Livre VII de la République, Platon, l'allégorie de la caverne, le réel et son double, philosophie politique
Ce titre appelle une remarque : nous ne pouvons comprendre son sens dès le début puisqu'il va s'agir tout au long de cette séquence d'apprendre à sortir des évidences, à changer de regard avant de pouvoir comprendre. C'est bien le trajet d'une évasion que l'on va essayer de comprendre, une évasion totale, difficile, rare, quasiment impossible, mais réussie et qui pourtant va être exposée à mal se terminer puisque cette évasion va se terminer par un retour qui exposera le prisonnier libéré à toutes les moqueries, à l'incompréhension, voire au danger la mort.
Nous allons méditer une des plus célèbres images de Platon, et peut-être de la philosophie. Pour la comprendre, il nous faut penser qu'elle va nous donner une certaine image de la philosophie, de son rôle, et de l'éducation qui est nécessaire pour l'envisager. Mais pas seulement. Et c'est ce qui en fait l'intérêt.
[...] Il y a quelque chose de pire que d'avoir une âme perverse. C'est d'avoir une âme habituée. L'habitude ressert donc les mailles du corps. Les chaînes sont les symboles de cette enfance de l'esprit et de cette tendance à la passivité, à l'état pathologique d'illusion. On peut ici faire intervenir la notion de déterminisme ici par le biais de l'imitation. Les prisonniers sont déterminés à adhérer aux ombres. La communauté des prisonniers est le résultat de ce conditionnement social par lequel les idoles de la tribu, si l'on reprend un concept de Francis Bacon, jouent le rôle d'une détermination de conduite sur les individus au nom d'une représentation sociale. [...]
[...] Ce que veut nous suggérer Platon, c'est que l'homme est un mélange de corps et d'âme. C'est une union des contraires, tant les exigences du corps perturbent les exigences de l'esprit. L'homme est ainsi le lieu d'un tiraillement entre le haut et le bas ; par son corps, il est immanent au monde et s'affaire pour répondre à ses besoins. En aucun cas, on ne saurait s'y soustraire ; et ce serait se méprendre sur la vie même que d'oublier son corps. [...]
[...] L'image indiquerait alors sa référence, ce à quoi elle ressemble. Celle-ci serait la bonne image, celle qui ne se fait pas passer pour le modèle, qui lui reste fidèle. C'est la dimension d'icône de l'image. Ex : les icônes religieuses pour se donner l'image d'un saint. Ou encore le cercle dessiné par le géomètre : dessiné à partir de sa définition, la figure image du cercle permet d'en penser les propriétés. Celle-ci pourrait ainsi être un tremplin pour le savoir ; elle peut aussi se donner comme le réel ; elle se donnerait à voir pour elle-même. [...]
[...] Cela va déclencher la colère et la mélancolie de Déméter à tel point que la nature va s'en trouver perturber. De là l'intervention de Zeus. Perséphone sera partagée entre Hadès et Déméter, ce qui expliquera le cycle des saisons. Le mythe n'est pas irrationnel ; c'est une forme de pensée de laquelle s'est distancé la philosophie. Cette dernière privilégie une explication objective de la nature. Ainsi en parle J-P Vernant dans Mythe et pensée chez les Grecs, p.11 : Dans le cas de la Grèce, l'évolution intellectuelle qui va d'Hésiode à Aristote nous a paru suivre, pour l'essentiel une double voie : en premier lieu une distinction nette s'établit entre le monde de la nature, le monde humain, le monde des puissances sacrées, toujours plus ou moins mêlés ou rapprochés par l'imagination mythique, qui tantôt confond ces divers domaines, tantôt opère par glissement d'un plan à un autre, tantôt établit entre tous les secteurs du réel un jeu de correspondances systématiques. [...]
[...] Cet arrachement va se continuer dans la forme d'une contrainte qui s'exercera sur le prisonnier et qui le forcera à poursuivre le chemin. L'initiation suppose de se mettre en quête. Cette idée, on la retrouve dans l'idée d'un voyage initiatique : c'est à la fois une épreuve, une transformation, une recherche. Il s'agit dans tous les cas de dépasser son état initial, de ne pas retomber en cours de route. A cet égard, Ulysse est aussi dans un voyage initiatique en quête de son humanité. Il va voyager dans l'inhumain, jusqu'à la tentation de l'immortalité pour comprendre qu'il faut revenir à Ithaque. [...]
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