L'anorexie mentale est sans doute l'un des troubles où la quête de LA cause est la plus acharnée, que ce soit chez les parents, chez les proches ou chez les soignants.
L'hypothèse la plus consensuelle pour l'ensemble des spécialistes des troubles des conduites alimentaires fait de l'anorexie mentale un trouble d'origine multifactorielle, dans lequel interviennent des facteurs liés à l'individu lui-même (dimension psychologique et dimension génétique et/ou biologique), à la société et à la famille.
Après une brève définition de l'anorexie, nous reviendrons sur son étiologie et les différentes théories élaborées à ce sujet, en insistant sur les facteurs psychologiques puisque ce sont ceux que nous étudions. Sans remettre en cause la multifactorialité de ce trouble, nous verrons que l'on peut dégager un pôle qui semble influer sur le développement de la pathologie : le pôle familial, les pathologies alimentaires étant, dans une certaine configuration, le révélateur d'une relation mère/fille pathogène.
Les articles cliniques rapportent classiquement des traits communs aux familles d'anorexiques. L'impossibilité à accepter la séparation et l'autonomie est l'un des traits de fonctionnement des familles d'anorexiques, décrit non seulement par les tenants de la psychanalyse mais aussi par les systémiciens. Pour Salvador Minuchin [6], dans une majorité de familles d'anorexiques, on trouverait les caractéristiques de fonctionnement de ce qu'il a appelé une « famille psychosomatique », associant un enchevêtrement, une surprotection, une rigidité, un évitement des conflits. Selvini [8] et Bruch [2] arrivent aux mêmes conclusions : l'expression de l'individualité n'est pas encouragée, l'autonomie et l'indépendance sont sacrifiées à la loyauté envers la famille.
L'anorexie mentale débute généralement à l'adolescence, époque de la vie où la famille joue un rôle central. La question de la place du lien fraternel dans l'émergence et l'évolution d'une pathologie chez l'adolescent a été jusque-là peu étudiée. Pourtant, être l'aîné ou le cadet, être le premier ou le troisième, être fils / fille unique ou avoir des frères et soeurs, modifie considérablement l'environnement de l'enfant, le regard et l'investissement des parents.
Notre hypothèse sera que la fratrie de l'adolescente anorexique a un rôle dans le processus pathologique. La fratrie ne saurait bien entendu tout expliquer à elle seule, mais elle est un contexte. La question du féminin est au coeur de la problématique anorexique, dans une relation à la mère, au père mais aussi, pensons-nous, aux soeurs entre elles. Nous postulerons en effet que ces relations se trouvent compliquées et fragilisées par le plus grand nombre de filles au sein de la fratrie du fait d'un double mouvement :
• du côté des parents, plus particulièrement de la mère, par une difficulté à investir de façon différenciée chacune de ses filles, favorisant un investissement moindre ou pour le moins ambivalent de la féminité de la petite fille
• du côté de l'enfant, par une plus grande difficulté à trouver sa place et à investir son identité sexuée, difficulté qui peut se traduire par une identification en « faux self » selon le terme de Winnicott [9].
Après quelques réflexions sur le lien fraternel nous étaierons notre hypothèse sur différentes théories d'inspiration psychanalytique, et donc en particulier celles de Winnicott.
Enfin, dans le but de vérifier cette hypothèse, nous présenterons l'étude clinique que nous pourrions mener. Cette étude restant à l'état de projet, il nous sera bien sûr impossible de conclure.
[...] Les sujets s'imposent un poids faible. Il existe habituellement une dénutrition de gravité variable s'accompagnant de modifications endocriniennes et métaboliques secondaires et de perturbations des fonctions physiologiques, aménorrhée notamment Anorexie mentale restrictive 7.101 Anorexie mentale boulimique Exclure : - les refus d'alimentation appartenant à un délire (cat. ; - les phobies alimentaires ( 2.2 ) ; - les restrictions alimentaires avec ou sans vomissements, isolées et ne comportant pas en particulier le déni de la maigreur, la peur de grossir et le désir de minceur, à classer en Echelle : Tennessee Self Concept Scale (TSCS) - IMAGE DE SOI Traduction et adaptation française par Jean-Marie Toulouse. [...]
[...] Quels sont pour eux les défauts et qualités de chaque membre de la famille ? De quels sujets parlent-ils avec leur sœur ? Quelles sont les normes, les règles, en vigueur à la maison ? Quels aspects de la famille souhaiteraient-ils changer ? Qu'est ce qui génère souvent des conflits dans la famille ? Qui participe au règlement de ces conflits ? Tous ces entretiens seraient enregistrés. BIBLIOGRAPHIE 1. [...]
[...] Dans la mesure où la difficulté à intégrer une identité sexuée définitive au moment de l'adolescence est intimement liée au processus étiologique de l' anorexie, il semble logique de penser qu'un frère (un frère aîné notamment) aurait le pouvoir d'atténuer quelque peu l'angoisse de sa sœur à ce sujet en lui fournissant, à travers lui-même et ses amis masculins, un milieu dans lequel elle peut faire l'expérience des rapports homme / femme. III 2. La relation fraternelle La relation fraternelle évoque autant l'alliance indéfectible (la fraternité) que la haine (les frères ennemis). C'est une relation psychique entre deux sujets qui se prennent l'un l'autre pour une projection clivée d'eux-mêmes (je suis / je ne suis pas / comme lui). Pour J.-F. Rabain l'enfant dans sa fratrie est confronté à un double traumatisme : objectal et narcissique. Il est obligé de partager sa mère et doit se confronter à un rival. [...]
[...] L'émergence de la sexualité compromet la relation d'intimité avec les parents. L'adolescence annonce la séparation future et menace l'équilibre de la famille et même sa survie si la proximité entre parents et enfants est perçue comme plus importante que celle entre parents. L'étude des interactions de familles d'anorexiques a révélé des caractéristiques communes : l'enchevêtrement marqué par un effacement des limites entre individus et entre générations, la dépendance étant encouragée et la recherche d'autonomie punie comme une menace compromettant l'unité familiale ; la surprotection qui se réfère aux préoccupations exagérées des membres de la famille, les uns pour les autres, l'adolescente protégeant autant les parents qu'ils la protègent ; le manque de résolution des conflits qui peut se manifester par le déni et l'évitement des conflits, vécus comme un danger pour l'intégrité familiale, ou qui peut être masqué par des disputes fréquentes, sans que les vrais problèmes du couple des parents soient abordés ; la rigidité qui traduit la résistance aux changements et la réduction du répertoire d'échanges, la famille pouvant paraître figée, comme si le temps s'était arrêté, les parents se conduisant avec l'adolescente comme si elle était toujours une petite enfant ; l'implication de l'adolescente dans un conflit parental Le désordre alimentaire paraît avoir des effets contradictoires sur l'organisation familiale. [...]
[...] Anorexie mentale et Boulimie : le poids de la culture, Paris: Masson JEAMMET, P. L'anorexie mentale. Paris: Doins Editeurs MINUCHIN, S. Familles en thérapie. Paris: Ed. Universitaire RABAIN JF. La rivalité fraternelle In : LEBOVICI DIATKINE SOULÉ M,. Nouveau traité de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent. [...]
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