affiliation, mais aussi la famille d'accueil. Nous réfléchirons ensuite à la dynamique du placement familial, introduite par Myriam DAVID (1989), que nous articulerons à la notion de roman familial, développée par S. FREUD (1909). Puis, nous discuterons de l'enjeu fondamental du placement familial, qui selon Hervé JAOUL (1991) est un processus de symbolisation.
[...] En effet, la proximité entre l'enfant et l'assistante familiale peut mener cette dernière à négliger ses autres relations et donc à un déséquilibre de la vie familiale. L'assistante familiale peut également ne plus supporter cette relation duelle et ainsi avoir des bouffées d'intolérance face à l'enfant. Le problème de la double appartenance de l'enfant est aussi difficile à gérer. Celui-ci est assez ressourcé par l'amour de sa famille d'accueil pour éprouver à nouveau un sentiment d'appartenance à sa famille d'origine, ce qui le pousse à comparer et confronter les deux familles. [...]
[...] Il est nécessaire de préciser que certains placements échouent à ce moment-là (DAVID, 1989). La famille d'accueil et l'enfant ne réussissent pas à réinvestir des liens en dehors des crises, des disputes et des violences. IV) Processus de symbolisation Défaut de transmission de la Loi familiale "La famille est un creuset dans lequel les divers éléments mis en présence (filiation, génération, sexe) se conjuguent pour mettre en œuvre les lois nécessaires à la production d'un nouvel être libre." (JAOUL 26). Ainsi, la famille permet à l'enfant de se subjectiver, c'est-à-dire de devenir sujet. [...]
[...] L'enfant est en place d'objet de jouissance de ses parents ; lui-même est confiné au silence ou à la jouissance, mais n'est plus ouvert au manque et donc au désir. "Tous les enfants pour qui cette Loi n'est pas énoncée sont captifs, et à toutes les générations" (JAOUL 115). Une fois adultes, ils n'auront pas la capacité d'exercer leurs fonctions parentales et resteront de "grands enfants". Leur statut n'est pas celui d'un sujet parlant. Cependant, le placement familial permet de remédier à ce défaut de Loi structurante. [...]
[...] Mais ce temps, s'il est inévitable, est aussi très fécond, du moins si la famille d'accueil réussit à la gérer, car c'est un temps très difficile à supporter. Cela montre que l'enfant a pu relâcher ses processus défensifs et qu'il est capable de réinvestir ses relations fondamentales. Il laisse à présent apparaître sa problématique interne, liée à son histoire, à la séparation et à son partage entre deux familles. Lorsque l'enfant arrive à ce temps d'effondrement de l'idylle, cela signifie qu'il n'est plus complètement assujetti à sa famille d'accueil. [...]
[...] Les enfants placés, que ce soit en famille d'accueil ou en institution, le sont par la loi, qui interdit que se perpétue le traumatisme et instaure un processus éducatif jusqu'ici défaillant. L'enjeu du placement familial : la symbolisation "La fonction du placement familial consiste en l'instauration d'un espace rigoureux de frustration, un lieu où le sujet apprenne à s'entendre désirer, penser et parler en son nom"(JAOUL 26). Il s'agit donc pour la famille d'accueil de permettre à l'enfant de repérer les lois fondamentales dont nous parlions précédemment. [...]
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