Anny Duperey est née en 1947 à Rouen. Elle passe sa petite enfance tranquille aux côtés de ses parents dans la maison de sa grand-mère maternelle. Mais le 6 novembre 1955 elle perd ses parents, asphyxiés dans la salle de bain du pavillon où la famille avait emménagé quelques mois auparavant. Anny est recueillie par sa grand-mère paternelle et sa tante tandis que sa petite sœur, Patricia âgée de 6 mois, est élevée par ses grands-parents maternels. Plus tard, Anny Duperey fait ses études aux Beaux Arts de Rouen, puis décide de se lancer dans une carrière de comédienne. C'est en 1976 qu'elle s'essaie à l'écriture avec « L'admiroir », qui sera récompensé par l'Académie française. Elle publie son deuxième roman en 1986, « Le nez de Mazarin » puis en 1990, 35 ans après le décès de ses parents elle décide décrire le « Voile noir », une autobiographie dans laquelle elle livre toute la douleur liée à leur mort.
Anny Duperey n'est donc pas psychologue de formation, mais comédienne, écrivaine, artiste et, comme son père, photographe.
[...] Dès qu'elle le put, Anny Duperey quitta sa ville natale, sa région et ainsi tous les souvenirs qui s'y rattachaient. Petit à petit, elle coupa tout lien avec sa famille, annihila en elle tout sentiment d'appartenance à une famille et à un lieu d'origine. Elle s'éloigna de tout ce qui était entaché à la mort de ses parents et qui aurait pu la ramener en arrière. Plus tard, lorsqu'elle revenait voir la seule personne avec qui elle avait gardé des liens, sa tante, qui l'avait élevée, elle était toujours prise de crises de sommeil, restant sur son lit, endormie, presque jusqu'à l'heure de son départ. [...]
[...] Le seul souvenir qui lui reste est cette journée. Ce moment entre l'avant et l'après. On peut se demander pourquoi ce souvenir n'a pas été effacé comme les autres. Peut être parce que cette journée ne fait pas partie de la vie d'avant, mais appartient déjà à l'après, marque un tournant, le début de sa nouvelle vie, sans eux. En effet, quand Anny découvre ses parents, ils sont déjà morts, elle n'a donc pas de contact avec eux. Au fil des temps ce souvenir deviendra partie intégrante d'elle- même. [...]
[...] L'auteur nous raconte sa propre histoire, a réellement vécu ce drame et cela donne une dimension plus humaine, un côté plus parlant qu'un livre de psychologie traditionnel. Ce livre est un témoignage très fort, que je conseille à tout le monde. Cependant ce témoignage de toute une vie s'arrête pour nous le jour où l'auteur a fini d'écrire le livre, mais nous aimerions en connaître la suite, savoir si ses sentiments ont encore évolué et au long terme si elle arrivera à faire son deuil. [...]
[...] Dans cette nouvelle vie, deux événements aident Anny Duperey à affirmer sa nouvelle personnalité. Le 1er évènement est un passage du livre que je trouve très touchant, à la fois terriblement cruel et pourtant si humain. Ce passage nous montre que le comportement de l'enfant est une façade, un outil pour se protéger, et non pas sa nature profonde. (Lecture du passage p.71 et 72) La grand-mère d'Anny ne comprenait pas la réaction de sa petite fille, ne la considérait pas normale même indécente. [...]
[...] Il ne s'agit pas de renier les morts, mais de s'en souvenir autrement, porter en soi une douleur pacifiée Anny Duperey n'en est pour le moment pas capable et elle ne sait pas si elle y arrivera un jour. Son regret est le complément de son désir de vivre, est une partie intégrante d'elle. Si elle apprivoise cette douleur, c'est une partie de sa personnalité d'adulte qui disparaît. Anny Duperey a peur de faire son deuil, peur d'être abandonnée une 2ème fois, que ses parents s'éloignent d'elle, et qu'elle se retrouve seule. Elle sait qu'elle devra faire son deuil, mais le chemin à parcourir pour y arriver est encore long et elle ignore combien de temps cela prendra. [...]
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