L’interprétation dans la thérapie psychanalytique avec des enfants psychotiques - comparaison de textes : "Le jeu : personnages, récits, interprétations" (Antonino Ferro), "Thérapie d’un enfant psychotique borderline" (Anne Alvarez)

Résumé du document

Antonino Ferro est psychiatre, psychanalyste, didacticien, secrétaire scientifique de la Société Psychanalytique italienne, membre de l'Association psychanalytique internationale. Il est l'auteur de nombreux articles portant sur la clinique, la technique et la théorie parus dans différentes
revues de psychanalyse nationales et internationales.
Dans la partie de texte que nous allons étudier intitulée le jeu : personnages, récits, interprétations, il apporte une réflexion sur la meilleure manière d'aborder les patients, sur la façon dont on peut favoriser la confiance et l'espoir dans la rencontre analytique.

En revenant sur un cas clinique datant de plusieurs années (celui de Roberto), il fait le point sur l'évolution de sa façon de penser. A partir de l'analyse de cette rencontre, il ouvre de nouvelles voies dans la pratique clinique en se penchant sur les effets de l'interprétation. Il souligne à cette fin l'importance de l'analyse du contre-transfert et des signaux émis par le patient pour moduler les interventions de l'analyste. Ces signaux prennent la forme de personnages ou de récits tout au long des séances et doivent être considérés dans l'instant de la relation avant d'être référés à différents modèles théoriques. C'est à partir des théories de Bion sur le fonctionnement psychique qu'il développe le concept de « dérivé narratif » comme étant une réponse du patient à l'interprétation de l'analyste.

Extraits

[...] Ceci est illustré par le personnage du chat, représentant la méfiance, que met en scène Roberto après des interprétations inadaptées. Il ajoute que l'interprétation aura une valeur transformatrice si elle est construite comme un facteur de croissance, favorisant la créativité du patient, et non comme facteur de persécution. On se rend compte de l'importance pour l'évolution de l'enfant dans la cure, que l'analyste contienne longuement ce que le patient projette et ne le lui renvoie pas de façon trop précoce ou inadaptée à son moi. [...]

[...] Klein qualifie de passage de la position schizo paranoïde à la position dépressive. Elle ajoute que ce qui caractérise la psychose, c'est l'échec de ce passage de l'une à l'autre. Anna Alvarez dit que tout nourrisson a besoin de vivre ses bonnes expériences dans la durée et dans la durabilité avant de pouvoir apprendre à tolérer des interruptions et des arrêts. On peut en supposer que, du fait de la fixation à un stade précoce du développement, il en est de même pour le patient psychotique. [...]

[...] C'est seulement après avoir été reconnus, respectés en tant que tels et longuement contenus par l'analyste que les éléments projetés pourront être intériorisés par le patient sans menace pour l'intégrité de son Moi. Si l'analyste tolère et contient ces projections, le transfert peut devenir progressivement moins clivé, les défenses s'assouplissent et le Moi se renforce Conclusion A travers ces textes, les auteurs nous montrent la nécessité d'un questionnement et d'une remise en cause de sa pratique clinique, même si cet exercice peut s'avérer difficile et douloureux. [...]

[...] Ceci peut expliquer pourquoi Ferro dit à ce moment aussi j'ai ressenti le besoin de faire une interprétation de transfert Cette notion de besoin est très importante, comme si l'auteur face aux réponses jouées de Roberto se trouvait angoissé. Ceci a pu donner lieu à une compulsion à interpréter comme une façon de se protéger des projections du patient Le rôle positif du clivage et de l'identification projective Comme nous l'avons vu, les principaux mécanismes en œuvre dans la psychose (et dans la position schizoparanoïde) sont le clivage et l'identification projective. [...]

[...] La rencontre analytique est une psychologie à deux, une co-construction ou l'analyste et le patient ont une participation active. A l'instar du nourrisson et de sa mère, le thérapeute doit offrir à son patient un cadre sécurisant et contenant mettant à l'abri de la menace son moi faiblement constitué. Il s'agit de soulager chez lui la pression de l'angoisse. Le moi de l'analyste lui sert d'étayage dans l'identification projective. Il est donc important que l'analyste se laisse envahir par les projections de l'enfant de manière à les analyser dans son propre contre- transfert. [...]