Elles ont été décrites dès l'individualisation de la démence précoce puis de la schizophrénie, mais leur statut précis a toujours été assez ambigu puisque, selon les auteurs et les époques, elles semblent être comprises tantôt comme un caractère prémorbide, tantôt comme un type de personnalité pathologique indépendant de la maladie et ne contractant avec elle que des rapports d'analogie clinique.
Dans son traité de 1909 Kraepelin remarque que dans un certain nombre de cas de démence précoce "bien longtemps avant l'éclosion de la maladie et souvent des la prime jeunesse, ont existé des conduites particulières, une attitude renfermée, timide, une bizarrerie, une piété exagérée avec une instabilité et excitabilité...". Pour Kraepelin il ne s'agit pas d'une variété de "psychopathie" mais bien de "déviation créée par une première poussée de la maladie... qui ultérieurement s'épanouira en démence précoce". (...)
[...] La CIM 10 semble prendre acte de l'ambiguïté du statut de la personnalité schizotypique. Elle ne conserve au chapitre des personnalités pathologiques que la personnalité schizoïde, décrite en termes d'anhédonie, d'indifférence à autrui, de froideur affective, de repli social, de tendance à la rêverie et à l'introspection. [...]
[...] Le diagnostic de la schizophrénie latente chez Bleuler semble surtout rétrospectif dans l'après coup de la maladie ou lors d'une inflexion brutale dans l'évolution d'une personnalité pathologique. Tout en étant convaincu du caractère processuel et organique de la maladie et du caractère psychiogéne de l'essentiel des symptômes, Bleuler ne fait pas de différence entre les particularités du caractère premorbide, celles qui sont observées dans la famille du malade, et les traits résiduels après un accès antérieur : l'ensemble de ces particularités constitue la schizoïdie, ou à un degré quantitatif de plus, la schizopathie. [...]
[...] En ce qui concerne la personnalité schizotypique, la révision de 1987 ne fait pas mention des manifestations de dépersonnalisation et de déréalisation. Mais elle maintient le double registre clinique des bizarreries idéiques et comportementales et du retrait social. La délimitation entre personnalité pathologique et maladie est presque d'ordre quantitatif, avec toute l'approximation que cela implique. IV) Légitimité de la personnalité schizotypique Celle-ci n'est pas évidente, dans la mesure où cette personnalité n'existe que par ses rapports avec la schizophrénie. Bien plus, elle s'apparente plutôt à la maladie qu'un véritable type de personnalité. [...]
[...] Et comme, il faut bien considérer l'existence des cas qui se situent entre les deux, à la frontière, il dénomme schizoïdes les formes intermédiaires entre le morbide et le normal, aussi bien que les formes morbides avortées Ici, les transitions du normal au pathologique sont insensibles, le prépsychotique, le psychotique, le post psychotique et le non psychotique simplement schizoïde, ne peuvent être séparés La schizoïdie est décrite par Claude comme une névrose infantile, dont les positions défensives sont toujours susceptibles d'être débordées sous l'effet des événements ou des conflits affectifs : ces débordements s'expriment sous forme de crises de schizomanie, accès délirants ou pseudo catatoniques ou transparaissent les thèmes des conflits refoules sous jacents, à travers des productions imaginatives ou hallucinatoires, ou le contact avec la réalité n'est jamais tout à fait perdu , et ou le patient reste plus ou moins conscient de leur caractère pathologique. Pour l'essentiel, ces états sont accessibles à la psychothérapie. Schneider développe une conception totalement différente. Pour lui, il existe une opposition irréductible entre la maladie et la pathologie de la personnalité, opposition qui est d'ordre qualitatif et non pas une question de degré comme chez Bleuler ou dans le courant psycho dynamicien. D'un coté : la schizophrénie, maladie processuelle pour laquelle il pose un postulat somatogéneé même si l'étiologie somatique (on dirait aujourd'hui biologie) ne nous est pas connue. [...]
[...] Le DSM III décrit ainsi deux types de personnalités apparentées à la schizophrénie : la personnalité schizoïde, qui est caractérisée seulement par la dimension du retrait social (froideur affective, insensibilité à autrui et la personnalité schizotypique, caractérisée a la fois par ce même retrait social et par une série de manifestations évoquant a minima la dissociation et le délire. La révision du DSM III ne modifie pas beaucoup les critères diagnostiques de ces deux types de personnalités. En ce qui concerne la personnalité schizoïde, l'accent reste mis sur la froideur affective et l'indifférence aux relations interprofessionnelles. [...]
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