L'autisme est un trouble envahissant du développement se caractérisant notamment par des troubles de la communication verbale et non verbale et des interactions sociales. Une des hypothèses étudiée par les chercheurs est qu'un déficit émotionnel serait à l'origine de ce trouble : en effet, Kanner (1943) a accumulé des données attestant du fait que les autistes présentent des déficits émotionnels, données assez importantes pour être prises en compte par le DSM VI (1994). Par la suite, Hobson (1990) a proposé l'idée que l'origine du syndrome se définit en termes d'une incapacité à interagir de façon émotionnelle avec les autres personnes et que cela constituerait le déficit primaire et spécifique explicatif de l'autisme avec pour conséquence l'impossibilité de reconnaître les états mentaux d'autrui. Ainsi, la compréhension des relations interpersonnelles et la communication avec l'environnement social seraient altérées.
A la vue du modèle d'Hobson, on peut donc se demander comment les autistes perçoivent les émotions faciales ? Mais avant de répondre à cette question, il convient tout d'abord de savoir comment les enfants normaux les perçoivent afin de pouvoir établir par la suite un point de comparaison.
[...] Mais comment expliquer ces résultats ? Tout d'abord, selon l'hypothèse du développement des discriminations perceptives, l'enfant deviendrait graduellement plus sensible aux composantes faciales qui distinguent les émotions : la reconnaissance des visages est une capacité cognitive spécifique, latéralisée dans le cerveau non dominant et qui permet une analyse subtile de l'expression et une discrimination fine des visages connus (Schwarzer et Leder, 2003). Cette capacité cognitive se développerait au cours de l'enfance et se serait donc pour cela que l'on peut remarquer l'existence de confusions ainsi qu'un développement graduel des catégories émotionnelles. [...]
[...] Afin de répondre à ces différentes critiques, Nadel, Brun et Mattlinger (1998) ont mené une série de recherches s'inspirant au plus près du travail d'Hobson. Ils ont voulu savoir si les résultats qu'il avait trouvé étaient réellement dus à un déficit émotionnel ou bien si ils n'étaient pas dus à une capacité d'intégration des émotions plus lente à se développer pour les enfants autistes que pour les normaux. Il en ressort qu'à 4 ans le développement de cette capacité plafonne chez les autistes alors qu'il est en pleine progression pour les normaux. [...]
[...] Maintenant que ces bases sont posées, voyons ce qu'il en est chez l'enfant autiste. Comme nous l'avons mentionné plus haut, Hobson (1990) a donc proposé l'idée qu'un déficit émotionnel serait à la base du syndrome autistique : pour validation de cette idée, il a montré que les enfants autistes présentent de grandes difficultés à réaliser des appariements visuo- auditifs d'expressions émotionnelles. En effet, les autistes de 7 ans d'âge mental présentent des résultats inférieurs à ceux des enfants normaux de même âge dans des tâches d'appariements émotionnels. [...]
[...] On peut donc imaginer qu'un logiciel permettant de ralentir le son et l'image de manière synchrone pourrait aider les enfants autistes à mieux comprendre les messages verbaux et non-verbaux utilisés dans la vie de tous les jours par les personnes les entourant, et ainsi, améliorer leur compréhension de la communication. Bibliographie : Gosselin, P., Roberge, P. & Lavallée, M.-F., (1995). Le développement de la reconnaissance des expressions faciales émotionnelles du répertoire humain Enfance 379-396 Brun, P., Mattlinger, J-M. & Nadel, J., (1998). [...]
[...] L'hypothèse émotionnelle dans l'autisme Psychologie Française, 43-2, 147-156 Thommen, E., Châtelain, F., Rimbert, G., (2004). L'interprétation d'indices non-verbaux par les enfants Psychologie Française 145-160 Lainé, F., Tardif, C., Gepner, B., (2006). [...]
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