Le baillement est un comportement évolutivement ancien, largement répandu dans le règne animal. L'expérience quotidienne que nous en faisons, tant personnellement que socialement, en font un sujet éthologique particulièrement intéressant, dont les différentes modalités peuvent permettre d'explorer non seulement plusieurs mécanismes du comportement humain, mais également l'hypothèse d'une continuité phylogénétique.
L'étiologie cherche en effet à comprendre la causalité et les fonctions des comportements et, à ce titre, la contagion du bâillement représente une particularité intéressante en ce qu'elle renvoie à notre remarquable tendance à initier nos congénères (...)
[...] À ce titre, la contagion du bâillement, par sa discontinuité phylogénétique, paraît refléter l'apparition de mécanismes cognitifs ancrés dans un contexte social, qui pourraient avoir été élaborés de façon graduelle à l'image du modèle de simulation que nous avons décrit comme pouvant être à son origine. Il nous reste à déterminer, dans cette perspective, si le bâillement s'avère contagieux entre différentes espèces. Mais cette question, qui peut sembler anecdotique, ne reflète que la persistance du caractère insolite attribué à ce phénomène et à ceux qui l'étudient BIBLIOGRAPHIE ANDERSON J. R. & MENO P Psychological influences on yawning in children. Current Psychology Letters Vol.2. ANDERSON J. R., MYOWA-YAMAKOSHI M. [...]
[...] Nous traiterons ce sujet dans la partie suivante II. A Neurophysiologie Les connaissances actuelles découlent principalement d'études pharmacologiques réalisées chez le rat mâle et se composent de données parcellaires, parfois contradictoires. Le bâillement fait intervenir plusieurs structures cérébrales et de nombreux neuromédiateurs. La plupart des arguments cliniques et pharmacologiques permettent de suggérer l'intervention de l'hypothalamus, notamment le noyau paraventriculaire, l'hippocampe et la formation réticulée du tronc cérébral, ainsi que des connexions à la moelle épinière et sans doute au cortex cérébral. [...]
[...] Cette conception permet d'imaginer la persistance du bâillement comme associé aux mécanismes de la vigilance. Le développement de structures plus récentes, comme le système limbique et le cortex, serait à l'origine de nouveaux mécanismes, voire de nouvelles fonctions rattachées au bâillement et à chaque étage pourraient correspondre différents niveaux d'analyse du bâillement : - Le cerveau reptilien correspondant à la moelle épinière et au tronc cérébral, est le siège des fonctions vitales automatiques et réflexes ; cet étage constituerait le lieu d'origine du bâillement. [...]
[...] La susceptibilité à la contagion chez les aveugles (WALUSINSKI & DEPUTTE 2004) confirme l'existence d'une modalité auditive, la perception se faisant grâce à la dynamique respiratoire et aux vocalisations caractéristiques. La vue et l'audition d'un bâillement ne sont pas les seules modalités impliquées. Provine prétend ainsi que depuis qu'il réalise des études sur le bâillement, il est lui-même devenu un puissant déclencheur! De la même manière, la lecture d'un texte sur le bâillement ou une simple pensée suffisent à initier des bâillements. La contagion du bâillement présente une variabilité temporelle et interindividuelle. [...]
[...] Cette activation serait en accord avec un phénomène primitif d'empathie (la capacité à se mettre à la place de l'autre pour comprendre ses émotions), qui pourrait appartenir à un système plus sophistiqué à l'origine des processus intentionnels et conscients, en particulier de la théorie de l'esprit. À la base de ce système se trouverait une capacité fondamentale, la conscience de soi. Il a été montré que celle-ci est reliée à la susceptibilité à la contagion du bâillement. Ainsi, les sujets les plus sensibles à ce phénomène reconnaissent plus rapidement leur visage (PLATEK et al. [...]
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