Depuis quelques années, on a beaucoup insisté sur une particularité de la sémiologie et de la méthode clinique en psychiatrie. On a pu penser en effet que l'observation psychiatrique ne peut être ni purement objective ni purement subjective, mais que l'essentiel de la connaissance clinique des malades mentaux est constitué par la rencontre du médecin et du malade. L'examen clinique psychiatrique constitue en effet le plus singulier des colloques singuliers, car il est fondé sur une pénétration intersubjective de l'esprit de l'observateur qui cherche à comprendre et de l'esprit du patient qui s'abandonne ou se refuse au contact avec autrui (...)
[...] Nous pensons que trop de problèmes fondamentaux (les rapports du psychisme avec le cerveau) ou pratiques (diagnostic et thérapeutique des Syndromes psychopathologiques symptomatiques d'affections directes ou indirectes du Système nerveux central) font, au contraire, au Psychiatre obligation de connaître la Neurologie plus que cela n'est nécessaire au Médecin en général. L'examen neurologique apparaît donc comme une dimension importante de la clinique psychiatrique en tant qu'investigation en vue d'un diagnostic positif de maladie mentale à étiopathogénie cérébrale, et non pas seulement en tant que diagnostic différentiel, posant que, puisqu'il s'agit d'une affection mentale, elle n'a rien à voir avec la pathologie cérébrale. [...]
[...] Nous voudrions à ce sujet illustrer l'importance de quelques troubles ou syndromes neurologiques pour le diagnostic étiologique de certains syndromes mentaux. Ainsi dans les états oligophréniques, on recherchera systématiquement à établir la nature du processus cérébral par un bilan hormonal, l'examen des urines (acide phénylpyruvique, etc.), l'examen du fond d'oeil (phacomatose) et les signes d'un déficit moteur (hémiplégie ou diplégie infantile) ou sensoriel (surdité, amaurose, cataracte, etc.), examen du caryotype. Dans les états démentiels on aura pour objectif principal de rattacher ce syndrome à un des grands processus qui statistiquement sont les plus importants : atrophie cérébrale (à type de maladie d'Alzheimer ou de Pick) ; syndromes vasculaires cérébraux (artériosclérose cérébrale, foyers de ramollissement par thrombose, hémorragies cérébrales, embolies cérébrales, angiomes, etc.) ; tumeurs cérébrales (gliomes, médulloblastomes métastatiques, méningiomes, craniopharyngiomes) ; et plus exceptionnellement méningo-encéphalite syphilitique (P. [...]
[...] Le Psychiatre n'interroge pas comme un policier, il n'interviewe pas comme un journaliste et ne cause pas avec son malade comme le ferait son concierge : il doit se mettre en relation affective et réfléchie avec lui. Il doit choisir le niveau le plus favorable à la communication et à la compréhension (Einfuhlung, disent les Allemands Empathy, disent les Anglo- saxons). Disons tout simplement sympathie, qui est une relation affective différente de la neutralité bienveillante. Car tout examen psychiatrique doit être non seulement une stratégie diagnostique, mais aussi une rencontre déjà psychothérapique. [...]
[...] On ne saurait donc, parce que l'on fait un diagnostic de Psychose (et même de Névrose), s'affranchir du même coup de l'obligation de rechercher systématiquement quelle manifestation d'une affection générale ou nerveuse, génétique ou acquise, elle peut représenter. [...]
[...] A nos yeux, cette méthode plus synthétique et compré-hensive de connaître les malades est précieuse ; elle n'exclut pas, mais complète heureusement la rigueur de la sémiologie classique. II) Examen somatique Il ne s'agit pas d'un acte de routine ou de pratiquer une sorte de geste plus ou moins symbolique, car l'examen clinique soigneux des divers appareils et des diverses fonctions est absolument indispensable à l'investigation sémiologique psychiatrique quel que soit l'aspect clinique de la maladie mentale (psychose ou névrose). [...]
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