Dolto pense que lorsque l'enfant prend conscience que l'image qu'il observe dans le miroir est la sienne (vers l'âge de 3 ans), il en ressent un énorme traumatisme. Pour Lacan au contraire, l'enfant en éprouve une joie intense. Dans les deux cas, l'enfant comprend que les autres ont à voir cette image de lui et non l'image qu'il ressent et qu'il s'est élaboré intérieurement. Il se produit alors une faille et un refoulement des sensations et du vécu interne au profit de l'image externe. L'enfant part alors à la conquête d'une autre image qu'il fait sienne, et à laquelle il s'identifie. L'image du corps-vécu tombe en grande partie dans l'inconscient, l'enfant se consacrant désormais à l'image du corps-vu (...)
[...] Comment se passe alors l'ontogenèse, et notamment le développement cognitif et psychologique qui permet à l'enfant d'accéder à son individuation intellectuelle et sociale ? L'évolution cognitive du nourrisson : Tout d'abord, l'enfant perçoit le monde qui l'entoure, il n'a pas encore conscience de ses limites, de ce qui est extérieur ou intérieur. Alors qu'il commence à se rendre compte d'un extérieur à lui-même, et à sortir de l'illusion de l'identification (fusion) avec cet extérieur, il passe par le stade de la permanence de l'objet, première compréhension cognitive des variations extérieures, à savoir qu'un objet existe même lorsqu'il est en dehors de son champ de perception. [...]
[...] Cette image rassure l'enfant, en lui faisant percevoir son corps comme un abri protecteur. L'image fonctionnelle est, au contraire, l'image du ressenti d'un corps agité et fébrile, tout entier tendu vers la satisfaction des besoins et désirs (Nasio). Le corps est perçu en constante activité, mouvement, et plein de besoins. L'image érogène est l'image d'un corps ressenti comme un orifice livré au plaisir, dont les bords se contractent et se dilatent au rythme alternant de la satisfaction et du manque (Nasio). [...]
[...] Pour Lacan au contraire, l'enfant en éprouve une joie intense. Dans les deux cas, l'enfant comprend que les autres ont à voir cette image de lui et non l'image qu'il ressent et qu'il s'est élaboré intérieurement. Il se produit alors une faille et un refoulement des sensations et du vécu interne au profit de l'image externe. L'enfant part alors à la conquête d'une autre image qu'il fait sienne, et à laquelle il s'identifie. L'image du corps-vécu tombe en grande partie dans l'inconscient, l'enfant se consacrant désormais à l'image du corps-vu. [...]
[...] Piaget indique que cette possibilité apparaît vers l'âge de 7-8 ans car avant, l'enfant est égocentré. Cette capacité permet de ne pas rester dans l'illusion de ses croyances, de ses propres perspectives visuelles et des apparences qui se confondent avec la réalité. Ce travail métacognitif nécessite des outils importants qui sont la simulation et l'inhibition, pour prendre conscience du vrai et du faux de la réalité et des apparences, et être capable de rejeter ses perceptions erronées. L'inhibition se rapproche de la philosophie du non de Bachelard. [...]
[...] Beaucoup d'adultes paraissent même être des adolescents n'ayant pas fait le deuil de la toutepuissance enfantine et se conduisant avec une grande immaturité, avec beaucoup d'égoïsme et très peu de sagesse. Le malaise social semble donc s'amplifier à ce niveau là. On verra dans les années à venir comment les choses évoluent dans la société et facilitent, ou freinent le passage de l'enfant à l'adulte. Mais tant qu'il y a l'angoisse, le tabou, l'évitement de la mort et la culture de la toute-puissance de l'Homme évolué le voile de l'illusion reste en place, et l'adulte peut avoir du mal à accepter de mourir à l'enfance. [...]
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