David Olère, Zoran Music, déportation, Auschwitz, Dachau, famille juive, Varsovie, Sonderkommando
Zoran Music est né en 1909 à Bukovica, un petit village près de Gorizia, qui appartenait à l'Empire austro-hongrois, et situé à la frontière italienne.
Son père était maître d'école ainsi que sa mère. Dès son enfance, Zoran Music manifeste un goût affirmé pour le dessin. Dans son entretien avec Michael Peppiatt, il avoue qu'il dessinait tout le temps, qu'il faisait des dessins pour les autres et les montrait à tout le monde. « C'est venu tout naturellement », explique-t-il. « Quand j'étais plus grand on a pensé que je devais faire des études d'architecture, mais ça n'a jamais marché. J'étais incapable de faire une ligne droite ».
[...] Elle comprenait l'ancien four crématoire et le nouveau auquel était adjointe une chambre à gaz, même s'il semble bien que cette dernière n'ait pas fonctionné. Les prisonniers de Dachau ont été soumis au travail forcé. Ces derniers étaient employés pour le fonctionnement du camp, dans divers projets de constructions, et dans de petites industries artisanales installées sur le site même, là où Music a travaillé. D'autres étaient affectés à la construction des routes, travaillaient dans des carrières de pierre, et drainaient des marécages. La mort à Dachau était une mort lente. [...]
[...] Lorsqu'il insiste sur son rôle de peintre, il ne met pas en avant le témoin, mais il l'envisage avant tout comme un artiste qui doit prendre note de ce qu'il voit et qu'il ne juge pas incompatible avec l'acte de représenter. Il dit : J'étais peintre. Je suis peintre. Ce n'est pas que je voulais témoigner. Mais la chose était tellement énorme. Je n'ose pas employer le mot énorme. Monumental, d'une beauté atroce, terrible. Quelque chose d'incroyablement, d'énormément tragique, d'incompréhensible, pouvoir assister à un paysage de mort, un paysage de ce genre-là. [...]
[...] La réalité était hallucinante confie Music à Michael Peppiatt. Ce qui la rendait hallucinante c'était la présence permanente de la mort. L'imminence de la mort, lorsqu'il dit : Je commençais à dessiner un homme qui en était à un point tel qu'il était mort avant que je termine mon esquisse. Dehors, les montagnes de corps se multipliaient L'imminence de la mort, la mort de l'autre, mais aussi la sienne. Et c'est sans doute aussi pourquoi l'acte pictural de Music ne relève pas du témoignage Il dit : J'étais le peintre qui devait faire ça parce qu'il ne pouvait pas faire autre chose. [...]
[...] On ne pense à rien d'autre qu'à l'estomac, qui a faim. Music insiste sur l'environnement de son rapport à la mort qui est déterminant dans l'acte de représenter, mais aussi dans le contenu de la représentation, l'intimité et l'imminence de sa propre mort, sans comparaison avec ce qu'il a pu réaliser à l'Institut d'anatomie, où il n'était pas mort. Ce ne rien comprendre à l'importance de l'impact de la mort, vécu ici de manière permanente de la mort, dans sa représentation, dans l'acte de représenter à Dachau. [...]
[...] Plusieurs corps sont placés sur un même brancard avant de les plonger dans les flammes. D'autres attendent, disposés en tas, alors qu'à l'arrière-plan, un amas de cadavres insiste sur la tâche qu'il reste aux membres des SK à accomplir. Les portes des autres fours sont fermées, mais laissent échapper de la fumée. Une fumée remplie de cadavres qui s'envolent/disparaissent dans le ciel, par l'immense cheminée du crématoire ainsi Olère représente-t-il les corps qui partent en fumée. = David Olère est spectateur de ses scènes, mais il se représente aussi en acteur. [...]
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