Bion pose une limite principale au travail de recherche dans le sens où il est impossible d'atteindre à une description scientifique de la réalité clinique car la mémoire est traversée par l'expérience émotionnelle et en colore, en déforme la communication (p. 6).
Cet ouvrage témoigne de la grande rigueur méthodologique de Bion dans la construction de ces textes : attaque contre la liaison débute par un rappel de l'approche théorique (kleinienne), stipule les pré requis dont le lecteur doit avoir connaissance. Bion expose ensuite sa thèse, le contexte du recueil de données, la population, précautions déontologiques. Suit la partie clinique comportant les interprétations de Bion durant les séances, étayées en détail dans la partie théorique.
[...] Une théorie de l'activité de pensée Nous voyons comment, l'analyse des processus de pensée particuliers des psychotiques permet l'élaboration d'une théorie du développement normal. Une théorie de l'activité de pensée tente d'expliquer la genèse de la pensée. Bion développe l'hypothèse selon laquelle c'est l'irruption de la pensée qui est à l'origine même de l'activité de pensée, soit la formation d'un appareil psychique, et non le contraire. La psyché du bébé forme des pré-conceptions, sorte de pensée intuitive, qui vont, par la rencontre avec la réalité sous la forme d'une expérience émotionnelle positive ou négative, se transformer en conceptions. [...]
[...] Le matériel clinique est constitué par le contre-transfert du thérapeute, les actes et associations libres du patient. Concrètement, Bion propose au patient une interprétation de sa relation avec lui, en reprenant à son compte les projections que le patient fait sur son entourage, ou les éléments de ses rêves. (Ex : si le patient redoute l'hostilité d'une personne, il va interpréter que le patient éprouve ces mêmes sentiments envers son thérapeute). Ses repositionnements du thérapeute au sein des fantasmes de son patient permettent une évolution dans la cure : dans le jumeau imaginaire il lui fait part de son impression d'être comme un parent prodiguant en pure perte des recommandations et des avertissements à un enfant insoumis et note il se produisit alors un changement difficile formuler qui aboutit à de nouvelles modalités de relation avec le patient : constitution d'un jumeau imaginaire. [...]
[...] Comment faire pour que la relation devienne thérapeutique ? IV) Métapsychologie de la psychose : la folie comme défense Bion dégage un continuum entre fonctionnement névrotique et psychotique dans la mesure où il postule que chez tout individu existe une part de personnalité psychotique et une part de personnalité non psychotique, la question étant de savoir quelle part prédomine, recouvre l'autre, selon un point de vue économique. Bion fait un parallèle entre les mécanismes de défense des psychotiques et des névrosés : Selon lui la capacité à personnifier les clivages de personnalité (attribuer un trait de personnalité propre au sujet à un personnage) serait analogue à la symbolisation chez le névrosé[3] L'identification projective du psychotique aurait la même fonction que le refoulement chez le névrosé, c'est-à-dire la mise à l'écart de la représentation anxiogène. [...]
[...] Selon Bion le développement de la pensée verbale par la reconnaissance du manque, est étroitement lié à l'entrée dans la position dépressive. Elle amène donc le sujet à souffrir. La psychose est donc comprise comme une tentative de détruire la pensée verbale pour lutter contre la prise de conscience des affects dépressifs et persécuteurs internes, insoutenables pour le sujet (c'est en ce sens que nous pouvons dire que le psychotique reste rivé au principe de plaisir). Le sujet préfère rester fou pour ne pas souffrir de son désir. [...]
[...] Bion compare le lien qui unit le patient à l'analyste à la relation du petit enfant à sa mère. La thérapie est propice au regain d'identifications projectives. La difficulté à établir un transfert positif provient de l'impression du sujet que le thérapeute refuse l'identification projective, c'est-à-dire qu'il refuse de faire rentrer en lui les éléments que le patient veut introduire. Les peurs font alors retour sous une forme intensifiée, se transformant en terreur sans nom. Il s'instaure à l'intérieur du sujet un objet interne dévorateur, cherchant à le dépouiller sa bonté. [...]
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