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Le délinquant est celui qui commet un délit, c'est-à-dire une infraction pénale punissable de peines correctionnelles. L'expression de délinquance juvénile désigne l'ensemble des infractions pénales commises par des mineurs de moins de 18 ans. » (Pépin, 1973, p.188). Bien plus qu'un terme juridique, la délinquance juvénile s'inscrit aussi dans le domaine social, touchant majoritairement une population issue de quartiers défavorisés des banlieues.
C'est donc dans un contexte social fragile et difficile que vont se révéler les actes antisociaux de ces adolescents qui, en pleine période d'adolescence doivent se façonner une identité aussi bien individuelle que sociale. On désignera comme acte antisocial les comportements hétéro-agressifs et transgressifs de ces jeunes inadaptés à la société.
De plus, le début d'adolescence s'accompagne généralement d'un début de puberté. L'adolescent doit alors se réapproprier son image physique due aux métamorphoses du développement corporel.
C'est à partir de ce cadre qu'on se pose la question suivante : la violence dans la délinquance à l'adolescence est-elle un moyen d'expression et d'affirmation de soi ? Dans cette interrogation, il est important de noter qu'il y a la violence et la délinquance ainsi que la violence et l'adolescence.
Il s'agit dans un premier temps de mettre en évidence la souffrance dans la violence de l'adolescent puis ainsi d'expliquer l'importance de la bande dans la délinquance juvénile et enfin, il s'agit d'expliquer également que la violence dans la délinquance est un moyen d'exister.
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Devenir adulte, c'est se séparer de son enfance, c'est-à-dire se détacher de la relation de dépendance qui unit parents et enfant.
C'est en ce sens que la séparation avec ses parents apparait alors nécessaire pour l'adolescent quant à l'acquisition d'une autonomie intellectuelle, affective, sociale et économique ainsi qu'à long terme, à l'acquisition de son indépendance.
Bien que l'envie de dépendance apparaisse comme un besoin chez ces jeunes, la séparation entre parents et adolescent est bien plus difficile qu'elle n'y parait.
F. Houssier explique que c'est par le « retrait d'investissement libidinal vis-à-vis des figures parentales » (p. 712) que l'adolescent va pouvoir investir d'autres objets et donc s'ouvrir au monde extérieur. C'est donc sans le modèle de ses parents, sans repères, que l'adolescent va se construire son identité (...)
[...] 292) La bande, une micro société : Les délinquants sont des jeunes antisociaux, en retrait vis-à-vis de la société. Le regroupement en bande permet alors de pallier à leurs besoins de socialisation en formant leur propre société à échelle réduite. C'est parce que dans ces groupes, les jeunes partagent une histoire, des normes, des codes langagiers, vestimentaires ou musicaux, et un territoire communs, qu'on parle de micro société La virilité et l'honneur sont les deux principales valeurs que défendent tous dans les quartiers populaires, sans doute parce que ces jeunes bien qu'antisociaux cherchent à se conformer aux représentations populaires de l'idéal de virilité (Mauger p.32) Le moi groupal : Dans un groupe, chaque membre devient un élément de la totalité [ ] le groupe est alors perçu comme une individualité. [...]
[...] La violence dans la délinquance juvénile comme volonté d'exister : 1. La violence en réponse à une menace identitaire, du mythe à la réalité : Précédemment nous avons parlé du miroir dans lequel se perçoit l'adolescent dans le regard d'autrui. Cette évocation fait directement référence au mythe de Narcisse qui rappelons-le, ne cessait de contempler son reflet dans l'eau jusqu'à ce que cela lui fut fatal. Cet effet miroir à l'adolescence décrit ci-dessus est ce qu'on appelle le narcissisme secondaire. [...]
[...] Conclusion : La violence dans la délinquance à l'adolescence est une question bien plus complexe qu'elle n'y parait. D'une part, il y a la difficulté de se construire sa propre identité sociale et individuelle. C'est lorsque l'individu va sortir de l'enfance que ce processus de construction va s'établir à l'aide d'un support : le groupe, source de référence pour l'adolescent. C'est tout d'abord cette sortie de l'enfance qui va engendrer par un passage à l'acte l'expression de souffrances vécues et actuelles liées à la difficulté de se construire. [...]
[...] Ce facteur va avoir un impact considérable sur le psychisme et le comportement de ces individus car, c'est par la force de leur corps, par la violence, qu'ils vont pouvoir exprimer leur souffrance, et de façon symbolique prendre une revanche sur l'impuissance vécue. La violence serait donc traductrice d'une recherche de prise de pouvoir pour devenir acteur de leur propre vie. F. Marty explique que la violence tournée contre l'autre dans ses formes hétéro agressives, constituent autant de tentatives de prendre le contrôle de la situation, de devenir acteur de ce scénario où tout semble échapper (p. 49). [...]
[...] (2009). Images violentes à l'adolescence. In F. Houssier La violence de l'image (pp.49-69). Paris : In press. - Pépin, L. (1973). La psychologie des adolescents. Toulouse : Privat. - Rochet, T. (2009). Passages par l'acte. In K. Nassikas Le corps dans le langage des adolescents (pp. [...]
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