La viande, du latin vivenda, ce qui sert à la vie, est « la zone commune de l'homme et de la bête, leur zone d'indiscernabilité. » d'après Gilles Deleuze dans Francis Bacon. Autrement dit, en quoi la viande rapproche-t-elle les bêtes des hommes au point de ne plus pouvoir les différencier ? Pour y répondre, nous nous appuierons sur Les Fables de La Fontaine, Le Traité Des Animaux de Condillac et La Métamorphose de Kafka. Dans une première partie, nous verrons que le comportement de l'homme et de l'animal est le même devant un morceau de viande. Puis, dans une seconde partie, nous considérerons la viande en tant que chair, appartenant au corps. Enfin, dans une dernière partie, nous verrons en quoi cette zone commune est un élément essentiel des ressemblances entre l'homme et l'animal.
[...] Il étudie les processus, communs à tous les animaux y compris l'homme, selon lesquels s'élabore le système des habitudes et des connaissances mobilisées dans l'action et récuse la définition du mot sentir de Buffon. En effet, celui ci en donne deux et refuse la deuxième aux bêtes. Il pense que les animaux ont uniquement des sensations corporelles et non spirituelles. Je vois qu'il distingue des sensations corporelles et des sensations spirituelles ; qu'il accorde les unes et les autres à l'homme, et qu'il borne les bêtes aux premières. [...]
[...] On voit donc que la viande, en tant que nourriture est la zone commune de l'homme et de la bête. En outre la récurrence des préoccupations alimentaires souligne l'assujettissement des hommes et des animaux aux mêmes lois de la nature. Ainsi, la question banale du pâtre dans la dernière fable du livre X : . sur quelle assurance fondez-vous, dites-moi, le souper d'aujourd'hui ? prend une coloration moins innocente si on la rapproche de la mise en garde de la souris adressée au souriceau : Quant au chat, c'est sur nous qu'il fonde sa cuisine. [...]
[...] Enfin, nous allons nous intéresser à l'importance de cette zone commune dans le système des ressemblances entre l'homme et l'animal. Toutes nos œuvres mettent en évidence l'étroite proximité entre bêtes et hommes. C'est ce sur quoi repose un genre comme la fable, et La Fontaine souligne régulièrement la ressemblance. En effet, Descartes pense que leurs mouvements sont mécaniques. Il y a donc autre chose dans les bêtes que du mouvement. Ce ne sont que de purs automates, elles sentent lit-on dans Le traité des animaux (p.116), et Concluons que si les bêtes sentent, elles sentent comme nous (p.120). [...]
[...] La souffrance, qui alterne avec des moments de relatif bien-être, témoigne de sa sensibilité, et la dégradation progressive puis rapide de son état marque l'évolution du processus vital. On peut également observer que Gregor est soumis au cycle naissance croissance dégénérescence - mort. En effet, sa naissance est symbolisée par sa métamorphose soudaine, puis sa croissance est représentée par la découverte de ses facultés : Tâtonnant encore lentement avec ses antennes, qu'il commençait seulement à apprécier (p.47) Gregor préféra se mettre en mouvement et, toujours rampant, parcourir sa chambre en tous sens. [...]
[...] un vrai charnier, dont l'odeur se porta D'abord au nez des gens . On peut donc dire que La Fontaine, Kafka et Condillac sans vraiment le démontrer utilise le fait que le corps humain soit constitué comme le corps animal, de la même chair. Ainsi, quelle que soit la définition du mot viande que l'on prend, cela reste la zone commune entre l'homme et l'animal. Mais cette zone commune n'est-elle pas à l'origine de toutes les ressemblances entre l'homme et les bêtes ? [...]
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