Le 21 mars 2008, une secrétaire du siège social de PSA met fin à ses jours à son domicile. Elle était en période de reclassement dans le cadre d'un plan de départs volontaires.
Cela faisait presque 20 ans qu'elle travaillait dans cette entreprise. Ce plan proposait aux salariés de partir volontairement de l'entreprise en échange de quoi ils bénéficiaient d'un suivi personnalisé dans la recherche de leur nouvel emploi. Selon l'avocat de la famille, cette femme s'est retrouvée désespérée, ne pouvait plus supporter la pression dont elle était victime depuis septembre 2007 face à la décision irrévocable de son départ volontaire. Selon son entourage, elle était en dépression à cause de son licenciement prochain. Quatre jours après avoir repris ses dernières affaires au siège, cette femme se suicidait. Il s'agit du septième suicide chez PSA en moins d'un an.
[...] Souffrir à cause de son travail n'est pas forcément une idée dénuée de fond. En effet, et nous l'avons dit plus haut, par son étymologie, le travail renvoi à la souffrance, à la torture. Pour appuyer cela, nous pouvons prendre l'opposition qu'il existe entre l'otium et le negotium. L'otium désigne les loisirs. Le negotium le travail (cf le négoce). Un travail sans souffrance, sans difficulté, sans obstacle serait un loisir. Or cela n'est pas possible. [...]
[...] La société est basée de manière indéniable autour de la place centrale confiée au travail, de l'échelonnage social et catégorisée à travers les classes sociales. Cette prépondérance de la notion de travail ne laisse pas seulement transparaitre une possibilité d'explication de l'origine de l'ordre social et de la lutte des classes, mais elle influe également de manière inéluctable sur la mentalité de chacun. Avoir un travail, offrant telles reconnaissances sociales, souffrant telles difficultés d'adaptation ou d'exécution, ou même avoir perdu son travail, et ne pas en retrouver, ce sont autant de situations où la vie mentale de l'individu est en jeu. [...]
[...] Il a fallut donc pour ces sociétés trouvées une parade leur permettant de combler tant bien que mal ce retard en utilisant des méthodes qui ne sont, pour le plus souvent, que très peu conventionnelles et incombant à l'employé des contraintes importantes tant au niveau moral, qu'au niveau physique. Plusieurs entreprises n'hésitent pas à utiliser des méthodes peu scrupuleuses afin de pomper au maximum l'apport de leurs employés au sein de l'entreprise. C'est ainsi qu'en France on retiendra surtout l'entreprise France Telecom, qui jouit malheureusement de cette image d'entreprise tueuse d'employés. [...]
[...] Ainsi, les entreprises entre elles se considèrent-elles comme en guerre mais la concurrence se ressent également entre les employés d'une même firme. Ceux-ci sont amenés, encouragés par leur direction et managers, dans un but de profitabilité et de compétitivité économique, à s'investir tout entier dans leur travail, et à considérer si possible leurs collègues comme tout autant de menaces, quitte à agir souvent de manière déloyale, de la façon froide et déterminée que l'on attend de soldats entraînés. Subrepticement, quelque chose se casse dans la mentalité de l'employé et un sentiment de désertification se forme en lui, l'agressivité prônée de toutes parts par les enjeux économiques et la direction n'aidant pas au maintien de la confiance avec ses collègues. [...]
[...] Devant tout cet acharnement, l'employé ne trouve pas d'autre solution, soit il lutte à perte, car de toute les manières l'entreprise fera de lui ce qu'elle veut, soit il part et limita ainsi les dégâts, soit il reste et en assumera les dégâts irrévocables, tel que le suicide. C'est une décision délicate, qui incombe à la société française en générale. Cette situation a trop longtemps était impunie par les décideurs hiérarchiques, et suppose aujourd'hui des méthodes managériales plus humaines et moins coercitives, permettant à l'employé de se sentir appartenir à une famille professionnelle et ainsi donner le meilleur de sa personne de manière volontaire et spontanée. [...]
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