Dans ses Investigations, Wittgenstein distinguait les notions de cause et de raison en montrant que les causes étaient des hypothèses, des considérations empiriques, alors que les raisons étaient des motifs. Cette ligne de partage fut suivie par Davidson sans que toutefois cause et raison s'excluent mutuellement. En ce qui concerne les intentions, le débat est parfois houleux, s'agit-il de causes, de raisons, ou des deux ?
Faut-il nécessairement réduire les intentions ou ont-elles un pouvoir causal ?
Le réalisme des intentions penche en faveur de la causalité des intentions : une intention serait la cause de l'intention en action puis de l'action. Est-ce vraiment le cas ? Peut-on vraiment soutenir qu'une causalité entre état mental et état physique est possible ? Si c'est le cas, il semble que cela doit être compris dans un cadre physicaliste et nonréductionniste.
Néanmoins, de nombreux auteurs pensent que les intentions n'ont aucun rôle dans l'action et que la volonté n'existe pas. Par ailleurs, si l'on estime que l'intention peut être une cause, il faut se pencher sur le problème du rôle de la conscience, ou plus précisément de l'expérience de cette volonté consciente dans la réalisation de l'action.
Wegner, notamment, affirme que l'expérience de la volonté consciente n'est qu'une illusion. Le lien entre l'intention consciente et l'action est-il de l'ordre de la causalité ou n'est-ce qu'une illusion ?
[...] Toutefois, à partir du moment où l'on accepte la survenance d'une part, et qu'on accepte d'autre part qu'un événement physique puisse causer un autre événement physique, alors on peut penser que l'intention réalisée par l'événement physique peut tout aussi bien être une cause. Wegner a donc raison de dire que l'expérience de la volonté consciente ne cause pas l'action, mais il a peut-être tort de dire que la volonté consciente ne la cause pas non plus. Le problème de l'expérience de Libet peut ainsi être résolu. Il reste cependant à résoudre le fait que pour Libet la volonté consciente doit, pour avoir un pouvoir causal, être non causée. Libet accorde que dans sa seconde expérience, le libre arbitre existe. [...]
[...] Peut-être qu'une théorie réductrice des intentions à des plans ou à des fonctions de guidage et contrôle est possible, mais l'illusion de l'expérience de la volonté consciente ne permet en tout cas pas précisément de réfuter le pouvoir causal des intentions. [...]
[...] Néanmoins, peut-on vraiment penser que la conscience n'est qu'un épiphénomène ? N'a-t-elle d'autre utilité que de nous faire sentir notre agentivité ? Pour Jaegwon Kim, adopter l'épiphénoménalisme du mental c'est refuser le physicalisme et accepter un dualisme qui ne nous emmènerait que vers l'irréalisme du mental (L'esprit dans un monde physique, essai sur le problème corps-esprit et la causalité mentale) Pour Pacherie, on a aujourd'hui des preuves sérieuses que la causalité mentale peut être réelle et il ne faut pas réduire les intentions à des phénomènes physiques (bien que les deux soient liés). [...]
[...] Ensuite, si l'on admet le schéma réaliste des intentions, alors l'intention préalable cause l'intention en action dans l'expérience de Libet). Dans la seconde expérience, il est clair que l'intention préalable de ne pas agir annihile la formation du RP, puis du LRP, et comme le LRP réalise (et non pas cause, nous verrons cette distinction plus loin) il n'y a pas d'intention en action. En revanche dans la première expérience, l'intention préalable peut être la cause de l'intention en action, en tout cas l'expérience de Libet ne prouve pas le contraire : elle montre seulement qu'il y a aussi une cause physique à cette intention en action qui est le LRP. [...]
[...] Pour autant, même le libertarien ne nie pas qu'il existe des causes neurologiques à nos actions, il pense seulement qu'en plus de ces processus inconscients, le moi peut avoir une influence. C'est ce que montre Chisholm dans Human freedom and the self il y aurait en plus de la causalité transitive entre deux événements une causalité immanente que Chisholm appelle “causalité par agent”. Il veut dire par là que des événements physiques peuvent causer une action mais que l'agent lui aussi y contribue causalement. [...]
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