Eugène Enriquez, Freud, psychanalyse freudienne, psychanalyse, De la horde à l'État, lien social, condition humaine, inconscient social, société moderne, psychologie sociale, occident, ontologie, altérité
Eugène Enriquez, professeur de psychologie, présente une lecture des principaux ouvrages de Sigmund Freud et les médite. Il répond à certaines critiques dont l'oeuvre freudienne a été l'objet. Il montre quels sont les concepts qui reflètent les principales préoccupations de l'inventeur de la psychanalyse, car ces concepts fondent la pensée sociologique freudienne.
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Dans ce livre, il offre la socio-psychologie dans la méditation de la civilisation et de la condition de l'homme occidental. Avec un style simple, clair, précis, l'auteur propose des arguments consistants qui dévoilent les structures et les configurations économico-politico-culturelles qui ont rendu possible l'existence d'un monde moderne construit autour d'une méconnaissance de l'altérité.
[...] L'Etat n'est plus alors le réceptacle d'une partie de la volonté de ses citoyens, il n'est plus que la forme moderne et sophistiquée de la horde, bafouant ses propres lois, instituant l'arbitraire et l'injustice comme mode normal de gouvernement, prenant tout et ne donnant rien, ivre d'une force démultipliée par le développement des sciences et de la technologie. Les exemples d'une telle conversion de l'Etat sont multiples. On ne doit pas s'étonner, l'Etat ayant trouvé son fondement dans la métabolisation de la violence physique en violence symbolique. [...]
[...] A travers ce glissement de pouvoir à autorité, c'est essentiellement la question du conflit qui est occultée, dans un ensemble théorique (et idéologique) qui valorise le consensus. Pourquoi les hommes, se voulant guidés par le principe de plaisir et par les pulsions de vie, aspirant à la paix, à la liberté et à l'expression de leur individualité, construisent-ils souvent des sociétés aliénantes favorisant plus l'agression et la destruction que la vie communautaire ? Pourquoi les édifient-ils plus comme des organes de répression que comme des ensembles où l'acceptation de la règle favorise la réalisation de soi et la constitution d'une identité à la fois solide et souple ? [...]
[...] L'auteur n'hésite pas à affirmer que les sociétés sont non seulement le résultat d'un crime commis en commun, mais également d'un mensonge partagé. C'est l'acceptation, mieux, le désir de mensonge qui permet aux Etats d'entraîner les individus dans la guerre et dans les réactions aveugles . Enriquez conclut que les rapports entre les individus et les nations deviendraient moins primitifs et moins brutaux s'il existait, comme dit Freud, de tous côtes un peu plus de sincérité et de franchise dans les relations des hommes entre eux et dans les rapports entre les hommes et ceux qui les gouvernent . [...]
[...] Quant à l'interaction sociale, elle est par définition le problème existentiel que connaissent tous les êtres humains, tous les groupes sociaux et toutes les tentatives d'expansion coloniale qui se sont déroulées au long de l'histoire occidentale. C'est dans cette perspective qu'il devient compréhensible l'acte d'agression ou de violence interne ou externe par lequel les êtres humains et les groupes sociaux réussissent à se mettre à distance de leurs semblables et des étrangers, et donc à s'approprier leur identité. C'est autour de ce drame propre à la condition humaine que Eugène Enriquez a construit cet excellent ouvrage qui décrit comment le processus de constitution de l'identité individuelle et sociale ainsi que de l'altérité humaine s'élaborent tantôt dans les tréfonds de la nature humaine (inconsciente), tantôt à l'intérieur de certaines formes de pouvoir qui, appuyées sur une idéologie particulière, cherchent à faire advenir un type d'homme particulier. [...]
[...] Pour Freud, l'avènement du social relaie de l'union par le crime qu'effectuent les hommes quand ils vivent en horde. Ce crime engendre le lien social entre les hommes (frères), crime qui met en forme le totem par l'instauration des tabous. C'est de cette matière qu'apparaît, selon Freud, le repère, le crime commis en commun, autour duquel le groupe s'organise. Mais, Freud souligne que cette décision montre que la nature humaine est ambivalente devant les normes instaurées par la culture puisqu'il y en a en lui 2 pulsions antagonistes. [...]
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