L'accès de l'enfant à l'autonomie dans la société mais aussi dans la famille, tel est le problème abordé dans cette documentation. Les avis d'une spécialiste de l'enfance, F.D., émis lors d'un entretien publié dans La ville et l'enfant- monologue émaillé d'interdits et de plaintes d'une mère réduisant son enfant au silence, tel que l'imagine V.A., dans la même publication intitulée "Pourquoi tu pleures ?", alternent avec des points de vue d'enfants, imaginaires ou réels - "L'enfant abandonné", publié en 1951 par J. Prévert, qui dépeint les désirs et rêves d'un enfant face à l'incompréhension du monde adulte ; le témoignage autobiographique extrait des Mots dans lequel JP Sartre évoque sa souffrance de « gringalet intelligent » ignoré par les enfants de son âge. Enfin, le dessin humoristique du Nouvel observateur, qui nous propose une image d'enfant « libéré » de tous les interdits : autonomie ou laxisme ?
Nous verrons d'abord que les attentes et exigences des adultes sont souvent inadaptées aux besoins et aux désirs des enfants, qui réagissent à leur manière. Toutefois, cette incompréhension réciproque est-elle sans solution ?
I) Attentes et exigences adultes, besoins de l'enfance :
A - L'enfant est nié en tant que tel par les adultes, c'est ce que dénonce la psychanalyste F.D. : réseau de surveillance omniprésent, qu'il vienne de la mère ou des institutions : interdiction de s'éloigner, obligation de raconter sa journée... Même une mère comme celle de Sartre, qui est animée des meilleures intentions, freine l'accès de son fils à l'indépendance. En outre, les comportements des adultes à l'égard des enfants manifestent souvent leur égocentrisme. Ils leur imposent une discipline arbitraire, caricaturée par V.A. à travers l'avalanche d'ordres incessants que déverse une mère surmenée et excédée à son fils. L'enfant sert bien souvent de compensation aux frustrations professionnelles ou affectives essuyées par les parents (...)
[...] En outre, les comportements des adultes à l'égard des enfants manifestent souvent leur égocentrisme. Ils leur imposent une discipline arbitraire, caricaturée par V.A. à travers l'avalanche d'ordres incessants que déverse une mère surmenée et excédée à son fils. L'enfant sert bien souvent de compensation aux frustrations professionnelles ou affectives essuyées par les parents. Pour F.D., c'est trop lui demander ! Un enfant devrait-il se comporter comme un adulte ? C'est encore ce que semble croire la mère brossée par Alexakis : marcher au rythme de l'adulte, se tenir droit comme lui, avoir la science infuse de l'hygiène, de la propreté, de la propriété aussi puisqu'il doit jouer avec ses jouets, non avec ceux de l'enfant voisin. [...]
[...] Elle préconise qu'on lui permette d'exprimer ses désirs, ce qui ne signifie pas l'autoriser à les réaliser sans limites, comme le personnage du N.O. attisant les rêves de totale licence de ses petits camarades. Un enfant doit faire par lui-même l'apprentissage de son environnement et de son entourage. Se coucher sur le sol, partager des jeux avec d'autres enfants sont pour lui des besoins essentiels. Cet apprentissage à l'autonomie que prône F.D., la mère décrite par Alexakis l'interdit à son enfant. [...]
[...] A Les réactions enfantines vont du désespoir aux crises de larmes, chez Prévert et Alexakis. L'enfant peut aussi se réfugier dans le rêve pour transfigurer le réel décevant. Il transgresse les interdits en manipulant des mots tabous, il use du verbe à sa manière, pour se libérer, en créant son propre langage, auquel est sensible Prévert, le poète. Ou bien il voudra se conformer aux désirs de l'adulte en produisant des dessins stéréotypés, ceux que le maître, le parent o le psychothérapeute attendent de lui, niant sa propre créativité ou ses désirs, au grand regret de F. [...]
[...] Nous verrons d'abord que les attentes et exigences des adultes sont souvent inadaptées aux besoins et aux désirs des enfants, qui réagissent à leur manière. Toutefois, cette incompréhension réciproque est-elle sans solution ? I Attentes et exigences adultes, besoins de l'enfance : A L'enfant est nié en tant que tel par les adultes, c'est ce que dénonce la psychanalyste F.D. : réseau de surveillance omniprésent, qu'il vienne de la mère ou des institutions : interdiction de s'éloigner, obligation de raconter sa journée Même une mère comme celle de Sartre, qui est animée des meilleures intentions, freine l'accès de son fils à l'indépendance. [...]
[...] III Des solutions ? Toutefois, il ne faut pas verser dans le pessimisme, car d'une part l'enfant a de prodigieuses capacités d'adaptation : il peut inventer des solutions, et d'autre part des améliorations sont possibles de la part des adultes. A Prévert montre comment l'enfant retrouve le bonheur auprès d'autres enfants de son âge, se donnant ainsi une nouvelle famille qui lui permet de faire front au pouvoir adulte symbolisé par un gardien de phare. C'est dans ces mauvaises fréquentations qu'il retrouve goût à la vie, qu'il peut s'affirmer, et même à l'occasion, comme dans le dessin du N.O., susciter l'envie de tous les enfants sages et bien nourris par l'énumération de tous ses défis, réels ou inventés, à l'égard des interdits des adultes. [...]
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