L'attention sélective est un construct qui réfère à un ensemble de processus assurant la focalisation des ressources attentionnelles sur une partie spécifique et limitée des informations potentiellement traitables à un moment donné de manière à maximiser l'efficacité du traitement. Cette focalisation est rendue possible grâce à des processus de sélection et d'activation de l'information cible et grâce à l'inhibition de l'activation des informations potentiellement perturbatrices du traitement focal. L'intégrité de certains processus inhibiteurs est donc nécessaire au bon fonctionnement de l'attention sélective. C'est pourquoi les modèles actuels du fonctionnement attentionnel accordent une importance cruciale aux processus inhibiteurs. En effet, si les processus de sélection et d'activation sont nécessaires à la focalisation de l'attention, cette focalisation ne pourrait être efficace sans l'intervention de processus limitant l'interférence produite par les informations non pertinentes par rapport à l'activité en cours ; en effet, comme on va le voir, de nombreux travaux montrent que ces informations non pertinentes ne sont pas passivement ignorées mais ont tendance à être activement supprimées. Par ailleurs, puisqu'un fonctionnement attentionnel optimal exige une flexibilité dans l'allocation du foyer attentionnel, une désélection des informations devenues non pertinentes ainsi qu'une capacité à sélectionner des informations précédemment considérées comme non pertinentes sont également nécessaires. Il est donc possible de distinguer conceptuellement trois dimensions de l'inhibition intervenant au niveau de l'attention sélective : a) la suppression (ou non-sélection) des informations non pertinentes (ou distractrices) ; b) la suppression (désélection ou désengagement) des informations sélectionnées précédemment mais devenues non pertinentes ; et c) la sélection d'informations précédemment supprimées. Cette dernière fonction pourrait être sous-tendue par une capacité à inhiber une inhibition précédemment déployée. Mais il n'est pas certain qu'elle renvoie véritablement à un processus inhibiteur dans la mesure où il s'agit avant tout d'une sélection d'information. Quoi qu'il en soit, plusieurs paradigmes expérimentaux ont permis d'observer et puis d'étudier l'intervention des processus inhibiteurs dans le fonctionnement attentionnel sélectif. Nous n'allons présenter brièvement que les plus représentatifs d'entre eux.
[...] Néanmoins, comme le suggère May et al. (1995), cette interprétation ne semble valable que pour les tâches utilisant des stimuli dégradés ou présentés très brièvement, ou encore lorsque les séquences d'item sont particulièrement répétitives. Deux autres interprétation du phénomène ont été proposées suite à la constatation suivante : l'interprétation de l'amorçage négatif en terme d'effet résiduel du processus inhibiteur activé lors de la sélection de la cible prédit une relation inverse entre l'effet d'interférence et l'effet d'amorçage négatif. Or les études sont contradictoires à ce sujet puisque certaines identifient une corrélation négative, alors que d'autres une corrélation positive ou une absence de corrélation, et ce même lorsque l'amorçage négatif est exploré à partir du paradigme de Stroop (voir May et al., 1995). [...]
[...] En effet, Connelly & Hasher (1993) ont montré que les sujets âgés présentent un effet d'amorçage négatif de localisation normal alors qu'ils ne présentent pas d'amorçage négatif d'identité, contrairement aux sujets jeunes (expérience 3). Cette dissociation pourrait néanmoins être le reflet d'une non équivalence de la difficulté entre les deux tâches. Ce deuxième type d'amorçage négatif est à rapprocher du phénomène d'inhibition de retour inhibition of return qui est un phénomène de ralentissement de la vitesse de détection d'une cible visuelle lorsque celle-ci apparaît dans une localisation sur laquelle l'attention a précédemment été dirigée. Le paradigme d'amorçage négatif suggère que l'inhibition des stimuli distracteurs est un corollaire de la sélection du stimulus cible. [...]
[...] Les essais sont présentés par séquences de deux, l'item distracteur du 1er essai devenant l'item cible au 2ème. Cette condition d'amorçage négatif est comparée à une condition d'interférence où il n'existe aucune relation entre le stimulus distracteur et le stimulus cible entre deux essais successifs : cette comparaison permet de calculer un indice d'amorçage négatif. Finalement, cette condition d'interférence est comparée à une condition neutre où le stimulus cible est présenté isolément sur l'écran : cette comparaison permet de calculer un indice d'interférence. [...]
[...] Memory and Cognition 64-70. Dans ce genre de méthodologie, les ailiers sont toujours des items différents des 2 stimuli cibles. Néanmoins, certains ailiers apparaissent davantage avec l'un des stimuli cible, et inversement pour l'autre stimulus cible. L'effet des ailiers est dès lors estimé en comparant les temps de réaction pour les stimuli cibles fréquemment associés aux mêmes ailiers (e.g.80 ; condition de validité) aux temps de réaction pour les stimuli cibles rarement associés à certains ailiers (e.g.20 ; condition d'invalidité). [...]
[...] 175-204). San Diego, CA : Academic Press. Hartley, A.A. (1993). Evidence for selective preservation of spatial selective attention in old age. Psychology and Aging, 371-379. Jacoby, L.L. (1991). A process dissociation framework: separating automatic from intentional uses of memory. Journal of Memory and Language, 513-541. [...]
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