Comment se débarrasser de schémas de pensée qui, bien souvent, nous empoisonnent la vie ? Comment modifier des réactions irrationnelles et inappropriées qui se déclenchent face à certaines situations ? Les Thérapies Cognitivo-Comportementales seraient-elles la réponse ? À l'heure actuelle, ce champ thérapeutique admet des modèles de plus en plus nombreux et variés et rencontre un franc succès. Lors de la séance, le patient est exposé, de façon progressive et répétée, au stimulus déclencheur (un objet, une idée, etc.) de son problème (une addiction, une phobie, etc.). Le but est de dissocier ce stimulus conditionnel (vue d'une araignée) de la réponse anxiogène conditionnée (panique, fuite et cris) : c'est ce que l'on appelle l'extinction. Cependant, n'est-il pas possible que la réponse apprise se manifeste à nouveau après cette extinction ? N'observe-t-on jamais de « rechute » ? C'est évidemment le cas : « il y a une évidence clinique et une évidence expérimentale de la possibilité de rechute » ( Molet, 2006 ). L'extinction ne correspond pas à la disparition de la réponse conditionnelle acquise et il peut se produire ce que l'on appelle un Renewal Effect. C'est ce sur quoi nous allons nous pencher dans cette recherche.
Nos participants vont nous permettre de mettre en évidence ces 3 phénomènes pavloviens déjà introduits : acquisition de l'association entre deux évènements, extinction et Renewal Effect. Lorsque l'acquisition de l'association entre un stimulus X et sa conséquence Y se réalise dans un certain contexte A, et lorsque l'extinction a lieu dans un contexte B, la présentation de X dans le contexte A va entraîner l'activation de la représentation de Y (Renewal Effect) alors que dans le contexte B, cela n'était plus le cas. Nous allons faire en sorte que les sujets de l'expérience associent un médicament à la présence ou non d'effets secondaires, selon le contexte (hôpital A ou hôpital B), fassent disparaître cette acquisition et la ravivent. Si le sujet apprend qu'un médicament a systématiquement entraîné des effets secondaires dans le contexte d'un hôpital particulier, et qu'il n'entraîne plus d'effets secondaires dans le contexte d'un autre hôpital, on attendra qu'il produise des effets secondaires s'il est pris dans le premier contexte alors qu'on le considérait inoffensif dans le deuxième. Il s'agira donc de mesurer les prédictions des sujets, sur une échelle de 0 à 9, quant à la probabilité d'apparition d'effets secondaires. Nous espérons ainsi analyser les conditions d'une extinction, et plus particulièrement le rôle du contexte dans son maintien ou dans l'apparition d'un Renewal Effect, et ainsi poser de nombreuses questions, notamment quant à l'efficacité à long terme des Thérapies Cognitivo-Comportementales (...)
[...] Malheureusement, cette extinction de l'association acquise ne durera pas. Une fois rentré chez moi, une fois que j'aurais repris le travail, l'association initiale réapparaîtra en même temps que réapparaît le contexte dans lequel je l'avais apprise. Probablement que quelques jours d'évasion ne suffisent pas à abolir une réponse reproduite et renforcée depuis de nombreuses années, probablement qu'une extinction plus radicale serait nécessaire. Cela a été testé chez les rats, il ne nous reste plus qu'à imaginer divers moyens de le tester chez l'homme. [...]
[...] Doit-on alors attester de l'inefficacité du processus d'extinction et juger les thérapies comportementales limitées ? N'auraient-elles vraiment qu'une efficacité à court-terme ? Denniston, Chang et Miller ( 2002 en réalisant une étude sur des rats, viennent nuancer ce constat en montrant qu'une extinction massive peut atténue le Renewal Effect : That is, massive extinction treatment attenuated ABA renewal, suggesting that massive extinction enhances generalization of extinction experience across contexts, even when behavioral testing is conducted in the same context as that in which excitatory training was provided ( a condition which ordinarily tends to enhance renewal ) L'extinction, massivement réalisée, fait fi des contextes et se poursuit même dans le contexte dans lequel a été réalisée l'association conditionnelle. [...]
[...] On peut ainsi parler de dépendance contextuelle de l'extinction. Si l'on veut replacer ces résultats dans notre environnement, pensons simplement aux vacances. Nous nous sommes tous dits au moins une fois : Je devrais partir quelques jours, ça me ferait du bien de changer d'air Il semblerait que cette croyance, que l'on pourrait juger à première vue naïve, a de solides bases scientifiques : un changement de contexte modifie nos réactions face à notre environnement. Nombre de personnes vivent dans un contexte stressant : il faut être à l'heure, rendre son rapport à temps, patienter une heure dans les embouteillages, subir les remarques peu encourageantes de son patron, etc. [...]
[...] II.2 La procédure Les sujets sont installés dans une salle de classe. Avant le début de l'expérience, on leur demande de lire la consigne suivante : Sur les diapositives qui vous seront présentées apparaîtra le nom d'un hôpital ( hôpital A ou hôpital B ) ainsi que le nom d'un médicament ( SOBANOL ou TESORAC ) prescrit à des patients fictifs. Votre rôle consiste à observer attentivement à la fois le médicament qui est prescrit et l'hôpital dans lequel il est prescrit, et d'apprendre quelles sont les conséquences de l'ingestion de ce médicament sur les patients. [...]
[...] Serait-il alors impossible de faire disparaître définitivement une réponse conditionnée ? Considérons un individu souffrant d'une addiction à la drogue. Il a 25 ans, vit seul et se sent malheureux : quand il souffre, il fume du cannabis. C'est le contexte de l'acquisition de l'association. Il suit une Thérapie Cognitivo-Comportementale et parvient à stopper sa consommation : il alors 28 ans, une femme et , même lorsqu'il traverse de mauvaises périodes, il n'associe plus son malheur à une prise de drogue. [...]
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