Les paranoïaques sont connus depuis toujours, et le 19eme siècle s'y intéresse vite, au moins dans leur dimension de perturbateur social. Parmi les monomanies d'Esquirol, celle qu'il dénomme "affective" (ou raisonnante) évoque bien des aspects de la personnalité paranoïaque.
Mais c'est surtout Falret et sa description des persecutés-persecuteurs qu'est isolé le cadre de la psychose paranoïaque : sous le terme de stigmate psychique, Falret décrit une personnalité préexistante au délire où l'on reconnaît les traits classiques d'orgueil, de méfiance, d'agressivité, de fausseté du jugement, de mépris ou d'indifférence aux autres (...)
[...] Face à cette conception assez unitaire de la paranoïa, Kraepelin opposera deux objections. La première consiste à récuser l'unité des délires paranoïaques : à coté de la paranoïa, caractérisée par le développement insidieux et continu, sous l'effet de causes internes, d'un système délirant inébranlable il distingue un délire de revendication, d'origine psychogène et secondaire à un dommage réellement subi. Mais surtout, il reconnaît un type de personnalité, marqué par l'orgueil, la méfiance, la passion et la soumission du jugement aux la sentiments, personnalité qui se révèle indépendante du délire. [...]
[...] Kretschmer décrit trois variétés de personnalité paranoïaque : les paranoïaques de combat, les paranoïaques de souhait et les paranoïaques sensitifs. Que l'on accepte ou non la position de Kretschmer sa description des trois types est considérée par Pichot comme la plus satisfaisante. La personnalité de combat correspond assez étroitement aux fanatiques de combat de Schneider et à la personnalité paranoïaque de l'école française. Les paranoïaques de souhait sont très proches des fanatiques ternes. Quant à la personnalité sensitive, c'est une description originale qui a été largement adoptée. [...]
[...] Par bien des aspects, les sensitifs sont proches des psychasthéniques et des obsessionnels. Définition actuelle Elles sont généralement simplifiées et unitaires. Le DSM (diagnostic et statistique des troubles mentaux.) définit la personnalité paranoïaque à l'aide de trois dimensions simultanément présentes : celle du soupçon de la méfiance généralisée, de la jalousie ; celle de la sensitivité, dans un registre d'ailleurs plus proche de la susceptibilité et de la contre- attaque que celle des sensitifs de Kretschmer ; et enfin celle de la froideur affective, du refus des émotions et des sentiments. [...]
[...] Personnalités paranoïaques L'évolution des idées sur les personnalités paranoïaques s'est faite en deux temps. D'abord, la notion même de personnalité paranoïaque s'est progressivement dégagée de l'ensemble des phénomènes paranoïaques (psychoses et réactions), aboutissant au début du siècle à une grande richesse de descriptions cliniques. Dans un deuxième temps, le mouvement s'est fait dans le sens d'une réduction vers une conception plus unitaire et simplificatrice. Il reste que c'est dans ce domaine que les limites entre personnalités et psychoses sont le plus difficile à trancher. [...]
[...] Les difficultés relationnelles dans le domaine familial, professionnel ou personnel entraînent un isolement social réel et un repli sur soi progressif, qui ne fait qu'accentuer les autres traits. L'école Allemande élargit quelque peu cette description. Schneider, qui récuse mes liens entre la paranoïa et les personnalités pathologiques, qualifie celle-ci de psychopathes fanatiques et en distingue deux aspects. D'une part, les fanatiques de combat actif, sthéniques, instables et expansifs au sens de Kretschmer : ce sont les quérulents (pseudoquérulents de Kraepelin), les ergoteurs, les redresseurs de tort, activement orientés vers la défense de leurs intérêts et de leur cause personnelle. [...]
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