Dans l'agir, qui comporte la dimension pulsionnelle motrice du faire, il s'agit de sortir de l'emprise du désir de l'Autre qui provoque de l'angoisse. En cela, l'agir est en rapport avec l'objet A, objet du manque et du désir. L'agir est création d'un espace qui marque et permet le lien du sujet et l'Autre désirant. C'est une façon de faire du lien entre le sujet et l'autre, mais du lien non complet car il porte en lui la trace de l'objet A. Pourtant, malgré ce manque, l'agir est la référence unique de la certitude de l'existence pour le sujet. Ainsi en est-il de l'adolescent qui, dans son comportement, amoureux ou délinquant, trouve la certitude de son être et de son existence dans son agir même.
Le terme « agir » est employé ici dans le même sens que l'acting-out ou le passage à l'acte. Il s'agit d'une substitution de la pensée par l'acte.
[...] Le passage à l'acte est une tentative d'être. Il se produit, pour un sujet, lorsque celui-ci est confronté au dévoilement intempestif de l'objet a qu'il est pour l'Autre, et c'est toujours au moment d'un grand embarras et d'une émotion extrême lorsque, pour lui, toute symbolisation est devenue impossible. Il s'éjecte en s'offrant à l'Autre, lieu vide du signifiant. Le passage à l'acte est donc un agir impulsif inconscient et non pas un acte. L'acte est ce qui constitue le sujet pour exister. [...]
[...] L'acte échappe au sujet dans sa réalisation. Cette découverte de la division subjective qui fait de l'agir un acte est un des travaux de l'opération adolescente. En ce temps, cet éprouvé de la division subjective en acte aura un lieu privilégié d'expérimentation : l'acte sexuel. Celui-ci se vit, au moins jusqu'à ce temps, comme un rapport entre deux qui serait enfin adéquat à la jouissance. L'agir sexuel adolescent vient révéler au sujet que l'acte sexuel n'est pas un rapport, mais bien activation d'un manque et agir d'un fantasme. [...]
[...] Ainsi en est-il de l'adolescent qui, dans son comportement, amoureux ou délinquant, trouve la certitude de son être et de son existence dans son agir même. Le terme agir est employé ici dans le même sens que l'acting-out ou le passage à l'acte. Il s'agit d'une substitution de la pensée par l'acte. L'acting-out est toujours un coup de folie destiné à éviter une angoisse violente. Cet acte est une mise en scène d'un désir du sujet que l'Autre n'entend pas. [...]
[...] Il s'agit d'une recherche de reconnaissance de l'Autre. L'acting-out est, en fait, une conduite tenue par le sujet et donnée à déchiffrer à l'autre à qui elle s'adresse. C'est un transfert, bien que le sujet n'en montre rien. L'acting-out, dans une recherche de la vérité, mime ce qu'il ne peut dire par défaut de symbolisation. Le passage à l'acte ne s'adresse à personne en particulier et n'attend aucune interprétation. Il est une demande brute d'amour, de reconnaissance symbolique de l'être sur un fond de désespoir. [...]
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