La critique du totalitarisme a été élaborée à l'époque contemporaine essentiellement pour rendre compte de certains systèmes politiques qui apparaissent comme différents 'par essence' de tous les autres. Elle s'est attachée au pluralisme et à la défense des libertés individuelles pour tenter de saisir la nouveauté du totalitarisme
[...] Ce refus radical conduit à la redécouverte des vertus du pluralisme, du libéralisme et de l'Etat de droit, dont on attend la préservation des libertés. Le droit apparaît aux yeux de beaucoup d'intellectuels auparavant soucieux de mettre en application uniquement les principes rationalistes et éthiques, comme la meilleure garantie contre les risques de dérapages idéologiques. A la place d'une égalité conçue abstraitement à partir de critères universalistes, c'est la liberté protectrice du pluralisme qui devient le principe fondamental d'organisation de la société. [...]
[...] Pour lui, le communautarisme et l'absence de barrières juridiques et morales expliquent la formation d'individus passifs. Les travaux récents sur le nazisme montrent son ancrage au sein de structures collectives. Le totalitarisme hitlérien trouve ses plus fervents partisans dans les régions rurales aux structures communautaires et les grandes villes lui restent globalement hostiles, à l'opposé de ce qu'ont pu montrer les films de Fritz Lang. Cette découverte sociologique récente montre que le totalitarisme est moins une conséquence de l'individualisme des Lumières que le produit du maintien de structures collectives de type organique et communautaire. [...]
[...] Paradoxalement, le totalitarisme parvient à triompher de l'Etat mais il n'arrive pas à imposer sa prééminence sur la société, où s'affronte une multitude de groupes rivaux, détenteurs d'un puissant pouvoir propre, groupes professionnels notamment. [...]
[...] Cette position est à nuancer, car le nazisme et le communisme soviétique s'appuient l'un et l'autre sur des structures organiques et collectives, que l'individualisme n'a nullement fait disparaître. Le nazisme veut revenir sur la différenciation étatique : les partis politiques sont interdis au profit d'un parti unique, les élections n'ont plus qu'un caractère instrumental, la société est unifiée au travers d'organisations de jeunesse, le contrôle de l'éducation, la reconstruction sur une base particulariste de groupes primaires, comme le noyau familial. Le pouvoir totalitaire prétend remplacer l'Etat. L'ambition totalitaire se distingue donc de la volonté fasciste de construire un Etat fort. [...]
[...] Elle s'est attachée au pluralisme et à la défense des libertés individuelles pour tenter de saisir la nouveauté du totalitarisme. Des auteurs comme Jacob Talmon ont cherché la lointaine origine de l'idéologie dans le jacobinisme, qui reposait sur une dictature violente, instrument d'une vérité unique et messianique. Le siècle des Lumières enfanterait inéluctablement la terreur totalitaire, car il reposait sur une vision utilitaire de la société fondée sur la raison. Pour Karl Popper, la " métaphysique historiciste " a inéluctablement pour conséquence des formes de pensée totalitaire qui se présentent comme des visions du monde closes et dénuées de tout pluralisme. [...]
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