En France, les premières expériences autour des bébés nageurs datent seulement d'une trentaine d'années, mais connaissent un plus grand succès depuis 15 ans. On a d'abord tenté de savoir si l'on pouvait dépister précocement des aptitudes à la compétition, mais l'on s'est vite aperçu de l'intérêt principal de cette activité : un formidable moyen de communication entre le petit enfant et ses parents.
On a également beaucoup écrit sur la genèse des liens inconscient et conscient qui organisent le rapport père-fils et le rapport père-fille aux différentes phases de l'évolution psychologique de l'enfant. Par contre, nous manquons encore d'études systématiques sur les origines et la mise en place de la relation père-enfant au cours du premier stade de la psychogenèse (la phase pré-œdipienne), période classiquement conçue comme dominée par l'importance de la mère.
Ce dossier se situe au carrefour entre ces 2 sujets : d'un côté l'activité aquatique des bébés nageurs, et de l'autre le lien entre le père et son enfant. En effet, il semblerait qu'il y ait davantage de pères que de mères qui accompagnaient leurs bébés, ou encore, les pères seraient dans l'eau alors que les mères resteraient à l'extérieur. For de ce constat, une foule de questions se posent, en rapport à ce lien spécifique qui semble exister durant l'activité bébés nageurs.
Quels sont les différents rôles du père et de la mère pendant cette activité ?Quelle est la place du père par rapport à son enfant durant cette activité ? Quels sont les enjeux issus cette situation ? Toutes ces questions ont émergés après avoir assisté en observateur à plusieurs séances de bébés nageurs.
Ainsi, dans une première partie, nous allons faire un bref historique de l'activité aquatique des bébés nageurs, tout en décrivant le déroulement d'une séance normale, ainsi que les divers objectifs et méthodes. Dans un second temps nous allons considérer cette activité comme familiale en détaillant les interactions en jeu entre le bébé et ses deux parents, entre le bébé et sa mère, et nous allons souligner la spécificité du lien entre le père et son enfant durant cette pratique aquatique.
[...] Le bébé est déposé sur de petits tapis flottants alvéolés, accompagné par la voix de ses parents: "l'autonomie commence parce que les parents acceptent de laisser leur bébé dans une position instable. C'est leur l'aptitude à accepter qui va aider le bébé à prendre de la distance", explique le psychologue. Une expérience que le témoignage d'Hervé, papa d'ex-bébés nageurs, vient corroborer : "J'ai été un père très maternant. Je portais beaucoup mes enfants tournés vers ma poitrine. A la piscine, j'ai appris à les porter vers l'extérieur, pour leur montrer l'eau, tout en restant présent et en contact", explique-t-il. [...]
[...] L'objectif était de leur apprendre à nager pour éviter de se noyer. Par ailleurs, quelques spécialistes de natation se sont intéressés à cette pratique en considérant que l'apprentissage de la notation pouvait se faire tôt. Cette discipline s'est importée en France à partir de 1968 à Paris dans la piscine de l'institut national des sports, grâce à M. Jaques Vallet. L'objectif était de mener des expériences pédagogiques sur les pratiques aquatiques dans le but de voir s'il n'existait pas de risques psychologiques dûs à cette activité. [...]
[...] Le père : partenaire de jeux privilégiés Tout au long des premiers mois, le bébé est confronté à deux modes de communication non verbale en partie différents. Depuis les travaux déjà anciens de Yogman, sur le jeu social observé chez des bébés suivis entre l'âge de deux semaines à six mois, on sait que les mères et les pères n'utilisent pas les canaux de communication non verbale de façon identique : les premières privilégient la stimulation visuelle, ce qui a un effet régulateur, les seconds la stimulation tactile et kinesthésique qui a un effet excitant. [...]
[...] C'est ce que l'on appellera une situation étrange. Cette expérience a été adaptée dans le but d'objectiver les réactions du jeune enfant face à la présence et au départ de la mère et/ou du père, ou encore d'une personne étrangère. Le résultat le plus important de ces différents travaux peut s'énoncer en une phrase : alors que le départ de l'étrangère ne perturbe aucunement l'enfant, celui de la mère ET du père est suivi d'une protestation intense. On parvient donc à la conclusion que les deux parents ont le même potentiel de base sûre, et que la mère n'en a plus l'unique monopole. [...]
[...] La mère a tendance à se montrer plus protectrice, et le père plus stimulant. En ce qui concerne les modalités de stimulation, la mère montre une prévalence pour la stimulation avec l'objet, le père pour les trois autres formes de stimulation (tactile, avec support, et indirects). En résumé, on pourrait dire que l'enfant se sent autant en sécurité avec son père qu'avec sa mère, qu'il prend davantage de risques en présence du père que de la mère, et qu'il répond plus aux stimulations du père, qui sont plus nombreuses, qu'à celles de la mère. [...]
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