Les premiers accidents du chemin de fer suscitèrent, outre les blessés atteints d'un trouble neurologique franc, un grand nombre de malades présentant assez durablement une pathologie polymorphe apparentée à celle des névroses. Duchesne (1857) en France et Erichsen (1864) en Grande-Bretagne firent l'hypothèse que le choc avait déterminé une lésion minime de la substance nerveuse, d'où la dénomination de railway spine, (atteinte supposée médullaire), ou de railway brain (atteinte cérébrale) pour désigner ces troubles (...)
[...] Dans la 6ème édition de son Traité, en 1889, E.Kraepelin fit une large place à ce qu'il appela la Schreckneurose, la névrose d'effroi D'une part, il se rangea à l'avis d'Oppenheim pour en faire une entité autonome (et non pour la faire dépendre de l'hystérie), d'autre part sa description clinique se rapprocha beaucoup de celle de l'hystérie traumatique de Charcot. Avec Kraepelin, la névrose d'effroi obtient un statut nosologique autonome et acquiert une existence officielle. Néanmoins cette innovation nosographique n'a pas fait autorité. Elle a été pour l'essentiel ignorée par les cliniciens du XXème siècle. Il apparaît donc que le concept de névrose traumatique naît à la fin du XIXème siècle essentiellement déterminé, non par une critique spécifique, mais à partir d'un présupposé étiopathogénique. [...]
[...] Les premiers psychanalystes qui eurent l'occasion de rencontrer des sujets présentant une symptomatologie traumatique lors de la guerre mondiale contestèrent cette étiologie. Ferenczi objecta aux tenants des hypothèses mécanicistes que s'il s'agissait d'une lésion du système nerveux, l'effet atteindrait son intensité maxima immédiatement après le traumatisme. Or, constate t-il en 1918, les sujets soumis à une commotion brutales prennent le temps d'effectuer dans les moments qui suivent le traumatisme un certain nombre de gestes parfaitement adaptés pour assurer leur sécurité, comme se rendre au poste de secours, etc , et c'est seulement une fois parvenus en lieu sûr qu'ils s'effondrent et que les symptômes se développent Bien souvent, même, on observe une assez longue période de latence, de plusieurs mois, voire de plusieurs années, entre l'évènement traumatique et l'apparition des symptômes. [...]
[...] Si nous observons plus attentivement, nous notons, outre les troubles de la marche, l'existence d'autres symptômes constants : l'hyperesthésie de la plupart des organes des sens, le plus souvent de la sensibilité auditive mais aussi visuelle. L'hyperacousie et la photophobie rendent ces malades très craintifs ; la plupart d'entre eux se plaignent d'un sommeil trop léger, troublé par des cauchemars angoissants et terribles. En général ces rêves répètent des situations dangereuses vécues au front. En outre, presque tous se plaignent d'une inhibition totale ou d'une forte diminution de leur libido et de leur puissance sexuelle. [...]
[...] La deuxième guerre mondiale remit au premier plan sa clinique, mais plutôt que de renouveler les travaux antérieurs, on assista à une tendance à la fragmentation du syndrome (hypnose des batailles, obsession du champ de bataille ) Toutefois, jusqu'en 1980, les manuels de psychiatrie n'accordent que peu de place à cette pathologie. Elle est par exemple absente du DSM-II publié en 1968. Ce sont les séquelles de la guerre du Vietnam aux USA qui amènent à reconsidérer cet oubli. Le nombre de suicides chez les G.I vétérans du Vietnam est considérable, l'idée se répand dans les années 70 aux USA, appuyée par des travaux scientifiques, que ceux-ci sont aussi responsables de nombreux actes de délinquance, violences et crimes. [...]
[...] Ensuite ils sont restés complètement paralysés pendant plusieurs jours ou même plusieurs semaines. Le tremblement est apparu pendant les premières tentatives de marche alors qu'au lit ils avaient depuis longtemps retrouvé leur faculté de mouvement et qu'apparemment ils ne présentaient plus aucun symptôme de paralysie (astasie-abasie hystérique). Dans certains cas, le soldat a continué d'assurer son service après la commotion et ce n'est que plus tard, à l'occasion d'une peur insignifiante, purement psychique, qu'il est tombé malade. Ce volontaire, par exemple, est parti en patrouille de reconnaissance dans la nuit, et c'est après cet évènement seulement que la maladie s'est déclarée. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture