La psychiatrie, cette branche de la science médicale dont l'objet est la « maladie mentale », n'a pu se constituer que dans la mesure où la notion de maladie mentale s'est dégagée assez clairement. Or, les « troubles de l'esprit » ont été longtemps considérés - et le sont encore dans certaines formes de civilisation - comme des maladies « surnaturelles ». D'autre part, la médecine, pour se saisir de cet aspect si déconcertant de la pathologie, a dû s'affranchir de la notion de maladie des organes et des fonctions avant de considérer la maladie mentale comme une espèce assez spéciale de maladie pour altérer l'homme dans son psychisme, c'est-à-dire dans son « humanité » ou si l'on veut dans sa coexistence avec autrui et la construction de son Monde (...)
[...] Celui-ci ne peut être que d'établir le diagnostic et un traitement des maladies mentales considérées tout à la fois comme des anomalies de l'organisation psychique, comme l'effet des conditions organiques qui leur imposent une forme sémiologique et évolutive et comme l'expression de forces inconscientes déchaînées. Un autre aspect, et fondamental, de l'esprit et de la pratique qui sont à la base de la psychiatrie actuelle, c'est la primauté des conduites thérapeutiques sur toutes les spéculations qui risquent de les stériliser. C'est dans ce sens que l'on peut dire que la psychiatrie s'est de plus en plus intégrée à ce que l'on appelle la science médicale qui est avant tout l'art de guérir. [...]
[...] Et c'est parce qu'elle répond à cette exigence, à cette demande que la Psychiatrie trouve naturellement sa place dans la Médecine. Elle la perd, au contraire, aux yeux de ceux qui nient la réalité des maladies mentales ou aux yeux de ceux dont l'action ne se veut pas essentiellement thérapeutique. [...]
[...] L'ouvrage de H. F. Ellenberger (1970) en retrace avec rigueur le développement. Celui-ci est axé sur la découverte de l'Inconscient. Cette découverte ou, plus exactement, la naissance de la Psychiatrie dynamique, Ellenberger en fixe la date à 1775, à l'époque où avec Mesmer et le Magnétisme animal se dégagea l'idée de maladies nerveuses dues à un fluide Ce fluide fut remplacé ensuite par les esprits (spiritisme), puis par la suggestion (hypnotisme). Avec P. [...]
[...] C'est ainsi que la clinique psychiatrique s'est constituée, et qu'elle peut fournir à l'heure actuelle encore (nous le verrons dans les chapitres de ce Manuel) le schéma indispensable à l'observation, au diagnostic, au pronostic des troubles mentaux. Au cours de cet immense labeur qui supposait une perspective organique et anatomo-pathologique des maladies mentales, la psychiatrie clinique même si elle a dû renoncer à son rêve (considérer toutes les maladies mentales sur le modèle de la P. G.) a donc solidement établi avec les formes typiques des maladies mentales la loi de leur évolution. [...]
[...] Janet et surtout avec S. Freud, la possession du névrosé fut envisagée comme une possession par l'automatisme inconscient et les pulsions inconscientes et refoulées. Depuis l'idée moyenâgeuse de la possession par le Diable (l'Autre avec un grand jusqu'à l'idée de possession par l'Inconscient (l'autre avec un petit il y a en effet une sorte de continuité anti-psychiatrique Il faut entendre par là le mouvement qui s'est toujours opposé à considérer la maladie mentale comme une maladie naturelle. En la considérant de plus en plus comme une maladie extra-naturelle, on s'est peu à peu habitué à considérer qu'elle n'est même pas une maladie du tout. [...]
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