Freud affirme que, dans la conception qu'il a de lui-même, l'homme aura subi trois bouleversements, consécutifs à l'évolution du savoir : le premier dépend du passage du géocentrisme à l'héliocentrisme qui s'opère avec Copernic et Galilée ( l'être humain ne peut plus se considérer comme « le centre du monde » ou le « roi de la création ») ; le second intervient avec la théorie darwinienne de l'évolution ( l'être humain n'est rien d'autre qu'une sorte de singe raté) ; le dernier coup porté à l'orgueil de l'homme est dû à la théorie freudienne elle-même, qu'il empêche désormais d'affirmer que l'individu se connaît parfaitement lui-même.
Une telle déclaration est-elle à considérer comme excessive ? L'hypothèse de l'inconscient conteste-t-elle sérieusement la conception que l'homme avait de lui-même et de ses pouvoirs avant son apparition ?
[...] Ce décentrement du sujet peut inquiéter et il est toujours tentant de rejeter, sous prétexte de retrouver des certitudes plus sereines, une telle hypothèse, mais pourquoi l'homme, qui n'en finit pas de découvrir la complexité du monde extérieur, bénéficierait-il en ce qui le concerne d'une simplicité exceptionnelle ? Bibliographie indicative Cinq leçons sur la psychanalyse de Sigmund Freud, Yves Le Lay, et Serge Jankélévitch (poche - 9 juin 2004) Psychologie de l'inconscient de C. [...]
[...] En montrant que le corps et le psychisme communiquent sans cesse, il ébranle la croyance en la supériorité naturelle de l'esprit d'où la réaction des spiritualistes ou rationalistes : La psychanalyse n'est qu'une psychologie de singe (Alain). De surcroît, la différence entre normal et pathologique se trouve elle aussi mise en cause : si la névrose excessive de pulsions présentes en chacun, le passage à la maladie doit désormais être compris en termes quantitatifs, et non selon une opposition qualitative. Ce qui ouvre la question de la responsabilité du sujet : ne risque-t-on pas de trouver dans l'inconscient une excuse facile pour expliquer, sinon justifier, tout comportement déviant ? [...]
[...] II) Sa contestation par l'hypothèse freudienne Freud n'est pas le premier à admettre que la conscience a été surestimée. Avant lui, et sans remonter à Rousseau ou Montaigne dans les textes desquels on rencontre quelques notations sur la possibilité d'une vie psychique indépendante de la conscience, c'est au cours du XIXe siècle que s'affirment des ponts de vue critiques notables. Tandis que Comte conteste vigoureusement la portée de l'introspection et met ainsi en cause la possibilité d'une connaissance directe de soi-même, Marx privilégie une conscience de classe qui lui paraît plus déterminante, aussi bien pour ce qui est des formes que des contenus de la conscience, que la dimension individuelle du psychisme. [...]
[...] Quelle conception de l'homme l'hypothèse de l'inconscient remet-elle en cause ? Freud affirme que, dans la conception qu'il a de lui-même, l'homme aura subi trois bouleversements, consécutifs à l'évolution du savoir : le premier dépend du passage du géocentrisme à l'héliocentrisme qui s'opère avec Copernic et Galilée ( l'être humain ne peut plus se considérer comme le centre du monde ou le roi de la création ; le second intervient avec la théorie darwinienne de l'évolution ( l'être humain n'est rien d'autre qu'une sorte de singe raté) ; le dernier coup porté à l'orgueil de l'homme est dû à la théorie freudienne elle-même, qu'il empêche désormais d'affirmer que l'individu se connaît parfaitement lui-même. [...]
[...] La conduite humaine, qui semblait claire, doit être inlassablement interprétée et cette interprétation, lorsqu'elle me concerne, n'est jamais à ma portée, elle n'est possible que menée par un autre : le psychanalyste. Sans doute l'inconscient freudien n'est-il qu'une hypothèse, mais qui d'après son inventeur a l'avantage de rendre compréhensibles des séries entières de phénomènes qui ne le sont pas du point de vue de la seule conscience. Sans doute la psychanalyse n'est-elle pas une science au sens strict, mais un mélange de théorie et de pratique thérapeutique se renforçant réciproquement. Il n'en reste pas moins que l'un et l'autre ont profondément modifié la conception que nous pouvons avoir de l'être humain. [...]
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