Musique, décadence, Nietzsche, rapport au temps, esthétique, philosophie nietzschéenne, pensée philosophique
En ce qui concerne le problème de l'esthétique, le rapport original établi entre art et santé dans la philosophie nietzschéenne gagne en consistance lors de la troisième et dernière étape majeure de la pensée du philosophe qui adopte « la figure conceptuelle » du « philosophe médecin ». De la naissance de la tragédie à ses derniers ouvrages, la pensée de Nietzsche évolue : elle passe d'une conception métaphysique de la musique, où il lui confère un sens extra-musical, à un certain formalisme, où le contenu de l'œuvre réside avant tout dans sa forme, pour enfin interpréter celle-ci comme symptôme de l'état du corps. Le prochain travail appuiera son analyse non sur une réflexion chronologique, retraçant les trois différentes conceptions nietzschéennes de la musique, mais sur la notion de décadence en musique et plus particulièrement au travers des œuvres de la maturité qui laisseront apparaitre, notamment par cette notion et son interprétation, l'évolution de la pensée de Nietzsche, et davantage encore la rupture d'avec ses œuvres de jeunesse.
[...] L'activité de la négation présuppose le nihilisme, tout comme la santé présuppose la maladie. L'exemple de Nietzsche, consistant non pas à la destruction comme c'est le cas pour Wagner, mais d'autodestruction comme celui qui veut son déclin, qui est ensuite dépassé par l'éternel retour, l'aboutissement complet du nihilisme et la mise en pratique d'une activité dans la négation. Lorsque cette activité n'a pas lieu, ou plutôt quand la réaction reste le seul moyen d'agir, la décadence est liée à l'échec de la création : la négation de la vie dans la musique ne peut être créatrice du déploiement du flux musical. [...]
[...] Tragique, dyonysisme et style classique ( au sens philosophique) ne se contredisent pas, bien au contraire, l'on pourrait les considérer comme étant synonymes; en opposition au Drame, à la fausse ivresse et au Romantisme. Le grand style (classique) est opposé au romantisme, art de l'énorme, de l'amplification, du spectacle. Le style classique et le romantisme ont davantage un sens philosophique qu'historique , Nietzsche ne souhaite pas un retour à la musique du 18ème, mais plutôt préfère le style classique comme exemple du style affirmateur même s'il vaut mieux ne pas aimer Bizet que de ne pas haïr Wagner; Bizet, en tant que l'un des exemples cités par Nietzsche est à l'opposé du romantisme et plus proche du style classique; il y'a néanmoins des traces d'inspiration Wagnérienne dans cette musique méditerranéenne. [...]
[...] Ce refus de l'improvisation, de la nouveauté, et les annotations précises sur ses partitions amèneraient à la réduction du sensible c'est-à-dire, du musical à proprement parler, à la pensée, et donc à l'intelligible, à l'impossibilité de la libre interprétation. Pour Nietzsche, le temps musical n'existe pas, une partition est par conséquent quelque chose d'abstrait, alors que l'interprétation est concrète, sensible. Mais les partitions de Wagner sont si précisément annotées que certaines en devienne inexécutable: E. Dufour cite l'exemple de de l'opéra de Tristan et Isolde ou aucune des interprètes pour le rôle d'Isolde ne parvient à chanter toutes les notes. [...]
[...] Cependant ce mouvement lui-même peut être divisé en deux moments bien distincts. En ce qui concerne les arts musicaux, la réactivité ou la maladie comme moyen d'échapper à l'horreur du vide, contre laquelle la religion se présente en remède, s'assimile davantage au premier moment du mouvement: cette étape charnière de la fin du XVIIème au début XIXème, en plein désenchantement, en pleine désespérance, que représente la nostalgie de la foi désormais perdue face à la démolition des fondements de la croyance apportée par les Lumières pour qui croire n'est avant tout qu'une humiliation de la raison. [...]
[...] Le théâtre et la musique devenus la fumerie de haschich et le mâchage de bétel des Européens! Ah! qui donc nous racontera l'histoire entière des narcotiques? - C'est presque l'histoire de la culture de ce que l'on appelle la culture supérieure! Le romantisme est, par conséquent, le premier symptôme du travail de deuil, celui-ci consistant d'abord à surmonter le remord de la mort de dieu en considérant le réel avec dégout, pour davantage se tourner du coté du rêve et de l'irrationnel en utilisant la musique comme moyen cathartique. [...]
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