Fukuda Ikuhiro a étudié la littérature française contemporaine à Paris III, avant de s'intéresser, sous la direction de Roger Dion, aux pratiques alimentaires. Il enseigne depuis 14 ans dans une des universités les plus anciennes du Japon : l'université Waseda (fondée en 1882). Le Japon a une tradition plus longue en matière alimentaire. Le phénomène de la cuisine japonaise à l'étranger est assez récent, la mode a commencé à s'installer il y a une dizaine d'années environ. L'introduction des cuisines étrangères au Japon est, à l'inverse, un phénomène beaucoup plus ancien : celle de la Chine date du VIIe siècle et des pays occidentaux depuis la restauration de Meiji en 1868 (date primordiale qui marque le début de la modernisation du pays).
Au Japon, il n'est pas rare d'avoir un menu avec des plats d'origine différentes : plats chinois, japonais, italien, français, autres pays asiatiques… Le côté matériel de la cuisine est évident. Avec la mondialisation, tous les aliments voyagent. Sur la table des Japonais, il y a pratiquement tout.
Concernant l'adaptabilité de l'habitus du boire et du manger des Japonais aux plats d'origine étrangère, on peut prendre l'exemple du curry, introduit par les Anglais qui avaient colonisé l'Inde au début de l'ère Meiji. Le curry n'est pas présenté comme un plat asiatique mais occidental (car apporté par les Anglais). Toutes les choses qui venaient d'Occident avaient une image exceptionnelle. Cela continue aujourd'hui avec la gastronomie et le vin français.
[...] Cela continue aujourd'hui avec la gastronomie et le vin français. Les ingrédients : des poireaux japonais, du poisson (dorade), des crevettes, des grenouilles. Il n'y avait pas de viande (sauf du poulet) dans le curry de l'époque Meiji. Dans le curry japonais moderne, il y'a de la viande (interdit religieux auparavant), des oignons, des carottes, des pommes de terre (pas cultivés à l'époque). La religion Shinto interdisait la viande, considérée comme un aliment impur. Elle privilégiait le riz, aliment sacré. [...]
[...] Tout en restant populaire, le sushi devient donc un mets de luxe. Phénomène de gentrification Iki : esthétique citadine Yabo : esthétique campagnarde L'habitus des Japonais dans le domaine du boire et du manger. En France, la rapidité n'est pas compatible avec le luxe et la saveur. Au Japon, rapidité et saveur sont liées dans son histoire et se lient toujours. Le comptoir est un espace privilégié pour déguster la saveur du sushi. Le Michelin Tokyo a introduit quelques symboles spécifiques comme celui du comptoir. [...]
[...] 1er Poisson grillé 2e Poisson cuit 3e Riz au curry 4e Sashimi 5e Grillade de bœuf 6e Sushi 7e Aliments cuits 8e Steak haché En France, d'après un classement de 2006 réalisé par Notre Temps, le couscous serait le 2e plat préféré des Français. 1er Blanquette de veau 2e Couscous 3e Moules frites 4e Côte de bœuf 5e Bœuf bourguignon 6e Gigot d'agneau On peut faire un parallèle entre l'adaptation des Japonais pour le curry et celle des Français pour le couscous. Changement au niveau de l'habitus de la pratique alimentaire : Un plat de fête en Afrique du Nord. Plat placé dans un seul plat. En France, viande, semoule et sauce séparée. [...]
[...] Compte-rendu de la conférence de Fukuda Ikuhiro sur l'évolution des pratiques alimentaires des Japonais avec la mondialisation Il a étudié la littérature française contemporaine à Paris III, avant de s'intéresser, sous la direction de Roger Dion, aux pratiques alimentaires. Il enseigne depuis 14 ans dans une des universités les plus anciennes du Japon : l'université Waseda (fondée en 1882). Le Japon a une tradition plus longue en matière alimentaire. Phénomène récent : mode de la cuisine japonaise à l'étranger depuis 10 ans environ. [...]
[...] Curry les plus fréquents au Japon : porc et bœuf. En Inde, Islam interdit le porc et hindouisme le bœuf. Donc le plus courant : poulet ou mouton. Le couscous se diffuse difficilement à cause de la semoule qui ne peut être remplacée par du riz. D'où vient cette grande adaptabilité des Japonais ? - La non-existence des étrangers en masse et en pouvoir : le double détour efface des tabous - l'adaptabilité s'organise autour du riz, qui occupe une place centrale dans la pratique alimentaire. [...]
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