Quatre prémisses fondent l'élaboration de la cité d'Aristote: l'homme est animal politique, la cité est une communauté, toute communauté vise un bien et la communauté politique est supérieure entre toutes les autres communautés. De ces quatre fondements, on pourra déconstruire la réflexion d'Aristote en arguments, mais aussi on abordera la nature de la cité, les conditions à la cité, ses contrefaçons et finalement l'analogie entre ces observations politiques et la mécanique de l'amitié dans Éthique de Nicomaque
[...] Ces considérations sur l'autarcie se veulent soutient à l'indépendance totale de la cité à l'égard de l'extérieur en ce qui concerne sa subsistance. Le bien suprême qu'est le bonheur suppose aussi l'instauration d'institutions dans la cité. Le bonheur chez Aristote est l'exercice de la vertu. Or, bien que disposé à la vertu, les hommes ne peuvent l'acquérir que par l'habitude. Ici intervient la place de la législation dans la cité aristotélicienne. Le législateur se doit de faire des lois qui non seulement rendent justice mais surtout qui favorisent l'exercice de la vertu. [...]
[...] Des considérations de même nature sont faites par Aristote dans Éthique de Nicomaque à propos de l'amitié. La mécanique amicale est par analogie la même que celle de la cité vis à vis de ses contrefaçons. Aristote y dégage d'abord la distinction entre la bienveillance (sentiment général et impersonnel) et l'amitié où interviennent les principes inhérents à toutes amitiés: intimité, réciprocité et égalité. Des trois amitiés qu'Aristote distingue -c'est précisément cette division des amitiés aristotéliciennes qui permet l'analogie avec la cité- il y a l'amitié de plaisir, l'amitié d'intérêt et l'amitié de vertu. [...]
[...] Cette vie de loisirs, privilège de l'homme libre qui a la possibilité d'agir vertueusement, est active et devient le lieu de la manifestation de la vertu soit au sein de la vie politique ou contemplative. Or donc, ce qui distingue la cité de toutes autres organisations politiques c'est l'autarcie et la législation permettant la vie heureuse par l'exercice de la vertu. Les succédanés de cités ou ses contrefaçons s'attachent habituellement à des prémisses secondaires et partielles de la cité au sens véritable. Ainsi, les traités commerciaux et les alliances militaires qui sont néanmoins inhérents à la cité véritable ne contribuent nullement à orienter les états vers la fin suprême. [...]
[...] Le politique est un vivre ensemble indispensable à l'homme qui n'est ni bête ni surhumain, car vivre hors du social n'est pas un attribut de l'homme normal, de l'homme de la juste mesure aristotélicienne. Les êtres ont besoin les uns des autres, c'est la prémisse qui débute le raisonnement des Politiques. Alors les premières communautés sociales sont l'homme et la femme, la famille et aussi le village. Comme toutes les communautés visent un certain bien, ces dernières donnent et permettent la vie. Ces communautés primaires sont les premières manifestations de l'homme politique dont la spécificité est le rapport social. [...]
[...] Car l'homme capable de ration délibérative (c'est ce qui le distingue des animaux) a besoin d'une organisation politique qui lui permet d'exercer la vertu pour qu'il puisse s'épanouir selon sa nature. Aristote rejette les alliances militaires et commerciales comme unique fondation à la cité parce qu'elles n'ont pas de visée éthique capable de garantir l'alliance au-delà des intérêts pragmatiques liés aux associations superficielles. Du point de vue de la législation, la primauté de la loi dans la cité véritable (garante de justice, mais surtout de l'éducation vertueuse etc.) fait place dans ces associations pragmatiques à une loi de justice dans les traités qui est complètement évincée de préoccupations éthiques. [...]
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