En Occident, l'époque moderne est dominée dans le domaine politique par la vie et la pratique de l'Etat. Selon la plupart des historiens, ce phénomène prend sa source au Moyen-Age, temps d'une progressive invention de la modernité et des principales catégories de notre répertoire politique présent. Dans le Moyen-Age, les Lumières tirent le riche héritage d'un espace politique prétendant peu à peu à la laïcité, d'un débat précurseur opposant les tenants d'une vision holistique et les premiers partisans d'une lecture et d'une conception individualiste des rapports sociaux
[...] De plus, accepter l'idée de nature et de raison humaine revient à limiter la souveraineté de Dieu. Selon Duns Scot, l'absolue liberté de Dieu n'est compatible qu'avec une vision purement contingente des choses de ce monde. A l'idée de raison, il faut substituer la volonté divine qui élit les possibles. La volonté humaine crée seulement l'ordre temporel, mais celui-ci ne relève pas de l'idée de nature, mais d'une solidarité artificielle et contractuelle, productrice d'un droit positif mais non naturel. Marsile de Padoue systématise sur la plan politique et ecclésiastique ces principes individualistes et positivistes et associe l'idée de volonté et de pouvoir politique pour concevoir celui- ci à travers une problématique des rapports de force entre acteurs. [...]
[...] La seconde est liée à la Réforme. Elle proclame qu'il n'est de justice ou d'ordre légitime que dans la Révélation divine. La raison ne peut accéder à la connaissance du juste. La notion d'individu opposée à celle de communauté naturelle est donc parachevée. L'ordre politique a désormais une double nature: il est un mal nécessaire, voulu par Dieu et imputable au péché originel et il s'inscrit dans le message messianique du croyant de reconstruire sur terre la cité de Dieu. [...]
[...] Manegold de Lautenbach présente ainsi l'autorité publique à la fois comme une mission divine et un office humain. Les fondements populaires du pouvoir politique sont ainsi posés: le peuple élève le roi au-dessus de lui pou être protégé. La réflexion sur un pouvoir humain et autonome engage déjà l'idée du caractère naturel de la cité et donc reprend une tradition léguée par la philosophie grecque. Dès le XIIè siècle, l'idée fait son chemin chez les canonistes (Gratien, Rufin, Simon de Bisignano) que la politique est l'expression d'un ordre naturel, dont le caractère rationnel peut prétendre à la conformité au juste et prétendre à une autonomie d'action et de légitimité. [...]
[...] Lorsqu'ils se mêlent de politique, les papes le font pour rappeler à l'ordre un prince qui a péché et non point pour des raisons de nature politique. Quand aux prétentions de l'empereur, elles n'ont jamais suffi à enrayer les initiatives de l'Eglise pour protéger l'extériorité du domaine spirituel. Selon la formule du pape Gelase Ier, l'Eglise dispose de l'auctoritas, et le prince de la potestas. Dix siècles plus tard, Saint Bernard donne à l'Eglise le glaive spirituel, et à la cité humaine, le glaive temporel. Cette dualité fondatrice de l'ordre politique n'est pas la seule à ressortir de la période médiévale. [...]
[...] Il admet cependant que seules les lois positives relèvent de l'autorité du monarque et que les lois divines et naturelles lui échappent, illustration de l'ambiguïté de la notion d'absolutisme et de la survivance d'éléments modérateurs issus de la théorie médiévale. La théorie politique du Moyen Age confère à l'homme libre le droit d'être représenté au sein des assemblées royales dont le consentement s'impose comme un élément constitutif de l'autorité politique: réunion des Cortes de Castille et du Leon, des Etats généraux . Ce mouvement d'idées traverse toute la période absolutiste pour servir de source à la théorie du gouvernement représentatif moderne. Le XVIè siècle marque donc une double rupture. [...]
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