La maxime de Napoléon Ier « l'infortune est la sage-femme du génie » fait d'évidence référence à la notion de résilience. Elle postule que les événements malheureux, traumatiques qui s'inscrivent dans l'histoire d'une vie peuvent être perçus, quelles qu'en soient les conséquences sur le psychisme en terme de vulnérabilité, comme des éléments à connotation positive, dans le sens où ils invitent l'individu à opérer, seul ou avec l'aide d'un thérapeute, une réparation, une réédification de ses structures cognitives afin de pouvoir surmonter l'adversité, et par là même sortir libéré des chaînes de sa souffrance.
Cet aphorisme amène donc à penser le malheur non pas comme une fatalité menant forcément à la psychopathologie, mais comme une opportunité pour que s'engage un processus dynamique d'élaboration de stratégies d'ajustement pouvant mener à la résilience.
[...] A travers les notions de facteurs de risque et de protection, de vulnérabilité, de traumatisme et de résilience, nous tenterons de répondre à ces questions dans le développement qui va suivre. Les facteurs de risque sont des facteurs exogènes ou endogènes déterminant la probabilité qu'a un individu de présenter un trouble ou une maladie à un moment donné de sa vie. Selon Garmezy (1994), les facteurs de risque sont d'ordre génétiques et/ou appris, familiaux, relatifs au voisinage ou à la communauté, à la ville de résidence et au pays. [...]
[...] Selon Garmezy (1985), ces facteurs sont d'ordre individuel, familial et environnemental. Ces facteurs de protection sont bien sûr plus aisés à étudier sur une population d'enfants à risque puisqu'un enfant non exposé au risque n'aura pas à élaborer de stratégie pour s'en défendre. Il est d'ailleurs important de souligner qu'en l'absence de facteurs de risque, les facteurs de protection mis à disposition de l'enfant resteront des ressources inutilisées et donc plus difficilement exploitables en cas d'événement traumatique futur, d'où l'utilité d'amener l'enfant à exercer ses facteurs de protection pour l'armer et le rendre apte à être immunisé dans le cas où son équilibre psychique serait menacé. [...]
[...] Ceux qui auront eu des facteurs de protection assez nombreux et efficients (c'est-à-dire qui auront eu l'opportunité d'exercer ces facteurs) durant l'enfance seront plus à même de se réparer de faire avec les préjudices causés par ce traumatisme. La résilience, définie comme la capacité d'un individu ou d'un groupe à s'adapter rapidement au malheur ou à l'adversité et à se redresser suite à un événement traumatique, peut donc s'accomplir sous certaines conditions. Elle suppose un fonctionnement intrapsychique capable de flexibilité et de maturité. Les résultats d'une étude comparative de Dernogeot et al. [...]
[...] Le terme génie renvoie à l'idée de création, et dans ce contexte à celle de la réinvention de soi Appuyé par l'image de la sage-femme, il s'agit véritablement de l'opportunité d'une seconde naissance offerte par les traumatismes nés de l'adversité, révélateurs d'une faculté de l'individu à accoucher de lui-même pour se créer plus libre, renforcé à travers les épreuves, résilient. Quelles conditions sont donc nécessaires pour engendrer la résilience chez un individu vulnérable ? Sont-elles accessibles à chacun ? Pourquoi ? [...]
[...] Quels sont alors les facteurs pouvant expliquer ces différences ? Quels éléments peuvent empêcher ou modérer d'une part l'apparition, et d'autre part la persistance des troubles psychiques ? La prédiction du risque de développer une psychopathologie pour un individu ne peut être fiable que si on prend en compte les éléments températeurs des facteurs de risque auxquels il est exposé. Ces éléments sont appelés facteurs de protection. Ils interagissent avec les facteurs de risque en se révélant lors des événements négatifs survenant au cours du développement, et constituent une sorte de rempart contre l'adversité. [...]
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