Edward Louis Bernays, Sigmund Freud, Gustave Le Bon, Wilfrid Trotter, Propaganda, mentalité collective, relations publiques, manipulation du subconscient
L'apport incontestable d'Edward Louis Bernays (1891-1995) aux relations publiques tient d'abord à l'intérêt qu'il a porté aux travaux de psychanalyse de son oncle, le médecin neurologue Sigmund Freud, et des psychologues Gustave Le Bon et Wilfrid Trotter.
La combinaison qu'il fait de leurs travaux respectifs amène Bernays à conclure que le subconscient, c'est-à-dire l'état psychique dont on n'a pas conscience mais qui influe sur le comportement, et qui est le siège de toutes les pulsions de l'homme, peut être manipulé pour conduire une foule à adopter certains comportements, tout en lui faisant croire qu'elle agit librement.
[...] Les relationnistes ont compris qu'ils devaient à ce moment-là ajouter les conditions psychologiques voulues pour parvenir à faire dominer le subconscient, par exemple proposer à la sortie d'un film la boisson induite par le film via des images subliminales. On peut rapprocher cette technique de la théorie situationnelle de Grunig, pour qui les publics reçoivent différemment l'information en fonction de la situation où ils se trouvent, de leurs besoins spécifiques et leur engagement dans l'action (Maisonneuve, 2004). De même, dans les années 1990 des études démontrent (Channouf. 2004) qu'un message vidéo est plus crédible lorsqu'il est précédé d'un visage célèbre présenté de manière subliminale, y compris sur des questions qui ne relèvent pas de la compétence de celui-ci. [...]
[...] La persuasion par association, initiée par Bernays avec les cigarettes, devient alors incontournable. Désir, besoins, impulsions furent ainsi étudiés dans l'espoir de révéler des points vulnérables de l'inconscient, et d'apprendre aux relationnistes à offrir un fantasme en tant que message. Les principales tendances à reprendre dans les images étaient les pulsions sexuelles, mêlées au besoin de conformité (que l'on peut rapprocher de la tendance à suivre la mode, comprise par Bernays) et de sécurité : le public a besoin d'être tranquillisé sur le bien-fondé de ses décisions, d'avoir confiance en l'image de ce qu'il consomme, tout en se sentant dans une position favorable par rapport à ses concurrents. [...]
[...] Ce fut donc la première incursion de la psychanalyse dans le champ des relations publiques, sous la forme d'une propagande noire, puisque sous son apparence amicale elle avait en réalité des intentions manipulatrices. Par opposition, la propagande blanche énonce clairement son origine et cherche davantage un consentement de la part de sa cible. Dans les années qui suivirent, les fonds de l'American Tobbaco furent alloués à la création de comités ou d'articles de magazines médicaux mandatés à promouvoir la cigarette comme un outil de minceur. [...]
[...] En ligne : http://communication.revues.org/4013. Consulté le 28 septembre 2013. Tchakotine, Serge : Le viol des foules par la propagande politique. Gallimard.1939. [...]
[...] Poirier, Hervé, et Nicolas Revoy : Votre cerveau vous trompe. Science et vie. N1044. Pages 42-56. Septembre 2004. Maisonneuve, Danielle. Relations publiques B2b et prises de décisions : influence sur les publics institutionnels. Revue communication. [...]
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