Dans Totem et Tabou, Freud explore les origines de la civilisation à travers les travaux des anthropologues et confronte les apports de la psychanalyse à l'étude des fondements de la société humaine : interdit de l'inceste, totémisme, magie.
Dans la première partie, consacrée à la peur de l'inceste, l'auteur aborde le lien inséparable qui unit le système totémique de l'exogamie (...)
[...] La tribu les protège aussi, contre leur gré si nécessaire. Le tableau rituel des tabous s'apparente grandement au tableau clinique des névroses, ce qui incite Freud à dresser un parallèle étiologique. Dans la névrose, une place centrale est réservée à l'ambivalence des sentiments et au conflit psychique : tendresse prédominante et hostilité inconsciente. Le tableau par exemple que le paranoïaque reproduit dans sa manie de la persécution est celui des rapports de l'enfant au père : amour et crainte, affection et hostilité. [...]
[...] Pour Freud, ni le primitif ni le névrosé ne connaissent cette séparation nette et tranchée que nous établissons entre la pensée et l'action. Freud rattache au phénomène du narcissisme la croyance dans la toute- puissance des idées, soulignant la surestimation des actions psychiques et une pensée encore fortement sexualisée. Il retrouve dans la nature du névrosé des aspects primitifs et avance l'hypothèse d'une comparaison entre l'évolution de la pensée humaine et celle de la libido individuelle : la phase animiste correspond au narcissisme, la phase religieuse au stade d'objectivation (fixation de la libido aux parents) et la phase scientifique à un état de maturité. [...]
[...] Si la sorcellerie apparaît essentiellement comme l'art d'influencer les esprits, la magie quant à elle peut servir à des fins variées : soumettre la nature, protéger les individus, nuire à ses ennemis Dans la pensée magique il y a toujours similitude entre l'action à accomplir et le phénomène dont la production est recherchée en échange. C'est la magie dite homéopathique ou d'initiative : si je veux qu'il pleuve, je dois faire quelque chose qui ressemble à la pluie. Parfois cette similitude est transposée en remplacement de la partie par le tout. C'est le ressort du cannibalisme : en ingérant une partie du corps d'une personne, on s'approprie certaines qualités du mort. [...]
[...] L'interdit de tuer le totem est reporté sur les membres de la tribu entre eux, qui s'interdisent le fratricide. Toute religion est fondée sur le sentiment d'une faute commune, sur une culpabilité partagée. La société humaine a émergé quand le clan fraternel a succédé à la horde paternelle Dans le rapport de tout individu avec son dieu réside le reflet exact de son rapport avec son père. Pour Freud, le dieu n'est au fond qu'un père d'une dignité plus élevée ce pour quoi il conseille de croire le croyant quand il parle de son dieu comme de son père, de même qu'il faut croire le primitif quand il dit que son totem est son ancêtre. [...]
[...] Si l'acte obsessionnel est en apparence un acte de défense contre ce qui est interdit, il en est en réalité la reproduction. Au départ très éloignés de la sphère sexuelle, les actes obsessionnels ne sont au début qu'une sorte de sorcellerie destinée à détourner les mauvais désirs, mais ils finissent par n'être plus qu'une fidèle imitation des actes sexuels eux-mêmes. Freud tire aussi un enseignement de l'étude du tabou des morts : l'interdiction de prononcer le nom du mort, comme les névrosés qui montrent un complexe de sensibilité à l'énoncé de certains mots ou noms, qui provient de leur attitude à l'égard de leur propre nom. [...]
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