Les trois conférences de monsieur Carrasco traitaient de la question de l'adolescence, d'un point de vue psychodynamique et psychopathologique. La notion d'adolescence est à la croisée du biologique, du social et du psychique, même si d'un point de vue sémantique, l'adolescence est une caractéristique sociale. D'un point de vue biologique, c'est la puberté qui marque l'entrée dans l'adolescence, le corps de l'enfant se métamorphose et les organes sexuels deviennent opérationnels. Le complexe d'Oedipe devient alors réalisable : le sujet est en mesure de tuer et d'avoir des rapports sexuels. C'est là qu'intervient la dimension psychique, due à la réactivation pulsionnelle des fantasmes de l'enfance. L'adolescent change à ce moment là d'objets d'étayage : il se détourne de ses parents autrefois idéalisés pour s'intéresser et prendre modèle sur ses pairs, les autres adolescents, ce qui constitue un nouvel ancrage dans le social.
Après cette brève introduction resituant le triple bouleversement de la période adolescente, je souhaiterais interroger la question du diagnostique psychopathologique à l'adolescence. La notion même de diagnostique pourrait être critiquée par le fait qu'il s'agisse d'une classification assez rigide, avec les dérives potentielles que cela comporte, comme dans la tendance du DSM où il faudrait relier chaque symptôme à une molécule chimique permettant de le faire disparaître... La question du diagnostique me semble utile lorsqu'il s'agit de définir une structure psychique, avec des modalités défensives. Là où la question du diagnostique est la plus délicate c'est lorsqu'il s'agit de la psychose. Déjà chez l'enfant, les professionnels se heurtent à cette question de faut-il oui ou non étiqueter un enfant en tant que psychotique alors même qu'il est en pleine construction et que tout peut encore évoluer. La terme de psychose porte avec lui le caractère irréversible et la connotation de folie (...)
[...] Elle semble avoir conscience de ne pas suffisamment manger et lorsqu'on lui demande quel serait son poids idéal, elle nous donne un chiffre tout à fait adapté. Il n'y a donc pas ici le trouble dysmorphophobique présent dans les cas d'anorexie mentale. En revanche, la jeune fille paraît très triste, éteinte, renfermée. Ces éléments témoignent d'une humeur relativement dépressive. Nous avons là des éléments en faveur de trois diagnostics possibles. Les premiers éléments concernent la perte de poids radicale qui ne s'est pas arrêtée, suite à un régime. [...]
[...] Comment alors envisager la question du diagnostic ? Il me semble assez important de pouvoir considérer le sujet dans ses trois dimensions biologique, psychique et sociale. Poser un diagnostique psychopathologique c'est en réalité donner un nom à un ensemble de symptômes, mais également en quelque sorte un pronostic. En effet, le diagnostique de schizophrénie par exemple implique une pathologie chronique, à vie, alors qu'une dépression est épisodique. Donner un diagnostic pour un trouble repéré chez un adolescent est une question très sérieuse, étant donné la spécificité des remaniements à l'adolescence. [...]
[...] La terme de psychose porte avec lui le caractère irréversible et la connotation de folie. Par exemple, pour les états-limites de l'enfance, on emploie préférentiellement le terme de dysharmonie, qui correspond davantage à un aspect développemental de l'enfant plutôt qu'à un trouble psychique. En ce qui concerne l'adolescence, la libido du sujet va se rattacher à de nouveaux objets, l'adolescent tente de se redécouvrir lui-même, car il n'est plus le même enfant Il a besoin de se libérer du faux-self qu'il s'était construit pendant la période de latence. [...]
[...] Pour illustrer cette question, je pense notamment à l'exemple d'un cas clinique issu de mon stage en CMPP. Il s'agit d'une adolescente de 15 ans qui venait consulter pour la première fois dans ce lieu, elle était accompagnée par sa mère. Le diagnostic d'anorexie vient au premier plan. Il a été transmis par l'assistante sociale qui a rencontré la jeune fille dans un premier temps. Au cours de l'entretien de première visite avec le médecin, la jeune fille parle assez peu, c'est surtout la mère qui parle. [...]
[...] C'est là qu'intervient la dimension psychique, due à la réactivation pulsionnelle des fantasmes de l'enfance. L'adolescent change à ce moment là d'objets d'étayage : il se détourne de ses parents autrefois idéalisés pour s'intéresser et prendre modèle sur ses pairs, les autres adolescents, ce qui constitue un nouvel ancrage dans le social. Après cette brève introduction resituant le triple bouleversement de la période adolescente, je souhaiterais interroger la question du diagnostique psychopathologique à l'adolescence. La notion même de diagnostique pourrait être critiquée par le fait qu'il s'agisse d'une classification assez rigide, avec les dérives potentielles que cela comporte, comme dans la tendance du DSM où il faudrait relier chaque symptôme à une molécule chimique permettant de le faire disparaître . [...]
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