Sus à l'obésité infantile ! On savait que les gros contribuables n'avaient pas bonne presse en France et qu'ils étaient soumis à une cure fiscale d'amaigrissement. Ce que l'on savait moins, c'est que certains hommes politiques n'aiment pas les « gros » tout court...
La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a présenté le 4 février de nouvelles mesures pour 2008 relatives à la nutrition et à l'obésité, ainsi qu'une évaluation des messages accompagnant les publicités de l'industrie agroalimentaire. La presse s'en est largement fait l'écho avec gourmandise : suppression « volontaire » par les professionnels concernés de la publicité pour certains aliments pendant les programmes télévisés destinés aux enfants ; retrait « volontaire » des confiseries et des sucreries aux caisses des supermarchés ; installation d'un « Observatoire de la qualité alimentaire » qui aura notamment pour rôle de surveiller les « engagements nutritionnels des acteurs économiques ». Si les professionnels ne font pas droit à ces demandes pressantes et qu'ils manquent d'un « sens des responsabilités », l'Etat légiférera (Voir Le Figaro, 5 févr. 2008 ; Le Monde, 6 févr. 2008). La ministre a expliqué que les autorités sanitaires devaient « poursuivre leurs efforts sur tous les champs par une politique nutritionnelle de plus en plus volontariste ».
[...] Claude Saunier a prôné en 2004 l'érection d'une Agence nationale de prévention et de lutte contre l'obésité, ainsi que la création de diverses taxes. Jean-Marie Le Guen, après avoir qualifié l'obésité de maladie dont la diffusion épidémique (sic) menace gravement l'état sanitaire de la Nation a plaidé en faveur de la mise en place d'un Observatoire de l'épidémie (sic) d'obésité de l'accès à au moins une fontaine d'eau potable et gratuite dans chaque établissement scolaire, et de la possibilité d'une interdiction publicitaire à la télévision en cas de composition alimentaire incompatible avec le respect des règles nutritionnelles fixées par décret Beaucoup plus récemment, Alain Suguenot a proposé d'inscrire dans le code de la santé publique la phrase selon laquelle la lutte contre l'obésité est une priorité de la santé publique de prohiber la publicité télévisée durant les programmes pour enfants des produits dont la composition alimentaire est incompatible avec les profils nutritionnels fixés par décret après avis de l'Agence française de sécurité sanitaire d'interdire la présentation en tête de gondoles ou au niveau des caisses dans les grandes surfaces des produits dont la composition alimentaire est incompatible avec les profils nutritionnels ainsi fixés. [...]
[...] En fait d'amaigrissement, celui de l'Etat et de sa législation serait plus judicieux que celui des individus. Bibliographie De la démocratie en Amérique II Paris, GF-Flammarion IV, VI, Quelle espèce de despotisme les nations démocratiques ont à craindre La tyrannie collectiviste Paris, Les Belles Lettres Documents de travail du Sénat, série Législation comparée 147, La lutte contre l'obésité infantile juin 2005 ; Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé, Rapport sur la prévention et la prise en charge de l'obésité par G. [...]
[...] nourrissons des inquiétudes. Il serait facile de brocarder la législation en soulignant ses effets pervers. Le dossier de presse de Roselyne Bachelot du 4 février 2008 fait ainsi état d'une confusion entre le message sanitaire (les fameux pour votre santé, évitez de grignoter entre les repas, pratiquez une activité physique régulière, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé ou mangez au moins cinq fruits et légumes par jour et le produit promu. Mais là n'est pas l'essentiel. Foin d'utilitarisme ! [...]
[...] La loi 2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique a imposé que les messages publicitaires télévisés ou radiodiffusés en faveur des boissons avec ajouts de sucres, de sels ou d'édulcorants de synthèse et de produits alimentaires manufacturés contiennent une information à caractère sanitaire. Elle a également interdit les distributeurs automatiques de boissons et de produits alimentaires payants et accessibles aux élèves dans les établissements scolaires à compter du 1er septembre 2005. Ces nouvelles mesures s'inscrivent également dans la continuité de plusieurs propositions déposées par des parlementaires. [...]
[...] Les moyens frappent également par leurs similitudes : création d'un ou de plusieurs organismes ; interdiction ou encadrement de la publicité ; limitation de la liberté des industriels et des commerçants, d'abord éventuellement par une concertation, ensuite et à défaut par la contrainte ; fiscalité incitative ou au contraire dissuasive ; changement des habitudes alimentaires des Français qui doivent mieux manger et faire plus d'exercice. Le volontarisme est de mise, car la lutte contre l'obésité s'affiche comme une priorité de la politique de santé. Comment se récrier devant cette accumulation de bons sentiments ? Comment oser contester des objectifs aussi louables de santé publique ? [...]
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