Alimentation, insecte, scandales alimentaires, régime alimentaire, effet de mode, Chine, France, enjeux environnementaux, enjeux économiques, protéine animale, alimentation humaine, sécurité alimentaire
Si la consommation d'insectes est attestée dans le monde depuis des millénaires — et jusqu'à une période relativement récente en Europe — elle reste connotée dans l'imaginaire occidental à un mode alimentaire au mieux primitif et exotique, mais souvent dangereux, voire sale. Cette situation est d'autant plus paradoxale que notre modèle alimentaire est actuellement largement menacé : très énergivore et nécessitant l'emploi de nombreuses ressources dont la disponibilité n'est pas assurée pour les décennies à venir (eau, terres, engrais ...), le modèle alimentaire fondé sur l'agriculture entendue au sens large — culture de plantes et élevage d'animaux — fait l'objet de nombreuses remises en question. Si des alternatives existent du côté des aliments végétaux, de même que d'une optimisation des processus de culture, la question de l'apport en protéines reste une donnée centrale de cette vaste réinterrogation et justifie d'explorer toutes les pistes. Je
De ce point de vue, les études menées depuis maintenant près de trente ans ont démontré la pertinence scientifique de recourir aux insectes pour assurer non seulement des apports nutritionnels optimaux, mais également dans l'optique de préserver l'environnement, le climat et les équilibres écologiques propres aux écosystèmes menacés par nos modes d'alimentation actuels. Presque inconnue en Europe il y a encore quelques années, la consommation d'insectes connait depuis près de quinze ans une nouvelle actualité du fait de la prégnance des interrogations environnementales. Dans le sillon de la préservation de notre environnement, les insectes sont régulièrement présentés comme une alternative non seulement crédible, mais aussi nécessaire à notre alimentation actuelle fondée sur une composition essentiellement carnée.
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Aujourd'hui pourtant, on estime à près de 250 000 le nombre de Français ayant consommé des insectes en 2015. Or, ces derniers ont consommé des insectes de manière illégale, même s'il n'existe pas de sanction prévue pour les consommateurs. Il est encore plus paradoxal de noter que s'il est interdit de commercialiser des insectes sur le sol français, il est autorisé de s'en procurer en ligne sur des sites hébergés à l'étranger à condition que les pays autorisent la commercialisation d'insectes à visée alimentaire. Ainsi, le Royaume-Uni accueille désormais de nombreuses start-ups ayant été fondées en France, et cette situation tient à la latitude dont disposent les États pour interpréter les règlements européens.
Cette situation paradoxale s'illustre également au niveau de l'appareil de transformation des insectes. La France en effet accueille certaines infrastructures nécessaires à la production de farine à partir des insectes broyés. Or ces dernières ne peuvent produire de farine à destination des consommateurs, mais seulement pour l'alimentation des animaux, seule exception tolérée en France concernant la transformation des insectes.
[...] Presque inconnue en Europe il y a encore quelques années, la consommation d'insectes connait depuis près de quinze ans une actualité nouvelle du fait de la prégnance des interrogations environnementales. Dans le sillon de la préservation de notre environnement, les insectes sont régulièrement présentés comme une alternative non seulement crédible, mais aussi nécessaire à notre alimentation actuelle fondée sur une composition essentiellement carnée. Conséquence directe de la raréfaction des ressources disponibles, le modèle d'alimentation qui est le nôtre devrait connaître dans les années à venir des modifications sensibles concernant son coût. [...]
[...] Si l'idée n'est bien entendu pas de remplacer totalement la consommation de viande dans un pays comme la France, il existe sans doute un espace pour le développement de sources alimentaires alternatives. De ce fait, les farines issues de l'élevage d'insectes ont été testées dans les laboratoires de l'Institut national de la recherche agronomique pour déterminer leur aptitude à être digérées par des systèmes digestifs humains, avec des résultats positifs. Il reste encore à déterminer les conséquences environnementales du développement d'élevages à grande échelle. [...]
[...] A l'inverse, les insectes en contiennent en quantités intéressantes, susceptibles de suffire à nos besoins quotidiens. Il est de ce fait d'autant plus important d'étudier finement les apports de chaque famille d'insectes car la compilation des données permet d'établir des combinaisons optimales d'insectes complémentaires en fonction de leurs caractéristiques propres. Les comportements alimentaires répertoriés dans les pays où la consommation d'insectes est courante permettent ainsi d'observer des stratégies de diversification des insectes consommés : en République Démocratique du Congo, les chevilles riches en lysine sont généralement associées à d'autres insectes qui en contiennent moins, mais qui en revanche permettent des apports plus élevés en protéines. [...]
[...] En matière d'apports en fibres, les insectes se placent relativement haut du fait de la composition de leur exosquelette, essentiellement fait de chitine, une molécule de la famille des glucides. Or en plus de constituer une fibre intéressante pour la digestion humaine, la chitine joue un rôle déterminant dans la lutte contre les infections parasitaires chez les insectes. De ce point de vue, il est intéressant de noter que les insectes sont pourvus de mécanismes de défense naturelles qui permettraient, dans le cadre d'une production en élevage, de limiter les apports en antibiotiques, à l'inverse des pratiques actuellement observées dans le cadre de l'élevage de mammifères. [...]
[...] Dès l'Antiquité, la religion juive proscrivait la consommation d'insectes au motif que ces derniers n'étaient pas casher. Les règles en la matière n'ont pas évolué, à l'exception de certains cas particuliers. La proscription générale des animaux rampant s'inscrit en effet dans une perspective culturelle éminemment religieuse liée à une conception de la noblesse et de la bassesse des animaux qui est fonction de leur rapport au sol : plus les animaux de rampent, moins ils sont considérés comme susceptibles d'être consommés. [...]
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