Aujourd'hui, recevoir ses amis rime avec la concoction d'un plat hors du commun pour les épater et les régaler. Dès lors, tout compte et rien n'est laissé au hasard ; l'hôte est prêt à sortir le grand jeu. Produits de qualité, plats revisités ou classiques, décoration assortie, nous nous découvrons de nouveaux talents. Si la présentation d'un plat, destiné à être servi à l'entourage familial ou aux amis, devient si importante, il s'agit bien d'une nouvelle façon de voir les choses, d'une nouvelle tendance. Effectivement, la cuisine attire de plus en plus notre attention. Outre un bon repas, nous voulons dresser un beau repas. Il ne s'agit plus de préparer des crêpes, mais de préparer des crêpes au chocolat, disposées les unes au-dessus des autres dans une jolie coupe à glace, afin de leur faire prendre l'allure d'une tulipe ou d'une rose.
En réponse à cet intérêt grandissant, mais peut-être un peu amateur, des professionnels se sont lancés dans l'idée. L'expression « design culinaire » est née en 1999 de la bouche d'Alexandre Cammas, journaliste culinaire chez Nova Mag. Dès lors, les chefs du milieu se sont multipliés, les œuvres, puisqu'il s'agit d'œuvre au-delà d'un plat, ont été créées. Les maîtres de cette discipline aussi farfelue qu'appétissante figurent au sein du domaine comme de véritables artistes. Mobiles arachnéens en biscuits de parmesan, robes en patchwork de jambon de parme chez Marc Brétillot ou encore des portraits de Mona Lisa chez Vik Muniz, autant de fantaisies qui donnent les unes comme les autres l'eau à la bouche.
S'il est si compliqué de le définir plus précisément, c'est que ses champs d'action se veulent particulièrement diversifiés.
« Design » signifie en français concevoir, innover. Le design culinaire reflète l'innovation issue de la collaboration entre cuisinier et designer ; qu'il n'y ait donc pas de confusion, il ne s'agit pas pour le designer de se transformer en cuisinier, mais d'initier une collaboration avec des professionnels des métiers de bouche. En alliant ainsi leurs savoir-faire, les intervenants peuvent répondre aux problèmes nutritionnels de notre société. En effet, en travaillant sur le Beau, le Bon, et le Bien manger, le design culinaire a une place à prendre dans l'évolution de nos comportements nutritionnels. Ainsi, il peut rendre au repas sa convivialité parfois perdue, tout en permettant, de façon ludique, d'éveiller les sens des convives.
Le design culinaire, finalement, est peut-être le travail global porté sur l'aliment dans le but de transcender sa forme et son goût ; l'aliment lui-même, les accessoires l'entourant, la publicité dont il fait l'objet.
[...] Le design culinaire permet un renouveau dit nécessaire en apportant un esprit d'ouverture. Précisons alors qu'il ne s'agit pas uniquement de mise en forme plastique, cela peut-être une gestuelle, une mise en scène, un concept, de la narration écrite ou verbale . Une solution aux problèmes nutritionnels Le design culinaire apporte à ce que nous mangeons une beauté, de l'animation, du plaisir, ce qui contribue aisément à décupler notre intérêt pour ce qui se trouve dans nos assiettes. Naturopathe passionnée par l'art culinaire, Laurence Salomon a ainsi créé, il y a huit ans, le restaurant Nature & Saveur à Annecy. [...]
[...] " écrit Thierry de Beaumont dans Design Culinaire, le manifeste sous la direction de Marc Brétillot. (Antidote –Repas de presse réalisé pour le salon Maison & Objet au Laboratoire –Paris –janvier 2009) La surprise éveille la curiosité et le jeu fait participer de façon accrue le mangeur au moment du repas. Marc Brétillot a ainsi organisé, avec la complicité du cuisinier Éric Trochon, et d'après une idée originale de Laurent Denize D'Esrtées, un repas déstructuré en 8 tables tableaux mobiles se déplaçant au milieu des convives. [...]
[...] Le design se veut démocratique, et doit être accessible à tous. Il doit offrir l'excellence pour le plus grand nombre. Aussi, les entreprises procédant au design culinaire de leurs produits ont compris que le bénéfice n'en serait que plus grand. L'exemple des Apéricubes est adéquat : le fait de piquer ces petits cubes, de les grignoter un par un, est issu d'une recherche de design. Tout le monde a non seulement envie d'y goûter, mais tout le monde peut y goûter. [...]
[...] En effet, le premier concerne essentiellement l'aspect esthétique, quand le second s'intéresse à la forme, l'usage, la fonction et la valeur. Bien plus qu'un plat ; une mise en scène imagée. Le plat se sublime par son contexte. Marc Brétillot affirmera ainsi que l'espace environnement est très important dans l'appréciation d'un mets Les designers vont, tout d'abord, s'intéresser à l'image du plat dans un contexte, et le photographier afin d'illustrer, par exemple, des livres de recettes, les pages cuisine des magazines, l'emballage d'un aliment, etc. [...]
[...] Le design culinaire s'instaure donc en réponse, de façon naturelle, à ces phénomènes divers qui sont venus s'entrechoquer les uns à la suite des autres. Régimes, mais aussi surpoids. En effet, la population occidentale connait le problème de l'obésité ; 4 Français sur 10 doivent perdre du poids, dont plus de 11% d'obèses, et 1 enfant sur 5 est trop gros en CM2. Il s'agit alors de donner l'envie de se mettre à table, de manger équilibré pour préserver sa santé, de redonner du sens au goût ; une autre des problématiques du design culinaire, qui s'impose une fois de plus comme réponse naturelle. [...]
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