Tout d'abord, la notion de jeu doit être définie afin de pouvoir en expliquer ses implications et limites dans l'entretien clinique.
En effet, le jeu, considéré dans sa dimension générale définit toute activité physique ou intellectuelle exercée dans le but de se divertir. Nous pouvons donc l'employer tout aussi bien chez l'enfant comme chez l'adulte. Winnicott a mis en avant le terme « play » qui constitue une symbolisation de ce qui est en train de se jouer chez le sujet grâce à l'activité créatrice qui se dégage dans le jeu. C'est donc une forme de transfert autre que celui que l'on retrouverait dans un entretien où il n'y aurait de place que pour la parole. En effet, le jeu a une part de latent, inconscient, que le thérapeute doit être en mesure de capter, puisqu'on y retrouve du transfert. Le patient quand à lui, doit être en mesure de lâcher prise sur son histoire afin de la rejouer et cela ne peut se faire que si le sujet à droit à la liberté d'interpréter et s'approprier sa propre histoire pour la symboliser par la suite. Dans ce cadre là, il est important que le thérapeute permette une ouverture : aussi bien sur le jeu, le dessin, la parole ou autre, afin que le patient puisse trouver la meilleure façon de s'exprimer.
La première partie de ce travail sera attribuée à l'étude du jeu chez l'enfant tandis que la deuxième partie sera définie par la part de jeu chez l'adulte dans le cadre d'un entretien clinique.
Le jeu a une valeur primordiale dans le développement de l'enfant, puisqu'il est un moyen pour lui de s'approprier la réalité en rejouant des scènes qu'il a déjà vues ou bien vécues. En effet, cette mise en scène de la réalité est une activité de création dans laquelle l'enfant va avoir la possibilité de construire et déconstruire le monde qui l'entoure. S. Freud parlera de « créativité psychique » puisqu'il s'agit de la capacité du sujet à construire un univers. L'enfant peut donc faire l'expérience psychique de ce qu'est perdre ou gagner, ce qui est d'autre part, une façon pour lui de mettre en scène ses angoisses (...)
[...] De même, la fonction du langage chez l'adulte dans le cadre d'un entretien clinique peut prendre une forme de jeu pour le patient. Dans ce cas ce n'est pas seulement une façon de jouer avec ses propres mots et donc avec le message que le sujet essaie de transmettre puisque les mots d'esprit et l'humour font partie des mécanismes de défense. On est à néanmoins amenés à se demander si l'adulte, tout comme l'enfant, maintient le même lien avec le jeu. [...]
[...] Si l'enfant se voit proposer des jeux afin de faciliter son expression, quelle part de jeu peut-on accorder à l'adulte dans le cadre d'un entretien clinique ? En effet, ce dernier envisage rarement le jeu comme une façon autre d'appréhender la réalité. Néanmoins l'association libre que l'on retrouve dans l'entretien clinique peut être prise comme une forme de jeu. C'est à travers cette association d'idées que le patient pourra s'exprimer, on y retrouvera la même liberté et créativité que celle qui est donnée à l'enfant lorsqu'il est face à un jeu, dessin etc. dans le cadre de l'entretien clinique. [...]
[...] En effet, les silences du patient, sa respiration ainsi que la tonalité qu'il emploie selon ce qu'il est en train d'exprimer seront à prendre en compte. Ce sont des médiateurs pour accéder une fois de plus à ce que le patient ne pourrait dire à travers les mots et qui auraient une importance tout aussi primordiale dans l'histoire que le sujet serait en train de rejouer avec le psychologue. [...]
[...] La place du corps dans l'entretien clinique peut servir de médiation vers une meilleure communication et échange patient-analyste. En effet, certains psychologues font usage de la relaxation, qui n'est autre qu'un jeu symbolique avec le corps. On demandera donc au patient de se détendre à travers quelques exercices de respiration puis d'être attentif à son corps et aux sensations liées à ses émotions. Ces techniques permettent donc à l'analyste d'avoir une perception plus large de ce que le patient ne pourrait parfois exprimer à travers des mots. [...]
[...] Jouer est avant tout un moyen de communication, pour parler de soi et échanger avec l'autre. Le thérapeute à aussi un rôle dans le jeu de l'enfant puisqu'il s'agit d'échanger, ainsi comme le dit Winicott : C'est quand l'enfant joue et peut être seulement quand il joue, que l'enfant est libre de se montrer créatif ; tout comme doit être créatif le psychothérapeute pour que la psychothérapie s'effectue là où deux aires de jeux se chevauchent, celle du patient et celle du thérapeute. [...]
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