Dans cet article, C.Dejours se propose de mettre la lumière sur une face encore obscure et assez méconnue du travail, à savoir la souffrance, et ceci en utilisant comme outils ses connaissances de psychiatre et de psychanalyste. Il se dresse contre les clichés modernes qui voudraient appréhender la pénibilité, et par la même occasion la souffrance du travail, comme des réminiscences d'un passé bientôt totalement oublié. Dejours propose donc, pour prouver l'inexactitude de tels propos, de décrire certaines formes de souffrances toujours d'actualité dans le monde du travail, qu'il illustre ensuite sur base d'exemples, ce que nous essayerons de faire à notre tour dans la suite de ce travail.
[...] Le deuxième point de notre critique porte sur la contrainte à mal travailler. Celleci, quant à elle, se rencontre bien dans le cas sur lequel nous nous sommes penchés, mais là non plus nous ne pouvons appliquer telle quelle la notion définie dans son article par C. Dejours. En effet, la contrainte à mal travailler énoncée par Dejours s'apparente plutôt à une contrainte physique une impossibilité matérielle d'effectuer son travail. Le travailleur est dans l'incapacité d'effectuer correctement son travail en raison des contraintes de l'organisation. [...]
[...] Le fraisage demande un traitement particulier car il nécessite une précision plus fine. En effet, chaque pièce doit être placée dans le bon sens sur un plateau tournant. Une pièce doit être introduite sur le plateau toutes les 3 secondes, elle sera alors fraisée au bon endroit et sortira ensuite du plateau. Un liquide graisseux est diffusé sur le plateau pour faciliter le fraisage et le glissement des pièces sur le plateau. Une vérification du pas de vis doit être faite plus ou moins toutes les 150 unités. [...]
[...] Est-ce que la compensation financière, le salaire réconforte et justifie aux yeux de l'ouvrier ce travail de nature rébarbative, ou est-ce suite à une certaine reconnaissance des autres ouvriers qui le supportent, comme Christ ophe Dejours nous l'explique? Sachant qu'à mon poste fraiseuse j'ai eu beaucoup de temps pour penser à toutes ces choses, très vite, cette question de la motivation des ouvriers m'est venue à l'esprit. Il existe bien sur, entre ouvriers, une certaine reconnaissance qui engendre une motivation à bien faire son travail. [...]
[...] Dejours base son analyse notamment sur les sciences du travail, dont les études sur le décalage entre l'organisation réelle et prescrite du travail (Daniellou, Laville, Teiger, 1983). Il se sert aussi de la définition du mal de Pharo (Pharo, 1996). Dejours éclaire ses propos grâce à ceux de Hannah Arendt et la banalité du mal. En effet, les personnes victimes de la souffrance au travail sont insensibles à ce qui est distant, mais restent sensibles à ce qui leur est proche (amis, famille, etc.). [...]
[...] C'est une problématique liée à l'organisation même, car c'est elle qui place les ouvriers dans une situation difficile à supporter mentalement. Pourtant, ces personnes sont nécessaires à l'organisation, car ces tâches doivent être accomplies d'une manière ou d'une autre. Sans ces personnes, l'entreprise ne pourrait fonctionner. Mais alors, est-ce que c'est à l'entreprise de s'adapter ou est ce que c'est l'ouvrier qui doit s'adapter à ce type d'organisation ? Sachant que dans la plupart des cas, ne disposant souvent que de très peu de qualifications, c'est l'ouvrier qui est contraint d'accepter des emplois de ce type. [...]
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