Le sujet induit l'existence de frontières. Le "je" qui s'interroge est un "je" disposant d'une identité nationale précise, un "je" qui appartient à un pays. La part de cette identité nationale du "je" est mise en balancement avec ce qui constitue fondamentalement ce "je", c'est-à-dire le fait d'appartenir également à un genre, le genre humain. S'il est humainement insoutenable de souhaiter la guerre (car elle touche d'autres humains comme "moi"), du point de vue de l'identité nationale cela est bien moins évident.
Derrière ce sujet, il y a donc une réflexion à mener sur la primauté que nous accordons à notre appartenance, appartenons-nous d'abord à une nation ou bien à un genre ? Il faut également s'interroger sur le statut de la violence et sur sa capacité à être féconde.
A quelles conditions la violence est-elle tolérable ?
[...] Et ne peut-on pas craindre de voir ressurgir les violences du passé ? Préférer que la guerre soit ailleurs parce qu'on sait qu'elle ne peut pas n'être plus n'est-il pas légitime ? La violence, à court terme, ne peut-elle pas être la meilleure alliée de la paix ? Qu'on puisse déjà se poser la question est une avancée. La non-violence ne peut-elle s'avérer tout aussi néfaste que la violence et peut-on tout régler pacifiquement ? Qu'en serait-il si aujourd'hui encore le spectre de l'Etat fou se dressait sous nos yeux? [...]
[...] Autrement dit, l'homme social doit se faire violence et embrasser tous les impératifs édictés par la société à laquelle il souhaite appartenir. Si bien évidemment cette violence initiale est condition d'accès à une liberté positive, elle n'en demeure pas moins violence ! Sa nécessité vient de ce qu'elle permet de contenir les violences particulières et c'est de sa nécessité que celui-ci l'exerce tire sa légitimité. On peut ainsi comprendre que la violence puisse être féconde. On peut même pousser jusqu'à dire qu'elle est condition de possibilité de la paix. [...]
[...] Foncièrement agressif ou même cruel, c'est par l'appartenance à une communauté qu'il parvient à maîtriser ses impulsions. Mais comme le déplore Freud, dès qu'il en a l'occasion, l'homme laisse ressurgir ce côté obscur de lui-même. Point n'est besoin d'exemplifier la barbarie dont il est capable Mais en deçà de cette barbarie, il y a aussi l'ignorance Ignorer la souffrance des autres, pour ne pas porter atteinte à son propre bien-être, voilà ce que fait l'homme qui ne s'émeut pas des guerres qui lui sont proches Là encore, point besoin d'exemplifier la capacité d'occultation dont l'homme est capable Mais entre être à l'origine de la violence et préférer l'ignorer totalement, il existe également un moyen terme où l'homme, pour se préserver, préfère que la violence s'exerce quitte à en être témoin De la possibilité à vouloir que la guerre se déploie ailleurs si cela permet de préserver un espace à soi pacifique, nous ne pouvons que constater la réalité et si cette réalité n'est pas largement et communément partagée, elle n'en existe pas moins. [...]
[...] Puis-je vouloir la guerre dans d'autres pays quand c'est le prix à payer pour qu'il y ait la paix chez moi ? Analyse des termes du sujet Puis-je : est-il possible Vouloir : la volonté est ce qui manifeste l'engagement conscient du sujet, elle est expression de l'intention de ce dernier, La guerre : le conflit violent entre diverses parties, elle est une instance de la violence légitime, c'est-à-dire celle réglée par les Etats au travers de leurs différents appareils de contrôle (l'armée par exemple). [...]
[...] Ce pouvoir n'existe pas vraiment au point de vue international (en dehors de l'ONU dont le pouvoir d'intervention est relativement limité). Ce qui maintient paix' c'est bien la crainte de la guerre et c'est cette possibilité de conflits qui régit en grande partie les relations entre les Etats. Or, ces relations de voisinage' ne s'élaborent-elles pas toujours à l'ombre des conflits passés ? Prenons l'exemple de l'entente Franco-allemande au sein de l'Union européenne, et interrogeons-nous un peu ne peut-on voir dans tant de con-sensualité et de conventionnalisme, une réelle tentative pour faire oublier un passé commun bien sombre ? [...]
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