Le champ d'intérêt de la psychologie des troubles mentaux est d'abord celui de la reconnaissance des faits psychiques. Cela signifie d'attester de la vie psychique ou mentale de l'individu au même titre que sa vie organique ou corporelle.
Introduction
Pour devenir conscient, le sujet doit refouler : il lui faut renier ses déterminismes. Pour cesser d'être un « objet », il trahit ses parents.
Cette culpabilité ontique oriente dès son origine la conscience. Apercevoir quelque objet, c'est ressentir le poids d'une insondable faute originelle.
La moindre perception donne la mesure d'une dette avant même de connaître le sens de ce devoir : Qui a rapport à l'étant (aux choses déterminées qui sont dans le monde), par opposition à l'être.
Sensation la plus simple est déjà orientée par une éthique.
D'une certaine façon, l'être humain se sent coupable d'être un sujet, il préférerait croire qu'il n'est qu'on objet. On comprend ainsi la puissance des théories organicistes, qui sèment l'idée que le corps n'est qu'une machine coordonnée par des neurotransmetteurs, programmée par des gènes, et que les comportements sont déterminés.
Scientificité ? Madame Utah Frith, a fait d'importantes recherches sur l'autisme en s'intéressant plus spécialement aux fantasmes qui unissent la mère à son enfant. Sans que rien ne l'y oblige dans ses observations, elle a conjecturé l'existence d'une lésion cérébrale, comme si cela devait donner davantage de scientificité à ces travaux. Cette méthode est-elle scientifique ?
Sous couvert de « scientificité », la psychologie des troubles mentaux peut engendrer une déshumanisation de la souffrance. La pensée unique qui correspond à cette politique de scientificité porte le nom de différentes nomenclatures, dont la plus connue est le DSM. Ce manuel fabriqué par les psychiatres américains se présente comme une étude pragmatique appuyée sur des statistiques et destinées à répertorier « objectivement » des symptômes. (...)
[...] Ce fantasme scientifique est d'arriver à lire le plus petit à partir du plus grand, le plus grand à partir du plus petit. Ce mythe scientifique, l'unification est intéressant, robuste, permanent, et est présent dans nos consciences : Partir d'une neurotransmission pour penser le cerveau, partir du cerveau pour traiter un patient. D'un point de vue épistémologique, nous sommes dans une période de forçage concernant cette pensée unifiante en psychologie, ce qui implique un lien direct entre les faits cérébraux et les faits psychiques. Nul ne doute que des processus psychiques s'articulent à l'organique. [...]
[...] L'intolérance aux conflits, à la souffrance ne peut qu'augmenter, puisqu'à la demande de faire cesser ces troubles, des réponses psychologiques immédiates y sont ajoutées. À force de traiter trop rapidement la souffrance, on rend le patient intolérant à celle-ci. Cette tendance à soigner scientifiquement s'installe aussi pour les plus vulnérables de nos sociétés : enfants, personnes âgées, handicapées de toute allégeance. L'exemple d'une conduite diagnostiquée comme une maladie, avec une thérapie pour la traiter, illustre cette rupture radicale dans l'approche des souffrances humaines. En résumé : Plusieurs thérapies psychologiques produisent une idéologie, indépendante de la scientificité à laquelle elle recourt. [...]
[...] L'organicisme occupe les lieux de décisions hégémoniques. De sorte que les psychologues et les travailleurs de la santé mentale ainsi formés ne comprennent plus rien aux concepts de la vie psychique, qu'ils considèrent comme des vieilleries Cet état de fait devient d'autant plus préoccupant que ce nouvel organicisme prétend non seulement à l'hégémonie, mais à l'exclusivité, en cherchant à se légitimer, grâce aux neurosciences, de manière infondée. Les neurosciences n'ont rien découvert qui justifie cette nomenclature, et ce n'est pas parce que les psychiatres américains ont fait adopter leur classification par la majorité de l'Association mondiale de psychiatrie que sa valeur scientifique est prouvée. [...]
[...] WITTGENSTEIN, L Leçons et conversations, Paris, Gallimard. [...]
[...] Il s'avère donc essentiel de saisir le sens que donne un individu à une situation pour comprendre ses motifs qui sont subjectifs. On ne peut donc pas réduire la raison à la présence ou l'absence d'une condition dite objective. Cela ne signifie pas que l'âme et le psychisme flottent hors du corps. Il s'agit d'admettre que, si à tout événement mental correspond un état cérébral (monisme versus dualisme), il n'existe aucune loi psychophysique stricte qui permet, à partir d'un état cérébral, de déduire, décrire et prédire un état mental. [...]
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