Les conséquences des carences affectives de la première enfance ont été mises en évidence et étudiées par le médecin psychanalyste René Spitz, qui observa des enfants dans des pouponnières et des orphelinats de l'après guerre, où ils recevaient les soins liés au corps mais pas ou peu de soins affectifs et d'interactions émotionnelles. Les conséquences de ces carences affectives étaient très variées sur le plan psychologique et psychosomatique. Spitz a pu observer de nombreuses attitudes de ces enfants privés d'affection. Si aucune amélioration n'était effectuée dans leur prise en charge, le développement des enfants finissait par s'arrêter, allant parfois jusqu'à la mort (...)
[...] Il existe un lien entre les carences affectives de l'enfance et les organisations pathologiques de l'adulte. C'est notamment des évolutions possibles vers des pathologies de type limite, des conduites addictives ou des actes de délinquances. Les futures mères risquent aussi de reproduire l'abandon qu'elles ont subi sur leurs enfants. Nous nous devons d'accorder une grande place aux mesures thérapeutiques et aux prises en charges de ces personnes pour limiter les effets négatifs sur leur devenir et ainsi éviter de reproduire ce qu'on peut appeler cercle vicieux de la mère qui ne saura donner l'affection à son enfant en ayant été privée elle-même. [...]
[...] Un nourrisson victime d'un manque de soins affectifs montre un mauvais état général, sa courbe pondérale stagne, il est plus sensible aux affections ORL, manque d'appétit, vomit, a des troubles du sommeil, ce qui lui donne une apparence maladive peu attrayante. On note aussi une rigidité générale, des maladresses dans l'exploration de son entourage avec son corps, le jeune enfant semble vide et passif. Lorsqu'il grandit, on peut observer une avidité affective chez l'enfant, il s'attache exagérément aux adultes qui lui manifestent de l'intérêt, l'enfant devient un hypersensible de l'interaction avec son monde social mais adopte des comportements négatifs et de retraits dans un second temps. L'enfant néglige aussi son corps, son apparence et peut rencontrer des soucis d'énurésie/encoprésie. [...]
[...] Elle a été décrite par Spitz ainsi que la dépression anaclitique, forme moins avancée. Ces deux configurations de carence affective ne sont plus vraiment d'actualité, les institutions d'aujourd'hui sont en mesure de répondre de manière plus efficace qu'auparavant aux besoins des enfants internés. Les carences affectives actuelles sont davantage intrafamiliales. Ces carences sont souvent provoquées par la pauvreté des interactions mères/bébé, avec des mères qui ont souvent souffert elles-mêmes de carences affectives, et sont donc incapables d'adopter un comportement adapté aux besoins de leurs bébés. [...]
[...] On trouve aussi bien des troubles instrumentaux et cognitifs comme des troubles d'articulation, des retards de parole, des retards cognitifs ou difficultés psychomotrices que des troubles du comportement tels que des conduites d'inhibition globale, des conduites d'opposition ou antisociales. Les perspectives de rétablissement dépendent de nombreux facteurs, notamment de l'âge auquel l'enfant à été séparé/carencé et de la durée de cette privation. Les carences précoces (avant l'âge de 1 an) sont les plus graves, ainsi que les séparations d'une durée supérieure à 6 mois. [...]
[...] Une autre fonction risquant de faire défaut à l'enfant est celle de contenance. Elle rassemble à la fois la fonction d'enveloppe maternelle, qui est une disponibilité émotionnelle servant à protéger l'enfant des excès d'excitation et une fonction de conteneur qui conforte le bébé avec des mises en mots des éprouvés du bébé. On trouve enfin la fonction d'individuation du Soi, qui se traduit par le souci maternel de renvoyer à l'enfant une image unifiée, mettant en place chez celui-ci le sentiment d'être un individu unique. [...]
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