C. Eliacheff est psychanalyste, pédopsychiatre et élève de Françoise Dolto, elle s'occupe des nourrissons de la pouponnière d'Anthony, où sont recueillis les enfants en attendant leur adoption. En effet, lorsqu'un accouchement sous X à lieu les géniteurs ont la possibilité pendant trois mois de se rétracter. Les bébés attendent ce délai légal dans une pouponnière et passé ce délai, l'enfant devient pupille de l'état et il est adoptable. Dans son ouvrage A corps et à cris (2000), Caroline Eliacheff nous relate les cas d'Olivier, Zoé et Fleur sous le thème : « les bébés ont le langage ». Ces enfants ont tout trois été abandonnés à la naissance, dans différentes conditions, ils ont alors été confiés à l'Aide Sociale à l'Enfance. Il s'agit d'une action des services publics essentiellement en faveur des enfants orphelins, abandonnés ou trouvés (qui constituent les « pupilles de l'Etat ») mais qui s'occupe plus généralement de la prévention et de la protection des mineurs. Ces trois bébés ont donc vécu une rupture, comme ils ne maîtrisent pas le langage, ils l'expriment par l'intermédiaire de troubles fonctionnels, alors qu'ils n'ont encore que quelques mois.
[...] Olivier présente de graves troubles respiratoires et une maladie de la peau que C. Eliacheff interprète ces symptômes comme le désir de retourner à l'état fusionnel du fœtus pour le premier et l'envie de se conformer au désir de sa mère, c'est-à-dire changer de peau pour le second. Zoé qui consulte à cause de la persistance d'une diarrhée que l'auteur interprète comme le manque de mère qui ne lui a donné la vie ni par la parole ni par le désir. [...]
[...] Eliacheff comprend l'enfant, Zoé aussi comprend ce que lui dit la thérapeute et cela l'aide a surmonter les souffrances qu'elle traverse. De plus, un point important est soulevé par ce cas : quand les comportements de l'enfant sont rapportés par un tiers (ici le personnel qui s'occupe quotidiennement de l'enfant) mais ne sont pas exprimé lors de la séance ils ne peuvent être interprétés, en revanche, un comportement proposé pendant une séance même s'il n'est pas proposé habituellement par l'enfant indique quelque chose d'important puisque c'est avec l'analyste, dans le transfert, que doit se revivre la rupture Fleur, l'enfant de la poubelle Fleur est une petite fille abandonnée très tôt, elle n'avait que quelques jours d'après les médecins quand elle a été retrouvée dans un jardin public enveloppée d'un linge rose dans un sac-poubelle. [...]
[...] La maternante accompagnant Olivier raconte à la psychanalyste les dernières informations concernant le bébé : il pleure très fort, boit ses biberons très vite, suit bien des yeux, sourit après le biberon, de plus sa mère n'est pas revenue sur sa décision et une réunion du conseil de famille est prévue prochainement ; pendant ce récit il s'endort en respirant bruyamment. Quand il est question de sa génitrice, il ouvre les yeux puis se rendort en respirant par la bouche. [...]
[...] Pourtant lors de la consultation c'est l'inverse : elle hurle pendant toute la séance exprimant d'après C. Eliacheff douleur et colère, ce qu'elle s'empresse de lui dire en reprenant les raisons de son séjour à la pouponnière jours plus tard, la kinésithérapie respiratoire est suspendue vu que Fleur ne tousse plus que quand elle est mécontente. Elle commence alors à sourire, à gazouiller, à redresser la tête, ce qui contraste avec son attitude lors des séances psychanalytiques où elle reste très sérieuse, fronce les sourcils et fixe la thérapeute avec un regard particulier : vivant, intense, exigeant, captateur. [...]
[...] Il fallait aussi aborder le fait que sa mère n'avait pas été retrouvée et qu'elle essayait peut-être de la garder dans un 1er temps avec ses poumons puis de l'évacuer avec sa diarrhée, mais que de toute façon sa mère était à l'intérieur d'elle. Depuis son retour à la pouponnière, Fleur vient tous les 15 jours en consultation. Son état physique est encore oscillant avec des épisodes de toux et une courbe de poids variable. À la 3ème consultation, la maternante trouve qu'elle va mieux : elle est beaucoup plus éveillée, ses contacts affectifs s'améliorent. L'inquiétude de son entourage à propos de sa santé diminue. Par contre, la maternante la trouve un peu molle. [...]
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