On a pu dire, et sans doute à juste titre, que la toxicomanie est inconsistante ou que le toxicomane n'existait pas. Ces énoncés qui condensent une perspective tout à fait passionnante sur la toxicomanie trouvent leur limite dans l'existence justement - mais cette fois au sens naïf et trivial de ce terme - des toxicomanes. Les différents discours - juridique, médical, psychologique, psychanalytique, éducatif etc. - et les pratiques professionnelles qu'ils suscitent en attestent suffisamment pour que nous n'ayons pas besoin de nous y attarder (...)
[...] Quand on sait l'articulation organique de ces pratiques avec les conceptions du monde de ces différents peuples, on peut se demander pourquoi et comment - par quel miracle - la médecine grecque a-t-elle pu s'affranchir de la magie et de la religion pour se constituer en une médecine clinique traditionnelle. Il n'y a bien évidemment pas de miracle dans la mesure où les raisons de cette exception grecque sont aujourd'hui tout à fait établies. Elles tiennent en substance en quatre déterminations : 1. [...]
[...] D'où les problèmes récurrents relatifs à la formation des médecins voire à leur identité professionnelle. L'autre événement majeur qui nous sépare de la science et de la médecine grecques, et qui est une conséquence du premier, c'est la découverte de l'inconscient et l'invention de la psychanalyse. Par rapport aux questions qui nous occupent dans le cadre de ces Journées la psychanalyse nous intéresse a minima par ce qu'elle introduit autour de cinq points : 1. la psychanalyse, dès Freud, introduit une réforme de la conception classique de la causalité. [...]
[...] R Llyod précise que les qualifications professionnelles des praticiens n'étant pas reconnues légalement, n'importe qui pouvait prétendre soigner les malades. Pourtant, nous voyons l'auteur du traité Sur l'ancienne maladie, par exemple, insister sur la distinction entre le médecin, qui a l'expérience de l' art et le simple profane (idiotes) ; de même, le traité Sur la maladie sacrée souligne la différence qui sépare le véritable représentant de l'art médical et le charlatan. En général, les connaissances et les aptitudes techniques se transmettaient, en médecine comme dans les autres arts et métiers, par le moyen d'un système analogue à celui de l'apprentissage, dans lequel les jeunes - souvent, mais non exclusivement, des fils de médecins - recevaient l'enseignement de praticiens déjà établis. [...]
[...] C'est même cette formalisation qui donnera à la passe et au désir de l'analyste leur véritable fondement de raison. Il s'en dégage d'ailleurs une thèse paradoxale qu'on pourrait formuler de la manière suivante : le psychanalyste se forme, et notamment par une psychanalyse didactique mais la psychanalyse, elle, ne se transmet pas; elle s'invente, d'être question de style, de désir et d'acte. & & & Je conclus : la domination de la civilisation moderne par le discours de la science ne fait peser sur beaucoup de pratiques humaines un risque mortel, celui de les réduire à de simples applications d'un savoir formalisé que n'habite aucun désir. [...]
[...] Archéologie du soin : de la pratique aux discours On a pu dire, et sans doute à juste titre, que la toxicomanie est inconsistante ou que le toxicomane n'existait pas. Ces énoncés qui condensent une perspective tout à fait passionnante sur la toxicomanie trouvent leur limite dans l'existence justement - mais cette fois au sens naïf et trivial de ce terme - des toxicomanes. Les différents discours - juridique, médical, psychologique, psychanalytique, éducatif etc - et les pratiques professionnelles qu'ils suscitent en attestent suffisamment pour que nous n'ayons pas besoin de nous y attarder. [...]
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