Le terme d'organisation procède tout d'abord du terme organe (orgue), désignant un instrument, un moyen (instrument de musique, de connaissance...). Par extension, il a par la suite été expliqué aux différentes parties du corps humain vues comme des instruments (organe génital), puis, au XVIIIe siècle par métonymie, à l'organisme entier lui-même, c'est-à-dire à un être vivant pourvu d'organes.
Ainsi, organiser, c'était d'abord (dès le XVe siècle) pourvoir un corps d'organes puis le doter de dispositions (morales ou physiques). L'organisation désignait ainsi un état : celui d'être organisé, c'est-à-dire apte à la vie (...)
[...] Durant plusieurs décennies, cette illusion a été, nous venons de le voir, à l'origine de nombreuses recherches sur les organisations, de la part de sociologues et de psychosociologues notamment. Ce n'est que relativement récemment que certains ont pris conscience que cette illusion tendait le plus souvent, dans la pratique des entreprises, à subordonner la seconde logique à la première, c'est-à-dire à soumettre les besoins psychologiques et sociaux aux exigences de la rationalité, et à réduire l'organisation et ses membres à un instrument performant. [...]
[...] Cela n'infirme en rien l'autonomie relative du moment d'élaboration théorique. Mais, ce moment s'inscrit dans le processus global d'une pratique théorisée, source de changement social. ( La nécessaire complexité multidisciplinaire. Toute perspective psychosociologique du changement repose à la fois sur une conception psychologique du changement individuel ou personnel et sur une conception du changement social. La référence à plusieurs disciplines et, au moins, aux apports de la psychologie et de la sociologie est une constante des travaux sur le changement psychosociologique. [...]
[...] Règles et représentations Il faut insister sur le fait que l'organisation se structure et n'existe en tant que telle que parce qu'elle repose sur des règles, par nature arbitraires, donc humaines. Leur légitimité ne repose pas sur des valeurs ou sur une autorité transcendante, universelle, religieuse, morale, ou même fonctionnelle. Elles traduisent la volonté d'hommes et de femmes concrets qui s'associent librement pour vivre ensemble et non de façon isolée, lutter contre tout ce qui menace leur vie, établir les bases d'une civilisation si l'on entend par là les conditions d'une production spirituelle (fondée sur une langue, des coutumes et des conventions) régissant les relations et se substituant à la loi du plus fort Il faut insister là-dessus car c'est cela précisément qui spécifie le fait organisationnel, qui lui donne sa force mais qui souligne aussi sa fragilité : les organisations sont mortelles puisque vivantes ; comme les hommes, elles ne seront jamais une protection ou un recours contre la mort, à moins de se transformer elles-mêmes en institutions mortifères. [...]
[...] Pouvaient concevoir une organisation comme un tout tendant vers l'unité et la cohérence ? Celle-là tendait ainsi à être identifiée à un objet fini, existant en soi et pour soi, tel un système clos, relativement indépendant de son environnement et englobant l'ensemble des fonctions sociales (intégration, formation socialisatio, production et reproduction de biens plutôt que comme un processus ou une mise en acte, effectuée par des sujets, engageant des rapports de coopération ou d'entraide limités à des objectifs définis, et n'ayant de sens que comme un élément de la société globale, et, dans ce sens, confronté en permanence à l'incertitude, à l'aléatoire et à l'inachèvement. [...]
[...] Ainsi, organiser, c'était d'abord (dès le XVe siècle) pourvoir un corps d'organes puis le doter de dispositions (morales ou physiques). L'organisation désignait ainsi un état : celui d'être organisé, c'est-à- dire apte à la vie. Ce n'est qu'à partir des années de la Révolution française que le terme se déplace du champ de la biologie, et de ceux de la psychologie et de la morale (où l'organisation désignait une manière d'être) pour s'appliquer aux institutions et prendre une signification politique ; organiser, c'est agir de façon à doter des établissements d'une structure, d'une Constitution. [...]
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